Chapitre 1

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Sept heures, l'heure des braves, le réveil claironne : le moment est arrivé de sortir de sa léthargie. Arthur saute de son lit et se précipite à la salle de bain. Après une bonne douche, le jeune trentenaire est prêt pour une journée qui s'annonce sous les meilleurs auspices. Le temps d'avaler deux biscottes, c'est avec entrain qu'il empoigne le volant du vieux Pick Up qu'il a hérité de son oncle, direction le Mirror.

En y repensant, Arthur savoure l'opportunité qui lui est offert. En effet, ce n'est pas n'importe quel journal qui mettrait en place une politique promulguant à ce point leur chance aux débutants. Au lieu d'attribuer les investigations les plus pointues aux reporters en fonction de leur expérience et de leur notoriété, le Mirror a mis en place un turn-over, une parfaite égalité des chances. Chaque semaine, lors de la réunion éditoriale, c'est un employé différent qui choisit le reportage qu'il souhaite mener. En ce lundi, c'est au tour d'Arthur, pourtant recruté depuis un mois à peine.

En arrivant dans les bureaux, Arthur a la joie de croiser la belle Angelina. Malgré ses efforts pour le dissimuler, le jeune homme a toutes les peines du monde à cacher son attrait pour sa collègue. Il doit bien reconnaître qu'il n'est pas insensible à son charme. Son visage est éclatant, son sourire lumineux, ses cheveux flamboyants de blondeur. Un bel ovale du visage participe de sa beauté, avec des traits bien dessinés, affirmés et harmonieux. Son corps est pourvu de formes généreuses et sa taille avantageusement marquée. Dès son premier jour, Arthur a eu bien du mal à soutenir le regard de ses yeux émeraudes sans devenir écarlate. Heureusement, Angelina a eu la délicatesse de faire semblant de ne pas s'en apercevoir. Arthur est brusquement sorti de ses pensées.


- On presse le pas, Sarmiento nous attend pour la réunion !

- Bien sûr Jimmy, j'arrive.

Arthur suit le directeur adjoint dans la salle de réunion, c'est le dernier arrivé. Il prend place autour d'une table rectangulaire. Huit personnes sont présentes : les six journalistes du journal, le directeur éditorial Richard Sarmiento et son bras droit, Jimmy. Le supérieur se lève pour prendre la parole, mais une effroyable quinte de toux l'en empêche. Finalement, ses poumons le laissent en paix.

- Nous voilà enfin au complet, dit-il en regardant Arthur. Je vais donc vous proposer les six potentiels reportages qui ont retenu mon attention...

Il sort un cigare mais ne l'allume pas encore.

- En premier lieu il me faut quelqu'un pour aller à la rencontre de Potani. Le grand chef de la tribune des Bororos nous vient tout droit d'Amérique du sud pour sensibiliser les gens contre la déforestation. Il ne restera que quelques jours dans notre belle ville de New-York et c'est une occasion en or d'avoir une interview exclusive...
Le patron se tourne vers Arthur :

- C'est à vous, Leroy, que revient le choix de la semaine, n'hésitez pas à m'arrêter quand vous êtes intéressé.

Arthur opine du chef en signe de confirmation.

- Il y a également une enquête à mener sur les conditions d'hygiène de la marque Gantoni, leurs pizzas ont déclenché des troubles alimentaires chez les consommateurs, le scandale promet d'être colossal.

Sarmiento s'interrompt pour allumer son cigare, c'est son péché mignon, sa toux chronique lui importe peu.

- Sinon nous avons la disparition du professeur Alemana. Un neurochirurgien très contesté, il n'a pas donné de signes de vie depuis plusieurs semaines et personne ne sait où il se trouve. Toujours pas tenté Leroy ?

- J'attends de connaître les autres reportages avant de choisir...

- Très bon réflexe. Les autres sont simples : aller à la foire des inventeurs qui aura lieu dans la semaine, enquêter sur un incendie qui aurait pu être meurtrier à l'hôpital de Princeton dans le New-Jersey, et la disparition des hippopotames d'Amérique du Sud.

- Des hippopotames en Amérique du Sud ? s'étonne Angelina, ce n'est pas une espèce endémique de l'Afrique ?

- Ça l'a été ! Mais le tristement célèbre Pablo Escobar avait fait un zoo pour son fils dans son ranch en Colombie. Il en a profité pour importer des hippopotames, leurs excréments pouvant tromper les chiens renifleurs quand ils inspectent des cargaisons de cocaïne. À la mort d'Escobar, tous les animaux ont été récupérés par des zoos, sauf les hippopotames. C'était trop onéreux de les déplacer, ils ont donc vécu en liberté en Colombie et sont passés de quatre individus à quatre-vingt ! Le souci, c'est que depuis quelques temps, ils sont introuvables ! Volatilisés !

Richard prend une taffe de cigare puis se tourne vers Arthur.   

- Je mettrais ma main à couper que vous allez choisir les hippos !

Arthur a un flash alors qu’instantanément un vertige s'empare de lui. Il se souvient quand il était enfant. Son oncle, son seul parent, celui qui l'a élevé, l'avait amené au zoo. Un drame s'était produit, alors qu'il surplombait l'enclos des éléphants, un filet de sécurité avait cédé. Il s'était retrouvé dans l'enclos, pris en chasse par un de ses hôtes qui ne tolérait pas l'intrus. Il avait fallu abattre l'animal pour lui sauver la vie. Depuis, il avait une peur panique de tous les pachydermes, une véritable phobie dont il n'avait jamais su passer outre.     

- Je vais prendre l’incendie ! dit-il sans réfléchir pour ne pas avoir à s'étendre sur son début de malaise. 

- Ah bon ? Comme vous voudrez. Si je m'attendais...

- Que sait-on sur ce qu'il s'est passé à l'hôpital de Princeton ? s'enquit le jeune journaliste.

Richard veut répondre, quand une nouvelle quinte de toux le laisse sans voix. Finalement il articule : 

- Pas grand chose, juste que ça provient d'un portable qui était doté d'une batterie défaillante.

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