44. Reviendra-t-elle ?

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Miléna

Mon réveil est le plus bizarre que j’aie jamais connu. Je passe par plusieurs phases qui me chamboulent totalement. Je souris, pour commencer, en sentant le corps de Maxime pressé dans mon dos, sa main posée sur mon sein alors que son souffle chaud caresse ma nuque. Et puis, mes yeux se portent sur mon collier, déposé sur la table de nuit, et la réalité me revient brutalement en mémoire. Vahik et sa double vie. Moi, pauvre conne, qui n’y vois que du feu. La douleur de la trahison. Je soupire et me retourne doucement pour observer mon châtelain. Mes lèvres s’étirent devant la vision qu’il me propose, et la sensation d’apaisement ressentie hier contre lui reprend ses droits. Tout comme l’excitation de cette nuit.

J’ai été impulsive, je n’ai absolument pas réfléchi avec mon cerveau. Quand je me suis réveillée, tout ce que je voulais, c’était l’éteindre, ce cerveau qui me ramenait sans cesse en Arménie auprès de cet homme qui m’a menti. Tout ce que je souhaitais, c’était que plus rien ne m’empêche de faire ce que j’avais envie de faire. Et ce dont j’avais envie, c’était ne plus faire qu’un avec Maxime.

J’ai un petit moment de panique en me demandant si j’ai agi comme il fallait. Ce n’était certainement pas une bonne idée de coucher avec lui cette nuit, après ce que j’ai découvert. Entendons-nous bien, c’était une excellente idée de coucher avec lui, parce qu’on en mourait d’envie tous les deux, qu’on en avait autant besoin l’un que l’autre, que c’était génial et que j’ai envie de recommencer. J’espère juste qu’il ne pensera pas que j’ai voulu coucher avec lui pour oublier Vahik, pour ne plus penser à ce que j’ai découvert hier soir. Etait-ce pour ça, au final ? Peut-être un peu… Mais pas que. Maxime a été tellement adorable hier soir, tellement soutenant. Un vrai roc sur lequel j’ai pu m’appuyer. Ça m’a poussée à la réflexion, quand je me suis réveillée cette nuit. Pourquoi refuser tout ça alors que cela nous fait du bien à tous les deux ? Pourquoi nous priver de ce plaisir d’être ensemble ? De faire l’amour ? Maintenant que j’y ai goûté, je ne veux plus jamais m’en passer, moi.

Mon châtelain resserre sa prise autour de mon corps et un sourire se dessine sur ses lèvres que je viens recouvrir des miennes délicatement. Je caresse sa joue, consciente que nos corps l’un contre l’autre l’excitent autant que moi au vu de son érection contre mon ventre. Je promène ma main sur sa nuque, dans son dos alors qu’il agrippe ma cuisse et la remonte sur sa hanche pour presser son sexe contre le mien. Tout mon corps me crie de le supplier de me prendre, comme si je n’avais pas été repue de cet orgasme nocturne. J’ondule doucement contre lui en me disant qu’on peut bien en profiter encore, que je suis une mauvaise chrétienne depuis suffisamment longtemps pour ne plus me soucier de vivre dans le péché. Alors je glisse ma main entre nous pour positionner son gland contre mes lèvres trempées de mon envie de lui, et il s’y enfonce lentement tout en m’embrassant.

Comment une étreinte peut-elle être à la fois si douce et si intense ? Je n’ai jamais connu ça avec Vahik, ce besoin presque vital de le sentir ainsi en moi. C’est tellement bon !

Nous nous caressons, nous embrassons et profitons de ce moment comme cette nuit. L’intensité augmente petit à petit, le plaisir grandit en moi, le besoin de délivrance aussi, et quand Maxime m’attire sur lui pour augmenter encore la cadence, ses mains fermement campées sur mes hanches, je me déchaîne sur sa hampe jusqu’à le sentir se déverser à nouveau en moi. C’est délicieux, terriblement excitant, et je ne tarde pas à le rejoindre dans la jouissance, me contractant sur lui alors qu’il poursuit ses mouvements de hanches.

Comme cette nuit, nous ne parlons pas, comme si un mot pouvait signer le retour à la réalité et briser la magie du moment. Nous ne faisons qu’échanger caresses et baisers dans un moment de tendresse et de complicité des plus agréables. Instant qui se brise lorsque mes yeux se posent sur le réveil de Maxime, sur la table de nuit.

— Oh non, tu as vu l’heure ? Il faut que tu réveilles les enfants et que vous vous prépariez, vous allez être en retard !

J’ai déjà sauté du lit et j’enfile ma culotte et mon short d’une traite, manquant de m’étaler, ce qui fait sourire Maxime qui se lève avec moins d’empressement.

— Eh bien, on n’est pas en avance, mais si je dois t'emmener aux urgences, on le sera encore moins ! Attention à toi ! C’est de me voir nu qui te met dans cet état ?

Je m'arrête un instant et prends le temps de l'observer. Je sens mon sourire réapparaître sur mon visage à la vue qui s'offre à moi, et une curieuse envie de le séquestrer dans cette chambre pour la journée fait son apparition.

— Peut-être… Ou de me dire que les enfants pourraient entrer ici d'une seconde à l'autre et qu'on aurait vraiment l'air bête, tous les deux, dis-je en enfilant mon tee-shirt.

— Ah, le dur retour à la réalité, soupire-t-il. Tu sais qu’il va falloir qu’on leur parle un jour ou l’autre ? Sinon, c’est sûr qu’ils vont nous coincer. Ils sont aussi malins que leur père !

Sauf que je ne suis absolument pas prête à me prendre le retour de bâton, moi. Je n'ai aucune envie d'entendre Tom me dire que je prends la place de sa mère. Je ne veux pas qu'ils m'en veuillent, tous les deux.

— On peut attendre un petit peu quand même, non ? Voir ce que ça donne… J'avoue que j'ai un peu peur de leur réaction…

— Ah oui, il faut qu’on se prépare et qu’on les prépare. Et surtout rester très discrets en attendant. Mais j’ai quand même le droit à un petit bisou avant que tu ne reprennes tes distances ? demande-t-il en tendant sa joue barbue vers moi.

Mon Dieu, cet homme. Je soupire théâtralement et glisse mes mains sur ses joues pour planter un doux baiser sur ses lèvres. Qui me donne instantanément envie de plus. Bon sang, qu'a-t-il fait de moi ?

— Je vais préparer le petit déjeuner pendant que tu réveilles les enfants. Fais en sorte de trouver un moment pour le baiser de bonne journée dans ton programme du matin, d'accord ?

— Je trouverai toujours le temps pour un baiser, je te le garantis. A tout de suite !

Je souris béatement en le regardant sortir de la chambre et me secoue une fois qu'il a disparu dans le couloir. Après avoir jeté un dernier coup d'œil à la pièce, je récupère mon collier et file le déposer dans ma suite avant de descendre préparer le petit déjeuner pour la famille.

J'ai le temps de tout préparer avant de voir débouler dans la cuisine une Lili habillée et coiffée, toute mignonne dans une petite robe fleurie.

— Bonjour Lili. Bien dormi ? Tu es toute jolie, dis-donc !

— Bonjour. Tu as l’air en forme, toi, c’est bien. Tu as eu des bonnes nouvelles pour ta demande d’asile ?

Non, pas vraiment. Ce serait même plutôt le contraire, même si la nuit a été bien meilleure que ce que j'avais envisagé, je l'avoue. Et ces articles auront au moins eu le mérite de me convaincre d'arrêter de ressasser le passé, même si persiste en moi la culpabilité d'avoir causé la mort d'un homme.

— Non. J'ai juste très bien dormi et… Je suis heureuse d'être ici, avec vous, souris-je en lui servant ses céréales.

— Moi aussi, je suis contente que tu sois là. Nina nous a dit que tu allais la remplacer pendant quelque temps, c’est vrai ? Tu comptes donc rester un peu avec nous ?

— Ah oui ? Je crois qu'elle ne va pas venir pendant un moment, oui. Et je m'occuperai de vous avec plaisir, comme je resterai ici avec plaisir tant que vous voudrez bien de moi...

— Moi, je dis que tu peux rester tant que notre mère n’est pas rentrée, intervient Tom en entrant dans la cuisine.

Je jette un œil à Maxime qui suit son fils et me dis que notre histoire n’a encore pas connu sa pire tempête. Tout ce qui s’est passé jusqu’à présent était de la tarte comparé à la montagne que représente l’annonce aux enfants. Tom n’acceptera pas facilement les choses, et même si Lili est plus dans l’attachement avec moi, ce sera compliqué pour elle aussi.

J’essaie de mettre ces réflexions de côté car tout ceci est prématuré. Maxime et moi ne sommes pas assez engagés pour en arriver à en parler aux enfants, je crois. Mais c’était sans compter sur mon châtelain, qui, pour une fois, n’évite pas le sujet.

— Parce que tu penses qu’elle pourrait encore revenir ? demande-t-il sérieusement. Cela fait trois ans que l’on n’a aucune nouvelle, moi je commence à ne plus y croire.

— Tu n’es pas dans la tête de Maman, tu ne peux pas savoir. Tu sais, dans les livres, ils parlent de l’attachement maternel et ils disent que c’est un lien très fort entre une mère et ses enfants. Alors, elle reviendra, c’est obligé.

— Eh bien, si elle revient, je ne suis pas sûr de l’accueillir avec le sourire. Je suis sûr que dans tes livres, il y a aussi des choses sur les couples qui se séparent après une trahison, non ? Mais bon, ce n’est pas le sujet du jour, dépêchez-vous de manger, on va être en retard à l’école.

— Tu l’aimes plus, Maman ? lui demande Lili alors que je m’assieds à ma place, pas très à l’aise sur le chemin que prend cette conversation matinale.

— Tu sais qu’elle est partie avec un autre homme, je te l’ai expliqué, je crois ? Eh bien, suite à ça, j’ai eu très mal et c’est un peu comme si cela avait cassé ce qui faisait que je l’aimais… Et maintenant, après trois ans, les autres fils se sont aussi cassés. Les seuls qui restent, ce sont vous deux.

— Donc, si Maman revient, vous ne serez plus ensemble, murmure Lili alors que je vois Tom observer son père avec attention.

— Je pense que l’on peut dire ça, oui. Mais je vous le redis, je pense qu’elle ne reviendra jamais, il faut se faire une raison. Et qui sait ? Un jour, je me trouverai peut-être quelqu’un ? ajoute-t-il sans jeter un regard vers moi.

— Tu veux dire qu’une autre femme viendra vivre ici et prendra sa place ? Qu’on devra l’appeler Maman et qu’elle nous donnera des ordres ? s’affole Tom.

— Ah non, du tout ! Personne ne vous donnera des ordres ! Et on n’a qu’une maman dans la vie. Ne t’inquiète donc pas, on n’en est pas là ! Et arrêtez avec vos questions, c’est l’heure de partir ! Zou ! On file !

— Nina, elle nous donne des ordres, rit Lili en se levant pour venir me faire un bisou. Bonne journée, Miléna. A ce soir !

— A ce soir, Lili. Bonne journée à vous trois.

— J’arrive les enfants, leur crie Maxime. Montez dans la voiture, je vous rejoins tout de suite !

Il se lève et se tourne alors vers moi avant de m’enlacer tendrement.

— Chose promise, chose due, énonce-t-il doucement avant de poser ses lèvres sur les miennes.

Je glisse mes mains dans son cou et approfondis ce baiser pour tenter de prendre ma dose. J’ai l’impression que la journée va être terriblement longue pour moi, seule ici, en attendant d’aller chercher les enfants, et de retrouver mon châtelain.

— A ce soir, dis-je avec un sourire niais.

— À tout à l’heure, Belle Étrangère. J’ai hâte d’être à ce soir !

Moi aussi, j’ai hâte. Surtout qu’une fois leur départ, je me retrouve seule avec mes pensées. Et après un bon coup de nettoyage dans la cuisine, les enveloppes posées sur le bureau du salon m’appellent et je finis par parcourir les articles que je n’ai pas lus hier soir. Je n’arrive toujours pas à croire que Vahik m’ait fait ça. C’est tout simplement dingue, comme histoire. Ma vie ressemble à un mauvais film où s’enchaînent les galères. Heureusement, dans ce ciel gris et orageux, le soleil perce en présence des habitants de ce château. Et la température se réchauffe grandement au contact de cet homme, aussi doué pour me réconforter que pour me procurer des orgasmes.

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