Chapitre 11: Dérapage incontrôlé

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JAMIE

Je suis en état de choc.

 A cet instant, Hannah n’a rien d’une vierge coincée. Elle m’embrasse comme si sa vie en dépendait et je suis tellement estomaqué que je suis incapable de réfléchir à ce que je dois faire. Mon corps est visiblement plus réactif que mon cerveau car je réalise que mes mains cherchent déjà frénétiquement un passage pour accéder à sa peau. Elles explorent son dos avec avidité, avant de descendre vers ses reins pour trouver le bas de son débardeur. Reprenant mes esprits, j’attrape le tissu, le remonte le long de son buste et décolle brièvement ma bouche pour pouvoir le passer par-dessus sa tête. Elle lève les bras à la hâte et revient écraser ses lèvres contre les miennes en couinant. Le souffle coupé, je pose enfin mes mains sur sa peau tiède et douce. Elle tire sur mes cheveux pour faire basculer ma tête en arrière et je l’entends gémir lorsque j’enfonce de nouveau ma langue dans sa bouche pour me frayer un chemin vers la sienne.

Elle a le goût de framboise et la saveur enivrante reste sur ma langue lorsqu’elle s’écarte pour descendre vers mon cou, mordillant au passage les contours de ma mâchoire. La chaleur de son souffle dans mon cou me fait tourner la tête et Nom de Dieu, la sensation est exquise.

Je voudrais qu’elle soit mienne, ici et maintenant, sur ce canapé. C’est une foutu mauvaise idée et j’en ai parfaitement conscience. Mais ses gémissements me font perdre la raison. Je passe mes mains sous ses cuisses et la soulève, avant de la basculer et de poser son dos sur le fauteuil. Je me relève pour enlever mon tee-shirt que je jette à travers la pièce et essoufflé, je m’arrête quelques secondes pour observer la déesse allongée sous mes yeux.

Cette nana est sublime. Est-ce qu’au moins elle s’en rend compte ?

Je balaye son corps du regard en tentant de calmer ma respiration. Ses longs cheveux sont étalés sur le canapé, magnifique cascade brune et ondulée. Les bras le long du corps, ses mains sont agrippées aux coussins et elle me fixe, son regard empli de confusion, comme si elle luttait entre l’envie de m’embrasser et de me frapper. Elle est énervée, aucun doute là-dessus, mais elle a envie de moi, autant que j’ai envie d’elle, je le vois dans ses yeux. Je peux le sentir à travers chaque cellule de ma peau. Mes yeux lâchent les siens pour trouver sa poitrine, menue, ferme et parfaite. Son soutif en coton noir est simple mais sexy – à l'image de sa propriétaire - Son short en jean m’empêche de voir sa culotte et je suis soudain pris d’une envie bestiale de lui déchirer ses vêtements pour pouvoir la voir entièrement nue.

Non mais c’est quoi ça ? La sauvagerie c’est ton truc depuis quand ? Cette fille te rend dingue mec.

Avant que mes pensées les moins catholiques ne prennent le dessus, je replonge sur elle et nos langues reprennent leur tango érotique. Je me presse davantage contre son ventre. Ses mains explorent mes épaules, ses talons s’enfoncent dans mes reins, maintenant mon corps contre le sien. Elle se met soudain à gigoter et ses paumes viennent se poser sur ma poitrine. Elle me repousse sans grande conviction et s’écarte de mon visage en marmonnant, haletante :

— Je te déteste, James Carter.

Sa voie est basse et pleine de colère lorsqu’elle prononce mon nom, mais ses iris noisette - presque noir à cet instant - sont complètement dilatés par l’excitation.

— Ferme-la Hannah.

Sans lui laisser le temps de rétorquer, je plaque ma bouche contre la sienne et fait glisser ma main vers sa poitrine, lui arrachant avec satisfaction de nouveaux gémissements.

Tant que ma bouche est sur toi, tu peux bien me détester jusqu’à la fin de tes jours.

Enivrée de plaisir, Hannah cambre les reins et j’en profite pour passer ma main libre sous ses fesses afin de la maintenir fermement contre moi. Ma bouche s’aventure dans son cou, puis sur sa clavicule. Elle se tortille sous mon corps et je l’entends gémir mon nom tandis que ses doigts tirent de plus en plus fort sur mes cheveux.

- James…

Ma bouche a à peine le temps d’effleurer de nouveau ses lèvres douces que je sens brusquement son corps se tétaniser sous le mien et glisser vers la gauche pour se retrouver sur la moquette du salon. Abasourdi, je l’observe se redresser précipitamment tandis que son regard se pose successivement sur moi, la porte d’entrée, puis nos habits étalés sur le sol. J’entends alors la sonnerie de la porte d’entrée retentir et je jure entre mes dents en réalisant la raison de son affolement.

La pizza.

— J’arrive ! Je crie lorsque la sonnerie retentie de nouveau. Reprenant ma respiration, je traverse la pièce pour aller attraper mon Tee-shirt que j’ai fait valdinguer à peine deux minutes plus tôt. Je l’enfile sans prendre la peine de le remettre à l’endroit avant de me retourner pour découvrir une Hannah effarée et déjà rhabillée de l’autre côté de la table du salon – elle est n’a pas chômé – je baisse la tête pour vérifier ma dégaine et tire sur le bas de mon Tee-shirt pour essayer, en vain, de cacher mon érection.

Comment veux-tu camoufler ça imbécile, c’est tellement évident que s’en ai douloureux.

— Est-ce que ça va ? Je lui demande soucieux, elle a l'air complètement paumée.

— Ça va, dit-elle en évitant mon regard. Bon sang, elle ment vraiment mal. Je me pince les lèvres et me maudit intérieurement. Dans le genre question idiote, tu n'aurais pas pu mieux faire... Je me contente finalement d'acquiescer et m'avance vers l'entrée après avoir attrapé mon porte-monnaie sur le comptoir de la cuisine.

Quand j'ouvre la porte, le livreur me salut, me reluque de la tête au pied en mâchant son chewing-gum comme un ruminant, mais ne fait aucun commentaire. Il n'a pas l'air choqué le moins du monde par mon allure "retour de baise". Mon petit doigt me dit qu'il a dû en voir de toutes les couleurs avec ce job. Je lui file vingt dollars, son pourboire et lui claque pratiquement la porte au nez, pressé de rejoindre Hannah - Impatient pourquoi faire ? La connaissant, elle a certainement déjà dû fuir très loin de la maison.

Quand je reviens dans le salon, je suis étonné, mais soulagé de constater qu'elle est encore là. Elle est assise sur le fauteuil, et se triture les ongles en regardant la moquette. Je suis frappé par le contraste entre la Hannah déchainée qui m'a presque fait jouir dans mon caleçon il y a à peine cinq minutes et la Hannah silencieuse, alias "vierge coincée le retour" que j'ai sous les yeux. Mis à part ses cheveux qui sont un vrai bordel, elle parait fraîche et tout droit sortie de la douche. Ses habits sont réajustés et son visage est impassible.

Dis quelque chose imbécile.

Ecoute...

— Ne dis rien s'il te plait.

Okay, finalement ne dis rien.

— Je veux dire, ne te sens pas obligé de dire quoi que ce soit, renchérit-elle précipitamment. C'est moi qui t'ai sauté dessus, c'était irréfléchi et ça ne se reproduira plus.

Aïe... Entendre que notre bécotage était une connerie ne devrait pas me blesser autant. C'est pourtant le cas. Je suis déçu par sa réponse et je me frotte la nuque en cherchant une réplique légère pour cacher ma peine.

— Comme tu voudras.

Je me mors la langue et regarde mes pieds en me maudissant. T'appelle ça une réplique légère ? On croirait entendre une adolescente au cœur brisé. Arrêtes de pleurnicher et agis en mâle espèce d'idiot ! Je me reprends et lui lance en tentant d'être plus enjoué cette fois.

Tu as raison, on oublie tout ! De toute façon, ça - je hausse les sourcils et fais des allers-retours entre elle et moi avec mon doigt - ça n'aurait jamais fonctionné et on le sait très bien tous les deux ! Je ricane comme un crétin et rajoute.

— Allez, viens manger et oublions tout ça. "Je te déteste, tu me détestes", on revient à notre bon vieux duo, j’ai l’impression que ça nous convenait très bien à tous les deux !

Je pose la pizza sur la table basse et m'assoit sur le canapé. Toute cette histoire est insensée. Cette situation est gênante comme pas permis. Et je ne sais pas du tout comment réagir. Comme si de rien n'était, j'ouvre la boite et commence à détacher une part de pizza en attendant qu'elle me réponde, le cœur battant. Au bout d'une interminable minute de silence, elle lâche enfin :

— En fait, je n'ai plus faim. Je vais aller me coucher. Merci et ... Tiens. Elle fouine dans sa poche et en sort un billet de dix dollars qu'elle pose à côté de la boite sur la table.

Okay, j'ai peut-être été un chouillat trop léger…

Je la regarde monter les marches silencieusement et lui marmonne un minable bonne nuit auquel elle répond poliment, le visage fermé. J'entends la porte se refermer et plus rien.

Je me sens comme le pire des crétins. Pourquoi est-ce que je me sens coupable au juste - Tu n'as rien fait de mal Jamie. C'est ELLE qui t'a sauté dessus je te rappelle - Bon okay, j'aurais pu la repousser. Je l'aurais fait si j'avais eu une once d'intelligence. Mais je ne suis qu’un homme, faible, stupide - Et visiblement sans aucune volonté - Je pense soudain à Annie, et à la culpabilité - Déjà plus que suffisante à mon goût - s'ajoute la honte. Qu'est-ce qu'elle penserait de tout ça ? Elle me mettrait son pied au fesses sans aucun doute. Je grimace et m'affale contre le dossier. Je ne crois pas qu'elle m'en voudrait d'avoir fricoté avec sa petite fille. Elle était la grand-mère la plus compréhensive et ouverte d'esprit que j'ai jamais connu. En revanche, elle m'aurait certainement traîné par l’oreille jusqu'à la porte de la chambre d'Hannah, afin que je m'excuse pour la façon dont j'ai classé l'affaire.

Tu m'as sauté dessus? On oublie! Nous deux? Carrément impossible! BLA. BLA. BLA. Quel ramassis de conneries! Non mais qu'est-ce qu'il m'a pris de lui sortir des débilités pareilles? Tout ça c'est de ma faute, c'est moi qui l'ai poussée à bout. Son ignorance des dernières semaines me rendait fou. Je l'ai repoussée dans ses tranchées, pour la provoquer, pour attirer son attention, et le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai parfaitement réussi mon coup... Je crève d'envie de poser mes mains sur son corps depuis que je l'ai vu à moitié nue dans ce couloir. Je sens ses yeux posés sur moi chaque jour et je n'attends qu'une seule chose, qu'elle détourne le regard pour pouvoir l'épier à mon tour. Je cherche toutes les excuses possibles et imaginables pour me retrouver dans la même pièce qu'elle. Et lorsqu'elle quitte la maison, je compte les heures en attendant son retour. Franchement, je ne sais plus quoi penser. Je crois que je déraille complètement. Cette fille me tape sur les nerfs, mais elle m'obsède littéralement, et pas une minute ne s'écoule sans que mes pensées de dérivent vers elle depuis ces deux dernières semaines.

Je passe l'heure qui suit à me demander si mes sentiments à son égard pourraient être réciproque, et je ressasse les événements en boucle dans ma tête, encore et encore - Ce qui n'aide vraiment pas - Quand je décide enfin qu'il est temps d'aller me coucher, j’ai un mal de crâne phénoménal, je n'ai pratiquement rien mangé et j'arbore une tête de coupable s'avançant vers la potence. Tout ça est ridicule. Il est presqu'une heure du matin quand je fini par m'endormir et je passe une nuit horrible, hantée de gémissements, de grand yeux noisette et de livreurs de pizza bizarre.

***

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