Le bar

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Après avoir servi les brandys, la patronne leur demanda :

— Vous permettez que je m’asseye quelques minutes avec vous ? Il y a peu de monde à l’hôtel ce soir.

— Bien sûr, dit Maxence, il fait mauvais temps et les gens ne sortent pas.

— Il ne faut pas exagérer, nous n’avons que 360 jours de pluie par an.

— Vous prenez un verre avec nous ?

— Ce n’est pas de refus.

La patronne alla se verser un brandy et ils trinquèrent.

— C’est plus animé en été, dit-elle. C’est rare que les gens qui viennent pour le travail restent pendant le week-end.

— Trop loin pour rentrer, fit Albain.

— Il n’y a pas beaucoup de distractions pour les hommes seuls, à part le « Red Haven ». Vous connaissez ?

— Oui, on nous en a parlé.

Albain n’avait aucune envie de lui raconter leur passage dans cet établissement et changea de sujet de conversation.

— Mrs Anderson, le conservateur du musée nous a dit qu’il y avait un fantôme au Sneaton Castle. Vous y croyez ou n’est-ce que pour impressionner les touristes ?

— C’est exact, il y en a aussi un dans l’hôtel.

— Ici ? Je ne l’ai pas croisé.

— Je vais vous raconter. Le fantôme du château s’appelle Maxwell, c’était le fils de l’aristocrate. Je pense que Mr Turner vous a dit que c’est un uranien.

— Oui, il nous l’a dit.

— Il est tombé amoureux d’un garçon d’écurie appelé Alvin, gros scandale. Les parents ont immédiatement trouvé une femme pour leur rejeton, une dénommée Heather qui, elle, préférait les femmes, elle a eu le choix entre terminer sa vie au couvent ou épouser Maxwell. Elle a choisi l’hymen pour rester libre. Alvin a mal pris l’annonce du mariage, par désespoir il s’est engagé comme mousse sur un bateau.

— Je pense que cela s’est mal terminé, dit Maxence.

— Les deux amis ont décidé de faire l’amour pour la première et la dernière fois la nuit avant le départ du bateau. Ils sont venus ici, à l’hôtel, dans la chambre royale, sous le toit. Le surlendemain, Maxwell s’est suicidé et est revenu hanter sa chambre au Sneaton Castle.

— Et Alvin ?

— Il n’a pas eu de chance, le bateau a sombré dans une tempête le même jour. Il est revenu hanter la chambre où ils avaient passé leur dernière nuit.

— Bien triste histoire, fit Albain. Pourriez-vous nous montrer cette fameuse chambre ?

— Volontiers, si vous pouvez attendre 11 heures, après la fermeture du bar. Je n’ose pas la louer, il y a eu trop de plaintes.

— Pourquoi ? Les fantômes font-ils du bruit ?

— Il paraît que Maxwell et Alvin se retrouvent très souvent ici pour faire… ce que vous devinez. La chambre est restée dans l’état original, elle n’a pas de salle de bain.

À ce moment-là, les deux Écossais, qui logeaient eux aussi à l’hôtel, firent leur entrée et s’assirent dans des fauteuils au bar en face des deux Suisses.

— Dommage qu’il fasse sombre, fit Maxime, ils ont les jambes écartées, on pourrait voir ce qui se cache sous leurs kilts.

La patronne se leva pour leur servir des pintes de bière.

— Ça vous a plu le « Red Haven » ? demanda-t-elle.

— Beaucoup, répondit l’un des deux hommes, vous avez bien fait de nous le conseiller.

— D’ailleurs, dit l’autre en regardant Maxence et Albain, il y avait aussi vos clients.

— Ils ne m’ont pas dit, fit Mrs Anderson en souriant.

— Ils n’ont pas dû apprécier, les filles nous ont dit qu’ils étaient des pédés.

— Je les crois car le plus jeune est venu nous mater aux toilettes du restaurant.

Les deux Suisses étaient soudain inquiets, les Écossais imbibés de bière allaient-ils leur chercher noise ? Étaient-ce des homophobes ? Sans se concerter, ils choisirent de faire profil bas et de ne pas répondre aux provocations.

Les Écossais éclatèrent de rire et l’un dit :

— Allons, ne faites pas cette tête-là, nous n’avons rien contre les gays.

— Au contraire, renchérit l’autre, nous sommes frères et notre aîné l’est aussi.

— Ça nous est même arrivés souvent de nous branler les trois ensemble.

Maxence et Albain poussèrent un soupir de soulagement.

— On va même vous prouver qu’on a rien contre les pédés et on va vous les montrer.

Les deux hommes se levèrent et soulevèrent leurs kilts, dévoilant leurs grosse bites circoncises, la patronne ne rata pas une miette du spectacle.

— Les Écossais sont toujours coupés ? demanda Maxence.

— Tradition familiale. Nous ne nous sommes pas présentés, je m’appelle Ian et mon frère Kilian.

Les Suisses se présentèrent aussi et ils trinquèrent, puis se rassirent. Les Écossais regardèrent ensuite un match à la télévision. Albain dit doucement à Maxime :

— Je me demande. Auraient-ils raison ?

— À quel sujet ? De ne pas mettre de boxer sous leur kilt ? De se faire circoncire par tradition familiale ?

— Non, à notre sujet. Ne serions-nous pas les deux gays ?

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