Krishnamurti

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Je ne sais pas combien de dizaines, de centaines d’heures j’ai passées à fréquenter Krishnamurti, par le biais de ses livres mais surtout par celui des captations audio et vidéo de ses interventions publiques. Pourquoi me suis-je à ce point intéressé à lui ? Je suis bien en peine de répondre à une telle question. Au contraire du cas de Baudelaire par exemple, je ne vois rien en particulier chez Krishnamurti qui pût expliquer un pareil intérêt. C'est la totalité de son discours qui m'a fasciné. La seule réponse que je me sente capable de fournir, c'est, rétrospectivement, de dire qu'il devait y avoir un espace en moi pour accueillir la terrifiante pensée que l'humanité s'est trompée à propos de toutes ses grandes questions. L'amour, la mort, la souffrance, le plaisir, la volonté, le désir, la solitude, l'intelligence, la compassion, etc. Au regard de Krishnamurti, rien de tout cela ne se comprend, ne s'accepte, ne se tolère, n'est à rechercher, subir, ignorer, vouloir, condamner, comme on le dit.

Il y a une petite coïncidence qui m'a toujours interpellé à propos de Krishnamurti, à partir du moment où j'ai vu son nom abrégé K. dans ses livres ou même prononcé tel par lui-même (oui, quand on n'a pas d'égo, il est autorisé de parler de soi à la troisième personne) ou ses interlocuteurs. Je pense évidemment au personnage principal du roman de Kafka, Le Procès, souvent désigné lui aussi par cette seule initiale. Krishnamurti me frappe comme, à plusieurs égards, l'exact contraire de K. Celui-ci est condamné et voué à l'humiliation : Krishnamurti a été toute sa vie un homme très écouté et respecté. K. est la victime d'un système juridique incompréhensible et tout-puissant : Krishnamurti a été le plus libre et le plus intelligent, le plus pénétrant des hommes. K. est un personnage de roman : Krishnamurti ferait passer le meilleur vivant pour un fantôme.

En creux, il y a donc quelque chose d'effectivement kafkaïen à l'oeuvre de Krishnamurti. Sauf que l'homme n'y est pas soumis par un système incompréhensible et tout-puissant, mais par lui-même. S'il fallait résumer son enseignement, on dirait que la pensée est en fait à l'origine de quasiment tous les maux de la terre, ce que l'être humain pourrait corriger en comprenant qu'elle n'est pas son produit, mais au contraire son "créateur". Comme disait Rimbaud dans la fameuse lettre dite "du voyant", juste avant la formule légendaire : « C’est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. »

À partir de là, je ne pourrais plus que répéter bêtement les paroles de Krishnamurti, et je préfère attribuer à l'humilité plutôt qu'à la paresse le conseil suivant : allez le lire, allez l'écouter sur YouTube, il y a des milliers de vidéos disponibles, dont beaucoup avec des sous-titres français. Vous n'avez à y perdre que des illusions.

Si je devais en recommander une seule, ce serait celle-ci :

https://www.youtube.com/watch?v=a-1HdbNZDgQ


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