Chapitre 1

23 minutes de lecture

Il faisait déjà nuit et le brouhaha habituel avait place à un silence absolu sur l’ensemble de la prison. Le seul bruit encore perceptible était celui des rats qui allaient et venaient de part et d’autre de la prison, cherchant quelque chose à se mettre sous la dent. Tout le monde avait succombé aux bras de Morphée, enfin presque tout le monde; les gardiens, devant surveiller la prison aussi bien de jour que de nuit ne pouvaient se le permettre. Pour pouvoir se reposer, ils devaient attendre la fin de leur service et se faire remplacer.

Ne parvenant pas à dormir, Armand Andrade, qui se retournait dans son lit depuis près d’une heure ouvrit finalement les yeux et se leva, s’asseyant sur le lit. Tout en réprimant un soupir, il passa la main droite le long de ses cheveux noirs et épais, les ébouriffant quelque peu. De toute évidence, il ne parviendrait pas à fermer l’œil de la nuit, du moins pas après la nouvelle qu’il avait reçu plus tôt dans la journée : Lucie Watson, son ex allait se marier dans à peine trois semaines. Cela faisait déjà huit ans qu’il était en prison et qu’ils s’étaient séparés. Pourtant, même s’il était normal qu’elle soit passée à autre chose après tout ce temps, lui, il ne l’entendait pas de cette oreille. Il était toujours amoureux d’elle et la nouvelle de son mariage le torturait au plus profond de lui même, l’empêchant de dormir. Pensant qu’il l’avait trahi et s’était servi d’elle pour arriver à ses fins, la jeune femme avait rompu avec lui et il avait fini en prison.

Incapable de penser à autre chose, il se retourna et souleva son oreiller pour en sortir d’abord une torche de poche qu’il alluma puis un livre sur lequel on pouvait apercevoir un titre alors qu’il l’éclairait : “La veuve noire de Furnridge Leather”. Il s’agissait d’un roman policier, un de ceux dont il raffolait. Il l’ouvrit à la page où il s’était arrêté, se référant au marque-page qu’il avait laissé dans le livre pour se retrouver. S’assurant d’être à la bonne page, il se mit à lire :

«Suite au baiser de Louise, Mat était plus déboussolé que jamais. Très vite, il se prit de vertiges et sa vision se mit à se troubler. Ne comprenant pas ce qu’il lui arrivait, il tenta de s’appuyer sur la table mais ne tarda pas à s’écrouler. Il parvint néanmoins à apercevoir le sourire qui se dessinait peu à peu sur le visage de Louise avant de perdre connaissance.

Le sourire aux lèvres, la jeune dame contempla l’inspecteur allongé sur le sol; le poison avait fait son effet et une victime de plus s’ajoutait à la longue liste de Louise, qui ne pouvait que s’en réjouir. Désormais, il ne restait plus à Louise qu’à récupérer les diamants entre les mains de l’officier et s’en aller. Mais alors qu’elle prenait les diamants, la porte du bureau s’entrouvrit derrière Louise, laissant paraître une silhouette…».

Tandis que le temps passait, Armand lisait son roman, se délectant de l’histoire et  portant son attention sur l’intrigue; c’était devenu son passe-temps quotidien depuis son arrivée dans cette prison. Au bout d’une demi-heure de lecture, il s’arrêta et leva nonchalamment les yeux de son livre. Tout en se couchant, il fixa le plafond et réprima un soupir; une pensée plus que réjouissante mais qu’il considérait comme irréalisable venait de lui traverser l’esprit.

ah! Si seulement tout s’était passé autrement ce jour là, si seulement. Dit-il le regard triste. J’aimerais tellement que tout redevienne comme avant...Si seulement je pouvais revenir en arrière.

En effet, tout avait dégénéré lorsqu’on avait retrouvé de la drogue ainsi que des bijoux volés dans ses affaires et qu’il s’était fait accusé et emprisonné. En plus de sa copine, sa famille l’avait délaissé. Il s’était retrouvé tout seul à clamer son innocence bien que cela n’eut pas servi à grand chose. Il avait fini en prison et n’avait pu s’expliquer ni avec sa famille ni avec Lucie. En plus, ceux-ci ne répondait pas aux lettres qu’il envoyait, peut-être même qu’ils ne les lisait pas. Seule Annabelle, sa grand-sœur daignait répondre à ses lettres, elle le faisait de temps à autres surtout pour l’informer de ce qu’il se passait dans le quartier. C’est d’ailleurs par une de ses lettres qu’il a appris pour le mariage de Lucie.

Toujours pensif, Armand se leva et souleva de nouveau son oreiller d’où il sortit cette fois-ci une photo, c’était une photo de Lucie et lui au parc. Elle avait été prise à leur premier rendez-vous, à cette époque là, ils filaient encore le grand amour. Il observa attentivement la photo, passant délicatement ses doigts sur le visage de Lucie, se laissant presque aller aux larmes.

bien, on dirait que je vais devoir passer à autres choses moi aussi. Rétorqua Armand le sourire léger et quasi imperceptible.

Par la suite, fermant son livre et le posant sur le lit de même que la photo, il descendit et se plaça à la fenêtre de la cellule. De là, il leva la tête vers le ciel et observa la lune et les étoiles. A cet instant précis, la lune était pleine et les étoiles l’entouraient tels des enfants autour de leur mère. C’était comme si quelque chose liait chacune des étoiles présentes à la lune. A la vue de cette interactivité entre la lune et les étoiles, Armand eut une pensée pour sa famille et ne peut s’empêcher de sourire.

ah huit ans! Soupira-t-il tandis qu’il contemplait la lune. Ça fait déjà huit longues années que je suis dans cette prison, c’est fou comme le temps passe vite. Depuis tout ce temps, ils ont tous dû beaucoup changer à la maison.

Armand continua de se parler à lui même, haussant de plus en plus le ton et sa voix finit par réveiller Raoul, son compagnon de cellule. En plus de la cellule, ils partageaient un lit en étage, Raoul dormait en haut et Armand en bas.  

hum !!! Fit Raoul alors qu’il se levait, en s’étirant. Armand ? Qu’est-ce que tu fais encore debout à cette heure ? Demanda-t-il un peu déboussolé.

ça ne se voit pas ? Reprit Armand, se retournant pour faire face à son ami.

non, pas vraiment. Dit Raoul tandis qu’il se frottait les yeux.

Armand se retourna et regarda de nouveau le ciel. Il trouvait tout cela tellement beau qu’il ne voulait pas en rater une miette.

eh bien...Je contemple le ciel... mais plus précisément le merveilleux spectacle visuel qu’offrent la lune et les étoiles. tu devrais venir voir ça, c’est assez distrayant. Répondit-il en prenant une grande inspiration.

non merci. Dit-il tandis qu’Armand continuait d’observer le ciel. Hum ! Tu crois vraiment que c’est une heure pour observer la lune et les étoiles ?

bien sûr, je ne vais tout de même pas le faire en plein jour et puis, il n’est pas si tard que ça. Répondit Armand après s’être une fois de plus retourné, faisant de nouveau face à Raoul.

oh que si ! Il est très tard. Écoute Armand, tu ferais mieux de retourner te coucher Armand, n’oublie pas que tu es encore en convalescence. Rétorqua le métis aux yeux noirs en s’allongeant sur son lit.

je ne l’oublie pas, je t’assure. Cela dit, je vais déjà très bien donc on ne peut plus vraiment dire que je sois en convalescence. Dit-il en tournant sur lui même comme pour prouver ce qu’il disait.

ah ouais ? Dans ce cas, pourquoi est ce que je parvient toujours à voir une tache de sang sur ton habit ? Dit-il en désignant son torse du doigt.

Armand vérifia sa chemise orange et constata effectivement un tache de sang, la plaie semblait s’être rouverte. Il toucha pour s’en assurer et grimaça de douleur.

Armand, tu as été poignardé pas plus tard que la semaine dernière donc je doute que tu ailles aussi bien que tu le prétende. Il est vrai que la blessure n’est pas grave mais le médecin a dit que tu devais bien te reposer pour guérir plus vite et surtout limiter les mouvements.

je sais bien que je dois me reposer mais je n’y arrive pas, je n’arrête de penser à Lucie. Lâcha Armand, toujours en fixant le ciel. Depuis qu’on m’a annoncé qu’elle allait se marier dans trois semaines, je stresse. C’est pour ça que je n’arrive pas à dormir. Reprit Armand haussant de plus en plus le ton.

Raoul, remarquant la mine triste d’Armand soupira puis se leva et descendit de son lit. Il se reprocha de son ami et lui tapota l’épaule.

écoute Armand, il faut que tu arrête de penser à tout cela. Si elle est passée à autre chose, alors tu vas devoir en faire autant. Dit-il, la main toujours posée sur son épaule.

Un silence lui répondit, Armand n’était de toute évidence pas d’accord. Il observa son ami, toujours silencieux et reprit :

très bien, visiblement tu préfère continuer de te torturer l’esprit pour une fille qui n’en vaut pas la peine. Fit-il en se retournant, allant se coucher.

oh que si ! Elle en vaut la peine.

si tu le dis. En tout cas, tu peux rester éveillé si tu en as envie mais fait moins de bruit s’il te plaît et surtout ménage ton corps. Reprit-il en montant sur son lit.

Raoul se coucha pour se rendormir et Armand continua de contempler le ciel encore quelques instants puis retourna se coucher à son tour. Une fois au lit, il reprit sa lecture :

«…comme il aurait dû le faire dès le départ mais son intervention fut tardive, les preuves avaient déjà disparu et la belle brune allait s’en sortir. Tout ce qu’il avait contre elle, c’était le poison qu’elle avait utilisé pour tenter de le tuer. A cet instant, l’inspecteur ne savait plus quoi faire mais il était hors de question qu’il abandonne si près du but…».

(***)

alors Annabelle, comment est-ce que ça se passe dans ton nouveau travail ? S’enquit Roland Andrade, levant la tête de son plat.

écoute papa, ce n’est à proprement dit un travail. Je suis juste une stagiaire mais bon, tout se passe très bien. Répondit Annabelle, ayant l’attention de ses parents. Chaque jour, j’en apprends un peu plus sur le marketing et ça me plaît beaucoup.

rien de bien étonnant. Reprit Angelo à voix basse et d’un ton moqueur et sarcastique.

tu as dit quelque chose Angelo ? Demanda Annabelle en se tournant vers son frère, attendant une réponse.

non, non, je n’ai rien dit. Fit-il, baissant la tête comme pour masquer son mensonge.

au fait Angelo, est ce que tu t’es finalement trouvé un nouveau travail ? Demanda Amanda, la matriarche de la famille.

non, pas encore mais je continue de chercher. Le fait est que ce n’est pas facile de trouver un travail de nos jours, même avec de l’expérience. Je vais donc continuer d’aider papa à la boulangerie en attendant.

La famille continua de discuter tout en profitant du dîner, Annabelle conseillant son frère pour trouver un travail et celui-ci rejetant chacune de ses propositions.

(***)

La nuit passa et céda la place au jour qui commença assez bruyamment dans la prison centrale de Portland, les prisonniers étant réveillés très tôt comme d’habitude pour commencer leurs activités et taches respectives, non sans avoir mangé quelque chose en guise de petit déjeuner dans le réfectoire. Armand étant en convalescence et le médecin l’ayant interdis tout effort physique, on l’autorisa à rentrer dans sa cellule après le petit-déjeuner et il fut dispensé de ses taches, du moins jusqu’à son rétablissement. Ça tombait bien puisqu’il n’avait de toute façon presque pas fermé l’œil de la nuit. Il dû malgré tout faire un tour à l’infirmerie pour faire changer son bandage et prendre des médicaments.

Le temps passa et tandis que les autres prisonniers travaillaient, Armand lui se reposait et lisait son roman. Vers les environs de 12 heures, les prisonniers étaient autorisés à se reposer et à manger; ils étaient donc tous réunis dans le réfectoire. Les seuls à ne pas être là étaient ceux qui étaient en isolement notamment ceux qui s’en étaient pris à Armand. Ils l’avaient attaqué alors qu’il prenait sa douche mais heureusement pour celui-ci, il y était déjà préparé et ne s’est pas laissé faire. De plus, ses amis ou plutôt les membres de son gang l’avaient secouru à temps et les gardiens étaient vite intervenu. Une guerre de gang sévissait depuis un bon moment dans la prison et Armand en tant que chef d’un des gangs avait été pris pour cible. Les responsables avaient été mis en isolement pour une semaine et Armand avait été amené dans un hôpital à l’extérieur pour se faire soigner.

Alors qu’il mangeaient avec ses amis, de même que les autres prisonniers, un gardien entra dans la salle et avança en direction d’Armand. On le remarqua aussitôt qu’il entra et tout le monde se crispa au fur et à mesure qu’il avançait. Son regard fixé sur le brun, on compris tout de suite qui il venait voir.

tiens Armand, on dirait bien que tu vas avoir des problèmes. Dit un de ses amis, faisant signe de la tête pour désigner le gardien.

Armand tourna la tête et aperçu le gardien. La salle étant assez grande, il mit un moment à arriver à la table d’Armand et l’interpella.

hey Armand ! Tu as de la visite. Dit le gardien

de la visite ? Reprit le brun d’un air surpris.

Qui pouvait bien venir lui rendre visite ? Son père ou un autre membre de sa famille ? bien Lucie ? Non, se dit-il. Aucun d’entre eux ne seraient venu lui rendre visite et même si c’était le cas, pourquoi le faire après tant d’année ? En un instant, une montagne de questions traversèrent lui l’esprit mais une seule pu sortir de sa bouche.

je peux savoir qui c’est ?

c’est votre avocat.

mon avocat ?Mais il n’était pas censé venir avant une semaine.

tiens, on dirait bien que tu as de la chance Armand. Qui sait ? Peut-être qu’il est là pour te faire sortir d’ici. Répliqua Raoul en souriant.

je ne sais pas trop ce qu’il en est mais tu dois venir avec moi. Reprit le gardien.

très bien, je vous suis. S’écria Armand en se levant.

Armand suivi le gardien qui sortit du réfectoire et l’amena jusqu’à la salle des visites. Armand se fit enlever les menottes et entra seul dans le parloir. Il avança doucement, un peu sceptique et se retrouva face à son avocat qui lui fit signe de s’asseoir.

bonjour Armand. Dirent les deux individus tour à tour.

—bonjour monsieur Uni.

—Alors comment est ce que ça va aujourd’hui ? Demanda la jeune homme fixant la blessure d’Armand.

—plutôt bien, le médecin dit que je récupère assez vite mais je dois tout de même faire attention. Répondit le brun fixant sa plaie. Alors, quelles sont les nouvelles ? Demanda Armand un peu hésitant.

eh bien ! si je suis venu aujourd’hui, c’est justement parce que j’ai de très bonnes nouvelles pour toi. Répliqua Ramirez Uni, le sourire aux lèvres, sortant certains documents de sa mallette déjà ouverte. En principe, on aurait dû attendre une semaine de plus mais on a eu de la chance et le verdict a été rendu plus tôt que prévu. Félicitation Armand, tu es libre. Reprit-il en tendant les documents vers le brun.

Armand resta silencieux un moment puis tendit les bras assez lentement et prit les documents. Tandis qu’il les lisait, un sourire se dessina sur son visage. En effet, ces documents juridiques attestaient de ce que venait de lui dire son avocat. Le cœur d’Armand ne fit qu’un tour : il allait enfin pouvoir sortir de prison et reprendre le cours de sa vie. Il était tellement qu’il ne parvint pas à rester en place, il sursauta sous les yeux de son avocat.

enfin, tu ne l’es pas encore. Il faudra attendre quelques jours, le temps que le juge envoi les documents à la prison et que toutes les formalités soient remplies. Reprit l’avocat faisant signe à Armand de se calmer.

Armand se calma et s’assit de nouveau tenant les documents entre les mains, ne voulant pas les lâcher. Il focalisa dès lors son attention sur ce qu’allait dire son avocat.

bien, il reste encore certaines formalités à remplir mais avant, tout il faut que tu saches que c’est une libération conditionnelle. Donc tu devras, une fois libéré respecter certaines conditions.

Armand écoutait très attentivement alors que l’avocat l’expliquait toutes les conditions à respecter une fois libéré ainsi que les dernières formalités à remplir avant la libération. Désormais tout n’était plus qu’une question de temps avant qu’il ne soit libre et Armand s’en réjouissait d’avance. Finalement sa conduite exemplaire en prison et les efforts qu’il avait fourni pour démontrer un changement lui avaient servir à quelque chose.

je pense que c’est tout qu’il y avait à savoir. Dit Rami, récupérant puis rangeant ses documents dans sa mallette.

franchement, je pouvais pas espérer mieux comme nouvelle. Ça faisait tellement longtemps que j’attendais ce moment, je vais enfin pouvoir sortir de cette prison. Reprit Armand très heureux.

bon, ce sera pour l’instant, je repasserais te voir dans quelques jours. Porte toi bien.

Après toutes les explications, le visiteur s’en alla et Armand rejoignit les autres détenus dans la cour. Durant sa discussion avec son sauveur, le déjeuner était passé et les prisonniers, pour la plupart, ont été conduis dans la cour pour la promenade; les autres durent rester dans leurs cellules. La promenade durait environ deux heures et la cour était assez grande, bétonnée et avec de la mauvais herbe en bordure. Ce qu’on remarquait en premier dans la cour, c’était une foule dense, une masse d’individus de laquelle s’échappait un énorme brouhaha; les détenus s’exprimaient en criant. Arrivant dans la cour, toujours accompagné d’un gardien, Armand pouvait entendre l’énorme vacarme que faisaient ses codétenus. Une fois dans la cour, il rejoignit ses amis et s’assit auprès d’eux puis il leur annonça la bonne nouvelle et ceux-ci s’en réjouirent tous avec lui.

Après la promenade, ils passèrent tous sous la douche, Armand y compris. Puis place au dîner et direction leurs cellules respectives. Contrairement à d’habitude, Armand dû faire un tour chez le docteur avant de retourner à sa cellule. Celui-ci lui enleva le bandage, nettoya la plaie et en remis un autre.

alors docteur, dans combien de temps devrais-je être guéri d’après vous ?

vu que vous n’avez de cesse de rouvrir votre plaie, cela risque de prendre plus de temps que ça n’aurait dû. Répondit le médecin, tendant des comprimés à Armand qui les prit sans hésitation, accompagnés d’un verre d’eau. Bon, repassez me voir demain matin.

je n’y manquerais pas docteur. Rigola le jeune homme, se levant puis sortant de l’infirmerie.

Après sa visite chez le médecin, il retourna avec hâte dans sa cellule où Raoul l’attendait en vue d’obtenir plus de détails sur sa situation juridique. Il raconta à celui-ci ce qu’il s’était passé dans les moindres détails.

alors l’avocat qu’Allen a engagé pour toi a fini par trouver un moyen de te faire sortir d’ici.

oui, tu t’imagine, d’ici quelques jours je serais libre. Jamais je n’aurais pensé que ça arriverait aussi vite. Reprit Armand une sourire aux lèvres et le regard pensif. Tu sais quoi ? Je ne pensais pas qu’Allen engagerait un avocat pour m’aider mais il l’a fait et ça a porté ses fruits, il faut vraiment que je le remercie.

allons, ça n’a rien de bien étonnant après tout ce que tu as fait pour lui. A mon avis, c’est sa façon de te remercier. Répliqua Raoul. Ah ! Si seulement il pouvait en faire autant pour moi.

en tout cas, si son avocat réussi à me faire libérer, je lui en serait éternellement reconnaissant. Tout ce que j’espère maintenant, c’est qu’il réussisse et de préférence avant le mariage.

pourquoi ? Tu espère vraiment empêcher ce mariage ? Mon pote, il faut que tu passe à autre chose; elle, elle l’a déjà fait et elle est prête à se marier.

je sais, je veux juste lui parler et essayer au moins de lui expliquer la situation. Enfin bref, ne parlons pas de ça maintenant, ça risque de faire disparaître ma joie.

comme tu veux.

Ils continuèrent de discuter tout au long de la nuit, parlant de ce que l’un ou l’autre ferait en premier s’il était libéré et autres.

A partir de là, le temps passa assez vite, d’abord les jours se succédèrent, puis ce fut le tour des semaines. L’attente fût longue mais Armand allait être libéré dans quelques jours, tout n’était plus qu’une question de temps.

(***)

Lorsque Armand sortit finalement de sa cellule, accompagné de deux gardiens, pieds et mains menottés, et se mît à avancer, le brouhaha était à son comble. Tous les prisonniers étaient en effervescence et hurlaient tous en même temps, Armand était sur le point de se faire libérer.

Il avança le long du couloir, regardant très attentivement les prisonniers entrains de hurler, certains parmi eux s’en réjouissaient mais d’autres étaient frustrés. Pour le brun, le temps semblait se ralentir et les voix des prisonniers s’atténuer. Il avança avec les gardiens jusqu’à une porte faite de barreaux qu’il traversa juste avant de se faire enlever les menottes par un des gardiens. Par la suite, Armand remplît les documents nécessaires à sa libération et récupéra ses affaires personnelles. On lui remit également certains documents qu’il devait conserver avec lui dont le billet de sortie, attestant de la régularité de sa libération. Quelques instants plus tard, les portes de la prison s’ouvrirent et Armand en sortit finalement; son avocat l’attendait à l’extérieur. Une fois à l’extérieur de la prison, il prît une grande inspiration et rejeta tout d’un seul coup.

ah ! Enfin libre, ça faisait tellement longtemps que j’attendais ce moment. S’écria Armand d’un air soulagé. C’est fou comme l’air est frais ici à l’extérieur. Bon, qu’est ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ?

vivre monsieur Andrade, vivre. Déclara Rami, se répétant pour être le plus clair possible. Vous êtes libre maintenant, vous devez vivre votre vie et surtout, évitez de vous faire à nouveau arrêter. Reprit-il en serrant la main d’Armand. Tiens, on dirait que votre taxi est arrivé.

Armand se retourna et aperçu une voiture noire arrivant, celle-ci s’arrêta près d’eux. Armand fixa la voiture, avisant Roseline Sinclair qui en sortit.

bonjour Armand. Dit la jeune femme.

bonjour.

bon, il est temps pour moi d’y aller. Bonne chance pour la suite Armand. Et surtout n’oubliez pas que nous avons rendez-vous demain avec votre agent de probation. Reprit monsieur Uni avant de s’en aller sous les yeux des deux qui restaient.

bien, si on allait discuter ailleurs, je ne supporte plus cette atmosphère oppressante. Suggéra le brun.

pourquoi pas ? J’imagine que vous devez avoir faim, montez, je vous amène prendre un petit-déjeuner.

Armand Monta dans la voiture suivi de Roseline, elle demanda au chauffeur de les amener dans un café proche et celui-ci se mit en route. Ils arrivèrent en ville et s’arrêtèrent devant un café où l’ex-détenu et l’assistante ils s’y installèrent, appelant une serveuse pour prendre leurs commandes. Le chauffeur s’en était allé pour le moment.

bonjour monsieur, madame. Tenez, ce sont les cartes des plats et des boissons que nous proposons dans notre établissement. Nous avons de nombreux mets et je peux vous assurer qu’ils sont tous aussi bons les uns que les autres. Déclara la serveuse.

effectivement, ces plats ont l’air délicieux. Ça va être difficile de choisir. Vous pouvez nous laisser un petit moment pour réfléchir s’il vous plaît ? Demanda Armand.

pas de problème, je vous laisse réfléchir. Je repasserais dans un instant. Répondit la serveuse.

La serveuse s’en alla prendre la commande d’une autre table. Armand observa très attentivement la carte afin de choisir ce qu’il allait commander.

bon, qu’est-ce que je vais bien pouvoir prendre ? Se demanda-t-il.

alors Armand, comment est-ce que ça va aujourd’hui ? Demanda Roseline. Qu’est ce que ça fais d’être enfin un homme libre.

eh bien ! Je dirais que je ne me suis jamais senti aussi bien depuis un bon moment. Répondit Armand d’un ton enthousiaste. Ah ! Au fait , quand est ce que je pourrais voir Allen enfin monsieur Walker; j’aimerais bien le remercier pour tout ça. Sans son aide je serais certainement encore en prison et ce pour de nombreuses années.

tu pourras le voir tout à l’heure, là j’ai pensé juste qu’après autant d’années tu voudrais manger quelque chose de bon.

Armand hocha de la tête comme pour valider la décision de Roseline. En effet, après autant d’années à manger des plats pour la majorité insipides, il était plus que normal qu’il se rattrape. Il observa de nouveau la carte, cherchant ce qu’il y avait de plus sucré. Après quelques minutes, la serveuse revint enfin pour prendre leurs commandes.

alors, vous avez choisis ? S’enquit la serveuse.

oui, moi je vais prendre un café noir et deux brioches de pain s’il vous plaît. Répondit L’assistance.

pour moi, ce sera...six brioches de pain, un café au lait, un jus d’orange et … le plat du jour. Reprit Armand.

La serveuse nota leurs commandes sur son carnet.

bien, j’ai tout noté mais êtes-vous vraiment sûr de vouloir commander tout cela ?

oui, ce sera parfait.

bien, je vous amène vos commandes dans un instant.

Quelques instants plus tard, la serveuse revint avec leurs commandes, les servit puis s’en alla non sans leur souhaiter bon appétit. Par la suite, ils se mirent à manger, Armand savourant chacun des plats qu’il avait commandés et ne ménageant pas sa joie. Cela dura près d’une demi-heure et tout en mangeant, ils discutèrent de tout et de rien. Lorsqu’ils eurent fini de manger, Roseline régla la note et ils sortirent du café. Une fois hors du café, Roseline prit son téléphone et appela le chauffeur.

ce fut un plaisir de discuter avec toi Armand. Dit la blonde.

de même. Reprit Armand tandis que le chauffeur arrivait.

Ils montèrent de nouveau dans la voiture et le chauffeur reprit la route, cette fois-ci en direction du manoir d’Allen Walker. Il était midi lorsque la voiture arriva à destination et entra dans la propriété, déposant Armand et Roseline juste devant la maison. Celle-ci fit entrer le brun et l’installa au salon avant d’aller chercher Allen dans sa chambre.

Armand ! Ça fait du bien de te voir. S’exclama Allen alors qu’il avisait le brun depuis les escaliers, faisant se lever l’intéressé.

En effet, cela faisait une bon moment qu’il ne l’avait pas vu. Il n’avait pas pu se déplacer pour le procès à cause de ses soucis de santé récents mais il était resté informé de l’avancement de l’affaire. La dernière fois qu’il s’étaient vus, Allen était sur le point de sortir de prison et il était reconnaissant à Armand pour toute l’aide qu’il lui avait offert.

Allen ! Ça fait également du bien de te revoir. Reprit Armand.

Ils se serrèrent dans les bras une fois Allen suffisamment près d’Armand. Roseline les laissa seuls dans le salon, demandant aux servantes d’apporter quelque chose à boire. Ils s’installèrent sur les fauteuil et commencèrent à discuter.

wouah ! Tu as une très grande maison, ça, je dois te l’avouer. Commença Armand, regardant tout autour de lui d’un air envieux.

c’est un manoir, il est dans ma famille depuis je ne sais plus trop combien d’années. Il est grand, spacieux et la vie ici est mille fois meilleure qu’en prison.

au fait, je voulais te remercier de m’avoir aider en engageant cet avocat, qui soit dit en passant était très doué. Déclara Armand toujours entrain de contempler le manoir. Il a convaincu les jurés avec une telle facilité que l’affaire n’a duré que quelques semaines.

ce n’était rien comparé à ce que tu as fait pour moi, tu m’a sauvé la vie alors qu’on ne se connaissait même pas. Sans ton aide, je ne serais pas sorti de cette prison en vie. Quoi qu’il en soit, je suis heureux que tu sois sorti de prison. Au moins comme ça, j’ai payé ma dette. Déclara Allen. Bon, est ce que tu veux boire quelque chose ?

je ne sais pas trop, est ce tu aurais quelque chose qui me permettrais de rattraper toutes les années que j’ai passé en prison ? Demanda Armand.

oui, je crois que j’ai tout à fait ce qu’il te faut. Suis moi. Dit Allen qui se leva aussitôt.

Il avança, amenant Armand jusqu’à son bureau. Il lui fit signe de s’asseoir et lui demanda d’attendre qu’il lui serve. Armand prit place sur un siège du bureau et Allen servit deux verres de whisky, un pour lui-même et un autre pour Armand.

tiens, c’est un whisky très rare qui vient du Mexique, tu m’en diras des nouvelles. Dit-il à Armand, tendant le verre vers lui, juste avant de s’asseoir à son tour.

Armand prit le verre et but une gorgée. L’expression sur son visage montrait clairement qu’il appréciait la boisson. Armand but tout le verre de whisky puis se resservît, Allen quant à lui but une gorgée et posa son verre sur le bureau.

alors Armand, comment est-ce que tu vas ? Demanda Allen.

très bien surtout maintenant que je ne suis plus en prison.

Armand but de nouveau une gorgée du whisky et Allen fit de même.

bien, qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ?

eh bien ! J’y ai beaucoup réfléchi quand j’étais en prison et je pense que je vais dans un premier temps retourner dans mon quartier, histoire de revoir ma famille. En plus, j’ai quelques comptes à régler là bas.

ta famille ? Je croyais qu’ils ne souhaitaient plus jamais te revoir.

c’est le cas mais je vais tenter le coup, il faut au moins que j’essaie de me réconcilier avec ma famille. Durant toutes ces années que j’ai passé en prison, je me suis rendu compte que j’ai besoin de ma famille.

tu as raison, la famille c’est très important. Mais j’imagine qu’une autre raison te pousse à y retourner, n’est ce pas ?

Armand ne répondit pas mais l’absence de réponse et son visage donnèrent raison à Allen. Il était évident que la principale raison pour laquelle il désirait rentrer chez lui, c’était pour revoir celle qu’il aimait.

et quand est ce que tu comptes t’y rendre ?

eh bien ! Le mariage est dans trois jours, alors je préférerais m’y rendre bien avant. Mais je vais plutôt occupé ces deux prochains jours, donc j’attendrais de voir quand je serais libre.

Ils continuèrent de discuter pendant quelques heures encore tout en buvant du whisky. Un peu plus tard dans la soirée, Allen proposa à Armand de passer la nuit dans une des chambres d’ami, proposition que le brun accepta tout de suite n’ayant nulle part où aller.

Une fois dans la chambre, il s'y installa puis s'écroula de fatigue sur le lit. Il se mit par la suite à sourire et soupira, il se réjouissait une fois de plus d’être libre et que cela ne soit pas un rêve. Reprenant ses esprits, il se leva du lit et sortit une photo de son sac, celle où il était avec Lucie. Il s'assit et observa très attentivement la photo.

Lucie ! Déclara Armand tout en contemplant la photo. Je me demande ce que tu deviens. Qu’est ce que tu peux bien penser de moi en ce moment ? Ai je encore une place dans ton cœur ?

Il contempla la photo quelques instants, posant des questions dans le vide encore et encore. Il finit par la ranger et alla ensuite se coucher, juste avant d’éteindre la lumière et de s’endormir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Lieber ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0