Amis d'enfance

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Il s'appelle Claude Roland de la Baume. C'est mon meilleur ami. Enfin, pour être exact, c'était mon meilleur ami.

Et oui, l'amitié ne résiste pas toujours aux aléas de la vie. Il arrive un moment où nous devons faire des choix douloureux, et les personnes les plus proches en font parfois les frais. La trahison nous laisse de profondes cicatrices dans notre âme car, bien plus que le sujet nous ayant séparés, c'est tout notre passé qui s'écroule.

Avec Claude, nous avons fait les quatre cent coups. J'ai plein de souvenirs glorieux : matchs de foot se terminant lorsque le ballon traversait une fenêtre fermée, boum avec les copains et surtout les copines, petits trafics en tout genre, tricherie lors des examens scolaires... C'était le bon temps.

Mais les chenapans finissent par grandir. A l'issue de mes études, je suis devenu ingénieur dans l'entreprise de monsieur De la Baume père. J'ai eu la chance de lui plaire, et bientôt je fis partie du cercle restreint de ses proches collaborateurs.

Claude, lui, gravitait dans l'ombre de son géniteur. Sous prétexte d'être commercial, il passait plus de temps dans les cocktails chics que dans son bureau.

Lui qui était né avec une cuillère en argent dans la bouche, finit par prendre ses distances avec moi, le petit plébéien besogneux. Il fit un mariage d'amour avec une femme splendide, future riche héritière ce qui ne gâte rien.

Me croiser dans l'entreprise familiale finit par l'irriter.

Nos souvenirs d'enfance, je les voyais comme une grande aventure, une bouffée de liberté. J'étais fasciné par la prestance naturelle de mon camarade, son nom à particule et la résidence luxueuse de son père. Moi, je vivais dans une cité ouvrière, construite à l'ombre de ses usines polluantes, dont les fumées nous cachaient le soleil. Je pouvais constater le chemin que j'avais accompli. J'étais fier de ma réussite professionnelle que je ne devais à personne.

De son coté, il papillonnait dans un monde artificiel, sans y jouer un grand rôle. Sa médiocrité, il pouvait la mesurer à l'aune de ma réussite. Il serait patron un jour, mais ce serait moi qui ferait tourner la boite.

Cette idée lui devint odieuse, au point qu'il chercha, par tous les moyens, à me faire renvoyer. Heureusement, le patron c'était encore son père, et celui-ci me soutenait.

Pourtant il finit par obtenir gain de cause. Fin lamentable de ce qui avait été une si belle amitié.

Il faut dire qu'il m'avait surpris au lit avec sa femme...

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