Tout ce que je ne t’ai pas dit.
Tu es parti un mardi. Pas un autre jour, en plein milieu de la semaine, sans rien dire, sans prévenir.
Pas de cris, pas de scène, pas de mot. Juste la porte, doucement refermée. Comme si tu allais revenir dans cinq minutes en rapportant ces patisseries que j'aime tant.
Depuis, tout fait un peu trop de bruit. Le silence surtout.
Il y a ce mug, encore tiède, que tu n’as pas fini. Ce livre que tu m’as prêté, page 172, que je ne continuerai jamais. Ton écharpe sur la chaise, qui sent encore un peu trop toi pour que je la lave.
Je continue d’écrire des messages que je n’envoie pas. "Tu dors ?", "Tu te souviens de la pluie à Rome ?", "Moi, je n’ai rien oublié." Mais je les supprime avant qu’ils ne deviennent des aveux.
Et Il y a ce mot : presque.
Il résume tout.
On a presque eu une belle fin.
J’ai presque trouvé le courage de te retenir.
Tu as presque dit que tu m’aimais encore.
Parce que dans cette rupture, rien n’a été dit. Aucun mot n’a été assez fort pour nommer ce qu’on est devenu. Tu es devenu un bruit de fond. Une respiration qui s'efface. Tu t'es habitué à mes silences tandis que je me suis habitué à tes absences.
Et moi, je suis restée avec les restes d’une conversation jamais commencée, jamais pensée.
Tu sais, c’est ça le pire avec les ruptures silencieuses : elles n’ont jamais vraiment lieu.
Elles se diffusent, comme un parfum familier, longtemps après le départ.
Et personne ne pense à dire au revoir.
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