Gêolier

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La fin du monde, l'Apocalypse, l'Armageddon, très humain comme concept... Très, très humain même ! Et qu'importe la manière que vous utilisez pour voir cette fin, elle est toujours simple, " la Terre est détruite ", parfois même l'univers. Mais comme toujours, les Humains oublient des choses capitales. Mais jamais, vous n'avez voulu voir le dernier chapitre comme étant la véritable fin. Je plaide coupable. J'ai voulu vous préserver de cette fin, à force d'arracher la dernière page, j'ai réduit l'intrigue de moitié, votre livre est devenu une comptine, par ma faute. Comme un parent trop protecteur, j'ai cherché à vous épargner les souffrances de l'univers, mais ne vous y ai pas préparer. La Fin, celle qui vous guète depuis maintenant bien longtemps ne vient pas de la Terre. Mais d'en-dehors de l'Univers, elle vient d'une de ces petites bulles accrochées à la vôtre.
La Fin, vous viendra du Début. Alors que vous commenciez à peine à vous balader parmi les étoiles, alors que compreniez enfin comment vous servir de l'expansion de l'Univers pour voyager, que vous aviez compris comment percer l'espace. Votre caractère belliqueux et conquérant vous mettra à nouveau en danger. Planètes après planètes, vous avez mené la guerre sur des mondes qui ne l'avait jamais connu, des peuples pacifiques, des peuples marchands, n'ayant jamais tenu une arme, se trouvaient à genoux devant les vôtres. Comme un adolescent pourris gâté, vous avez testé vos jouets sur des enfants moins bagarreurs que vous. Évidemment, vous avez subi des défaites, et continueriez d'en subir. Mais dans votre hubris, vous n'avez pas su lire les signes. Même vos esprits les plus sages ont succombé à l'envi de conquête. L'Humanité allait devenir le plus grand ennemi de l'Univers. Et c'est ce qui causera éventuellement sa fin.
Les différents peuples commençaient à s'allier, des coalitions se montaient, et petit à petit, les Humains furent repoussés. Les Septuors que vous aviez soumis furent libérés par les Batriaks, les Centauriens prirent les armes aux cotes de leurs ennemis de toujours les Praetoriens, l'Univers se soulevait. Défaites après défaites, vous vous faisiez repousser jusque dans votre vieille Voie Lactée. Mais la Guerre Humaine n'était pas terminée.
La plus grande et ancienne force de l'univers se préparait à entrer en Guerre. Prima, le premier objet de l'Univers, habité par le peuple des Premiers. Une planète ayant vu le jour avant la logique, la physique, avant le Temps et l'Espace. Ils avaient jusqu'à présent jouer le rôle des gardiens, et sous mon influence, ils avaient fermé les yeux sur vos exactions. Mais vous aviez été trop loin. Les Premiers prenaient les armes. Je ne le permettrais pas. Je ne permettrais pas aux miens de causer un génocide.
Faisant marche sur Prima, je me préparais au Dernier Jour. Le ciel de Prima était toujours aussi beau. Le mauvais temps était rare ici, et aujourd'hui encore, il faisait un temps magnifique. Mes chers Arbres Inversés poussaient la tête en bas, et les Corbeaux Centauriens étaient là aussi, je me souviens du jour où j'ai ramené ici un couple de ces animaux. Prima, le Premier monde, cet endroit est un peu la phase de test de l'existence. Le Temps n'y a pas d'emprise, nos corps sont figés dans une boucle temporelle. Et c'est cette boucle qui causera la défaite de mon peuple. Je suis Le Professeur, je vous apprendrais la sagesse, mais il vous faut du Temps. Une longue respiration, cela faisait combien de temps que je n'en avais pas pris une ? Autour des miens, le Temps cessait d'exister. La Boite Pandore, quelle belle idée, je vous l'emprunte Humains. Cette planète sera votre Boite de Pandore. Elle, vous offrira trois milliards cinq-cents millions d'années, ne les gaspillaient pas. Enfournée au fin fond d'une boite, elle-même hors du continuum espace-temps, figé hors du Temps, Les Premiers, vous laisseraient le temps de vous réveiller. Et moi, je serais là, Le Professeur, je continuerais à voyager à vos côtés, à vous instruire. Le Professeur, chez les miens, ce mot signifiera bientôt une chose toute autre. Chez les miens, Le Professeur voudra bientôt dire, Le Geôlier.

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