Mon cœur fait des mises à jour lentes

2 minutes de lecture

Parfois, j’ai l’impression de vivre en différé.
Comme si tout le monde recevait les instructions du monde en temps réel,
et moi, je capte le signal trois jours plus tard,
avec un filtre gris et des pixels morts.

Je réponds "ça va" comme on répondrait "présent" à l’appel,
par réflexe,
pas par conviction.
Dedans, ça tangue.
Pas un ouragan, non.
Juste une houle constante,
assez douce pour ne pas alerter,
assez forte pour tout décaler.

J’ai mal au réel.
C’est un vertige mou,
une sorte de chute qui prend son temps,
comme si je tombais depuis des années
mais en slow motion,
avec un fond sonore un peu joli.

Le manque, je le porte comme un pull un peu trop grand.
Il me tient chaud, parfois.
Mais il gratte.
Et je le garde quand même, parce qu’il sent quelque chose que j’ai perdu.
Un truc flou.
Un quelqu’un.
Ou juste une version de moi qui croyait encore que tout allait s’arranger avec une sieste et un chocolat chaud.

Je suis fatiguée d’être fatiguée.
Fatiguée comme une playlist qui tourne en boucle,
et chaque chanson te rappelle ce que tu ne veux plus ressentir.

Et pourtant.
Je continue à appuyer sur “play”.

Je scroll des vies parfaites pendant que la mienne bégaie.
Je lis des posts sur la résilience,
et je like en silence,
avec les mains tremblantes,
comme si le simple fait de cliquer pouvait me réparer un peu.

Mais on ne recolle pas un cœur avec des likes.
Même en HD.

Je veux pleurer mais je n’ai plus le bon timing.
Alors je pleure à l’intérieur,
entre deux notifications,
dans des silences que personne n’écoute.
Je suis là,
mais floue.
Visible, mais pas regardée.
Aimée, peut-être,
mais jamais tout à fait au bon moment.

Il y a du beau, je le sais.
Dans le chaos, dans l’usure.
Dans cette manière que j’ai de continuer à me lever,
même si c’est juste pour changer de pièce
et m’écrouler ailleurs.

Je suis une beauté cassée
mais photogénique sous les néons.
Je suis la poésie des trucs pas finis,
la lumière qui clignote,
le soupir après le rire.

Et si je ne brille pas,
au moins je luis,
comme un téléphone à 3 %
qu’on n’éteint pas
parce qu’il faut bien rester connecté à quelque chose.

Même si ce quelque chose, c’est juste…
le manque.

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