La fille et la pluie
Il pleut.
Les gouttes tombent du ciel et s’écrasent sur les vitres. Elles dégringolent les unes sur les autres.
Une mélodie calme, incessante.
Je pourrais rester des heures à les contempler. Mon esprit s’envole, s’évade, loin du lycée, des jugements, des gens, de la pression.
Quand je regarde la pluie, je sais, que quoi qu’il se passe, elle ne s’arrêtera pas, et les gouttes continueront de tomber vers le bas. Jamais elle ne s’adaptera à nos caprices.
Je suis comme elle.
J’ai arrêté d’essayer d’attirer l’attention, de choisir avec soin des sujets intéressants. Je me suis retirée, et depuis, j’admire la pluie. Je me suis rendue silencieuse, le bruissement de l’eau m’empêchant de somnoler tout à fait.
Je me sens vide.
Je n’ai qu’une seule envie : rester là, pour éviter les autres, autant incapables de comprendre que je suis incapable de me défendre contre leurs moqueries incessantes.
Je suis brisée. Brisée par des imbéciles. Brisée par des adolescents qui n’avaient rien de mieux à faire que de me rabaisser. Quand ce n’est pas mes cheveux roux ou mes vêtements qui subissent des moqueries, c’est même mon prénom, un peu compliqué. Je ne pourrais me reconstruire.
La pluie s’est arrêtée.
Lentement, les nuages se retirent, et j’aperçois l’étendue bleue qui se cachait derrière.
« Après la pluie, vient le beau temps, hein ? »
Je me retourne. Qui est-il ? Aucune idée. Ce n’est pas plus mal, cela veut dire qu’il ne fait pas parti de ceux qui se sont amusés à me détruire.
Alors que je le regarde sourire, sourire sincèrement et paisiblement, tout en admirant le ciel, je prends conscience d’une chose :
Ce lycéen aux cheveux bruns ébouriffés,
A retrouvé un morceau de moi.
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