47. Froide colère, chaude douche

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Maxime

Je suis installé dans mon bureau et j’attends que mon ordinateur mouline les transformations que j’ai imposées au modèle de porte que nous souhaitons expérimenter sur nos containers. Pas sûr que ça soit efficace, mais au moins, je vais pouvoir démontrer que ce n’était qu’une lubie du grand chef, et que les vraies solutions sont ailleurs. J’envoie un petit message sur la messagerie de Miléna en attendant que la barre atteigne les cent pourcents.

— La journée est longue sans toi. Vivement ce soir ! Bisous !

J’espère qu’elle est en train de travailler sur son dossier et qu’elle me répondra vite. Cependant, ce n’est pas le petit bip venant de mon téléphone qui me tire de ma rêverie, mais un discret toquement sur la porte.

— Oui, entrez !

Yasmina, ma secrétaire, entre timidement avant que mon sourire la rassure sur le fait qu’elle ne dérange pas.

— Je peux vous parler une minute ? me demande-t-elle en avançant jusque devant mon bureau.

— Bien sûr. J’espère que c’est pour me dire que ma demande d’un matériel plus puissant est acceptée, parce que là, ce n’est plus possible de travailler ! Vous avez vu comme il rame à faire des calculs de base ?

— Je sais bien, le mien aussi en a ras-le-bol… Mais, je ne viens pas pour ça, Maxime. Je ne sais pas trop comment vous dire ça, en fait, alors je vous le dis franchement, ça vaut mieux. Nicolas m’a demandé vos derniers bilans ce matin, et j’ai surpris une conversation entre lui et le DG. Il… Il cherche à vous virer, il l’a clairement dit au grand patron…

Je reste un moment circonspect devant l’annonce que Yasmina est en train de me faire. Je suis dans l’entreprise depuis un bon moment, ça n’aurait pas de sens de me virer et ça leur coûterait une fortune.

— Merci Yasmina. Je vais gérer la situation. Autre chose ?

— Non… Si ce n’est que je suis désolée, mais j’ai dû lui donner. Après, il n’y a rien de négatif dans les bilans, que je sache, vous faites votre travail. Je ne comprends pas pourquoi il fait ça.

— Parce que j’essaie de trouver des solutions humaines alors que lui, il ne pense qu’au fric et aux moyens d’en gagner toujours plus.

— Oui, il a bien changé depuis qu’il est monté en grade, soupire-t-elle. J’espère que vous allez pouvoir trouver une solution, Maxime. Vous êtes quelqu’un de bien.

Je la remercie à nouveau, jette un oeil vers mon ordinateur qui est toujours en mode calcul et je repense à ce qu’elle vient de me dire. Je sens l’énervement et la colère monter doucement en moi. Après tout ce que j’ai fait pour la société, tout le temps que j’ai passé à essayer de trouver des solutions adaptées, ils veulent me virer comme un malpropre ? Non, mais c’est inadmissible qu’on puisse me montrer si peu de considération ! Je suis tellement énervé que je me décide, sur un coup de tête, à aller confronter Nicolas. Je frappe à son bureau et n’attends pas qu’il me réponde pour y pénétrer. Il est en train de lire un rapport et lève les yeux vers moi, étonné de mon intrusion.

— Nicolas, c’est quoi cette histoire ? Tu demandes à ma secrétaire mes bilans sans passer par moi ? Tu as quoi en tête ? Tu n’aimes pas mes dernières propositions et tu veux me faire virer, c’est ça ?

Je l’attaque bille en tête sans lui laisser le temps de se remettre, espérant profiter de l’effet de surprise pour qu’il lâche des éléments.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, je suis en train de faire le bilan du premier semestre, c’est tout. Tu peux redescendre d’un cran et te calmer, Maxime, tout roule, lâche-t-il calmement.

— Tout roule ? Vraiment ? Pourquoi tu rejettes toutes mes dernières propositions alors ? Et il est où le matériel qu’on m’a promis ? Tu te rends compte que j’ai lancé une simulation de calcul il y a presque quinze minutes et que l’ordi rame tellement qu’il est encore en train de réfléchir ! Et s’il te plaît, ne joue pas avec moi. Les bruits de couloir, ça existe. Et là, on t’a entendu parler de mon licenciement. Tu peux pas assumer un peu, merde ?

— Tu sais qu’il ne faut pas accorder d’importance aux “on dit”, voyons. Te licencier ? Je n’ai jamais dit ça, mais nous avons en effet parlé de licenciements sur le site. Autre chose ?

— On dirait pas qu’avant, tu étais sur le terrain comme nous… Tu as vu comment tu n’assumes pas ? Bref, la porte anti-migrants que tu veux faire installer sur les containers, ça ne marche pas. Soit n’importe qui peut l’ouvrir avec un peu de talent, soit personne ne peut l’ouvrir, même pas les personnes qui en auraient besoin. Tu as le choix entre le moulin et la prison scellée. On peut abandonner cette idée et revenir à des choses plus humaines ?

— Je vais demander un autre avis pour cette porte avant d’enterrer l’idée. J’ai l’impression que tu es contre toutes mes idées depuis quelque temps, et je me demande ce qui te motive, au final.

— Moi, mon travail d’ingénieur, c’est d’imaginer des solutions qui viennent en aide aux gens, pas qui les mettent en difficulté. Bref, demande ce que tu veux, une porte restera toujours une porte. Et une porte, tu sais à quoi ça sert ? A entrer quelque part, pas à empêcher quelqu’un d’entrer. Il n’y a pas de solution à ce que tu demandes, sauf à mettre en danger de manière inutile des vies humaines.

— C’est bon, t’as fini ton discours pro-migrants ? T’as qu’à les accueillir chez toi, leur offrir le gîte et le couvert, si leur sort t’intéresse autant ! En attendant, tes missions ici sont celles que je décide, et à l’heure actuelle, les directives que j’ai, c’est de les empêcher de passer à tout prix. Donc, arrête un peu ton char, ça ne colle pas du tout avec ton poste, et fais ce qu’on te demande, s’agace-t-il en se levant.

— Alors, c’est toi qui décides, hein ? On s’en fout du DG, on s’en fout du comité directoire, tout ce qui compte, c’est ce que toi et tes idées qui flirtent avec l’extrême-droite avez envie de mettre en avant ?

— Je t’ai dit que j’avais des directives, bon sang ! Dis-moi, tu comptes discuter comme ça tous les jours ? Parce que c’est un peu agaçant, à force. Je commence à en avoir marre de te voir débouler ici comme si c’était ton bureau, et me faire des remarques comme si c’était toi, le boss ici. Il va vraiment falloir que tu te calmes, Maxime.

— Ouais, eh bien je vais aller me calmer chez moi. Et j’espère que vous allez faire quelque chose pour le matériel, parce que ce n’est pas possible de travailler dans ces conditions. A demain, Nicolas.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et tourne les talons puis sors en refermant vivement la porte derrière moi. J’attrape mon manteau dans mon bureau et ma petite sacoche et sors sous le regard un peu médusé de Yasmina et de Nicolas qui a rouvert sa porte. Je ne leur adresse pas un mot et dévale les quelques marches qui mènent au parking avant de me jeter dans ma voiture que je démarre en trombe. Je dois cependant vite me calmer car le garde de sécurité à la sortie du parking me fait stopper et me contrôle avant de me laisser sortir. Satanée sécurité, on ne peut même pas passer ses nerfs en sortant du boulot.

Quand j’arrive au Château, la route m’a un peu calmé et je me dis que j’ai peut-être un peu exagéré dans mes propos. Je crois que c’est le fait de savoir qu’ils envisagent de me licencier qui m’a mis hors de moi. Et qu’ils n’assument pas. Je ne sais pas ce que Nicolas va faire de mon départ anticipé ce jour et de mon coup de gueule, mais je mets ça de côté et me dis que je ne risque pas grand-chose, finalement. Au pire, je me prendrai un avertissement. Je me gare après avoir passé le petit pont au-dessus des douves et pars à la recherche de Miléna qui a répondu à mon message, même si je ne l’avais pas vu. Elle était dans le jardin en train de rechercher l’emplacement de la statue, mais je ne la vois nulle part à l’extérieur.

Je parcours tout le rez-de-chaussée qui a l’air désespérément vide et monte à l’étage. Je frappe à la porte de sa chambre mais n’obtiens pas de réponse. Je commence à m’inquiéter un peu et réfléchis quelques instants à ce que je vais faire. Je me décide finalement à tourner la poignée de sa porte qui cède et s’ouvre devant moi.

— Miléna ? Tu es là ? demandé-je en entrant dans la pièce.

— Maxime ? C’est toi ? Je suis dans la salle de bain !

Je me tourne vers la porte sur ma droite et m’avance afin de l’ouvrir doucement. Elle est effectivement là, la belle Arménienne, nue comme au premier jour, en train de prendre sa douche. Elle se lave les cheveux, dos à moi, et j’adore la vision qu’elle m’offre ainsi, l’eau coulant le long de ses magnifiques courbes.

— Oui, c’est moi, qui veux-tu que ce soit ? demandé-je en souriant. Tu en as beaucoup des beaux mecs qui viennent te retrouver sous la douche ?

— Non, mais à cette heure, il ne devrait même pas y en avoir un, en fait, rit-elle en se retournant. Tu comptes vraiment me retrouver sous la douche, beau mec ?

— Comment résister à cette belle tentation ?

Je me suis déjà débarrassé de ma chemise et finis de me déshabiller alors que la vapeur commence à emplir la pièce. Apparemment, Miléna aime prendre ses douches très chaudes et je la rejoins dans la cabine alors qu’elle ouvre les bras pour me recevoir de la meilleure des façons qui soient.

— Tu es rentré tôt aujourd’hui, ce n’était pas prévu, si ? m’interroge-t-elle en m’enserrant contre elle.

— Non, ce n’était pas prévu, et j’ai besoin d’un gros câlin pour ne plus penser au boulot, là. Madame est-elle disponible ?

Mes mains se sont posées immédiatement sur ses fesses et je la presse contre mon érection qui se dresse fièrement entre nous. Je sens ses tétons se frotter contre mon torse et nos bouches se rejoignent avant qu’elle ne puisse répondre. L’eau chaude commence à couler aussi sur mes cheveux et nous nous embrassons comme si nous ne nous étions pas vus depuis des mois, comme si notre vie en dépendait.

— Il faut que je vérifie dans mon agenda, mais je dois pouvoir être disponible, oui, sourit-elle en empaumant délicatement mon sexe déjà au garde à vous. Qu’est-ce que tu veux faire, pour ne pas penser au boulot ?

— Je veux te faire jouir, Jolie Étrangère. Encore et encore.

Je parcours son corps de ma bouche gourmande et descends lentement jusqu’à me retrouver à genoux devant son intimité que je viens lécher avant de me concentrer sur son bouton, témoin de son excitation. Ses mains se posent sur ma nuque et elle lève la tête au ciel, vers l’eau de la douche qui s’écoule maintenant entre ses splendides seins avant de se déverser sur ma tête. A chaque coup de langue, elle pousse un gémissement et je me fais un devoir de les multiplier tout en la caressant avec mes doigts jusqu’à ce que je trouve un endroit qui la fait onduler des hanches contre ma langue. Elle est délicieuse en plus d’être splendide et j’adore la voir se donner à moi comme ça.

Pris par mon désir et mon érection qui se rappelle à moi, je me redresse et me relève alors qu’elle se retourne et se cambre en s’appuyant sur le mur de la douche. J’ai l’impression qu’elle est aussi prête que moi pour que nos corps se retrouvent et s’imbriquent à nouveau. Je ne me fais pas prier et m’enfonce d’un coup de reins puissant jusqu’à me sentir totalement au fond d’elle. Elle ne retient plus ses cris et nous nous unissons comme si nos corps étaient faits pour cette proximité, comme si nous avions fait l’amour ainsi toute notre vie. J’adore voir l’eau s’écouler le long de son dos jusqu’à ses fesses rondes que je caresse alors que ma hampe va et vient au fond d’elle.

— Oh, Miléna ! Tu es si belle ! Je vais jouir !

Elle ne retient plus du tout ses gémissements et cela m’excite tellement que je me laisse envahir par un orgasme dont la puissance est renversante. Je jouis en elle et m’accroche à ses hanches devant l’intensité du plaisir que je ressens et qui est encore démultiplié quand, à son tour, elle connaît la petite mort, celle qui nous fait oublier tous nos soucis, celle que nous voulons expérimenter encore et encore.

Quand enfin, nous nous désengageons l’un de l’autre, elle se retourne et se colle à moi en passant ses bras autour de mon cou. Nous finissons cette douche tranquillement en nous embrassant, en nous caressant, ravis de partager ces petits moments qui font tant de bien. A côté de ça, les soucis du quotidien, les problèmes du boulot apparaissent insignifiants. Parce que le bonheur ne se trouve pas au bureau, assurément, si on le cherche bien, c’est dans les bras d’une femme merveilleuse qu’on peut espérer le rencontrer. Et là, je sais que je suis tombé sur la perle rare, celle qui d’un simple baiser peut tout me faire oublier.

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