Le rêveur
Depuis une heure, la flèche verte de l’issue de secours me nargue. « Dehors ! » me souffle-t-elle, insistante. J’aurais vraiment aimé suivre son conseil ! Seul problème : la professeure qui gesticule devant les lycéens n’aurait pas apprécié.
Cela fait un moment qu’elle tente de nous expliquer l’algèbre… En vain. J’ai beau me concentrer, les équations, dansent dans ma tête, incompréhensibles. A force de plisser les yeux vers le tableau, et d’avoir des migraines, j’ai fini par abandonner l’idée de comprendre.
Je me suis donc tourné vers mon voisin, dans l’espoir de parler et de passer le temps… Avant de me souvenir que personne ne s’était jamais assis à côté de moi. Franchement, je n’ai jamais compris pourquoi. Je n’ai pourtant pas une allure de sauvage, ou une odeur de poisson !
C’est comme ceci que j’ai fini par fixer cette flèche provocante et à imaginer mon évasion de ce long et ennuyant cours de maths.
Etape numéro une : se débrouiller pour que le stylo donne l’impression de fuir, pour se retrouver à en avoir plein les mains.
Etape numéro deux : demander à aller aux toilettes pour prendre de quoi réparer cette bêtise.
Etape numéro trois : une fois dans le couloir se sauver en courant et attendre tranquillement la fin des cours !
Mon plan est super ! Bon, reste juste à savoir comment récupérer mon sac qui sera resté dans la classe. C’est là à ce moment-là qu’un ami assis à côté de moi aurait été utile ! Tant pis pour cette fois, j’abandonne.
Les aiguilles tournent lentement, sans s’arrêter. J’ai l’impression qu’elles ralentissent exprès, et que ce cours semble durer bien plus longtemps que d’habitude. Au lieu de fatiguer de plus en plus, je m’aperçois au contraire, que je suis plus en forme ! Même si les maths sont toujours aussi ennuyantes.
DRIINNG !!! DRIIIINNNGGG !!!!!
La sonnerie me fait sursauter. Je commence à ranger mes affaires. C’est bizarre quand même, la sonnerie ne ressemblait pas à celle de l’intercours…
Je relève la tête et m’aperçois que tous les autres me regardent, et que la prof me fusille du regard. Je m’arrête de ranger, plonge la main dans mon sac, pour en sortir mon téléphone et vérifier qu’il est bien éteint… Lorsque je comprends…
Soulagé, j’ouvre les yeux, et sourit en voyant se dessiner les murs de ma chambre, ainsi que le réveil, qui sonne toujours…
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