Le Jusgement de Fuldebert

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Si tost l’espée rangée en son fourreau que Fuldebert ne rêvat que de l’y dégaisner et d’en poursfensdre estocquement son proschain. Aussi ne s’attardoit-il point aux célébrailles adoubesques pour plus tost califourcher son estalon et galoper vers d’accortes bonaventures. Notre héros bastit doncques la campagne de mesme que les campagnards aillant le malheur d’escroiser sa rouste. Il bastonna de si bon cueur les culs terreux qu’à la fin ils n’en avoillent plus que le nom. Puis, fort désireux de se dévergoigner et le droit n’estant que fasbles et légendes comme chacqun sayt, il s’empressa d’exercer son desvoir de cuissage sur la servisle paysannerie. S’estant hardiment orchidoclasté sur quelques pastorals séants et ainsi fort assouvi, il s’en resprit sa rouste vers d’austres horisons, semençant par revers lui les germes naissants de sa paillarde légende.

Or il advint, au cours de ses vagabondages qu’il accomplisse quelques hauts fests d’armes restés dans les annasles. Je m’en vest doncques vous conter d’aucuns des plus mnémorables. Aillez la courtoiserie de ne point désavoyer ny haussebecquer de ma bonne foy, il n’y a balisvergnes ny gascognade dans ma fidèsle chronicque de cette fabulesque histouère. Ceci estant establi, represnons.

Fuldebert, notre preux héros, vadrouillait doncques indigesment à traverse la franche et bocagère campagne d’aslors. N’ayant sol ny louis en poche, il escomptait sur Dieu et la rustique prodigalité des masnants pour le foursnir en bonne chère et doulce compagnie contre quelsques menus sévices. Un jour qu’il estoit de fort fascheuse humeur car il avoye constracté la chaude-lance ausprès d’une rousquine pétrousquine, il odit de rustres criements. Eschaudé, son espée le desmangeant d’estriller son proschain et sa mentule de le compisser, il s’approcha du lieu de l’eschaufourrée. Là, deux vislains vestus de fripes crottées se disputaient une maisgre génisse. Les gueux, avoisant la nosble stature de Fuldebert, cessèrent leurs rebecca et l’adjurèrent de bin vouleoir soluçogner leur différent. Notre héros au bon cueur, adoulci par la patelinerie des serfs, renfourra son espée et les esconvia à l’instruire de leur tracas.

– Par Doué, m’bon seigneur, j’men alloi z’a la fouaire de Bizan là doncques pour y ach’lander ma bounne vaiche en visu d’la vensdre car j’n’avoy plus d’quoué la repaistre, l’a perdu son layct et j’a pas lé sol pour la m’ner au masle l’y fèr fère un p’tiot. Là d’sus, v’là t’y pas qu’à l’austre là y m’astrape ma vaiche et assaye d’a m’la ch’parder.

– Escoutaillé doncques pas a c’te bonimentard m’sire, a’c’te vaiche qu’il y veut vensdre, y m’a la voler pas pis tost qu’à c’mastin et d’dans mon pré ‘cor. Ç'a rin d’austre qu’a sale rapineur d’bestaille, a’c’te route al mène mesme pas a l’ville d’Bizan, m’sire, c’t’une ruse de gouspil qu’y vous sert a c’t’heure, le créancez pas. A’l’ bestiou l’est à mouè.

– Quouè ?! Sal’ gouspin, cess’dont t’a balivairgnes, la vaiche a l’est à moy…

– Hola coquins, grogna Fuldebert qu’agaçoit le patois discourtois, éclusez doncques vos suçoirs ou je vous sarcle le postère avecque ma lasme.

Les gueux se le tinrent pour dit et on odit une mouche voler, avanst qu’un coup de queue de la génisse ne la terrasse. Notre héros pust alors raisosner, besogne fort esprouvante comme chacqun sayt, et enfin, à la grâce de son éducation Câlicienne, élucida le dilesme. Il mit piesd à terre.

– Alors doncques, proféra-t-il à l’attention des vislains, l’un comme l’austre me juroyez que la vache vous compeste. Las, je n’ai le moyen de desviner le franc du foursbe, aussi ais-je décidoyer de dispenser à chacqun une moistié du dit bestiau.

Ce disant, il défourra sa gransde espée et la leva par dessus l’animal. Aussi tost, l’un des serfs s’interpoigna en piaillant.

– Ma Doué, ma Doué, n’estrillez point ma vaiche, j’n’a qu’elle, c’t’une braive vaiche qu’a vous a rin fest. A’l mérite pas mortaille, j’prédilaictiosne ‘cor qu’a s’soye l’austre qu’a l’porte ‘vecque lui.

Hélas pour notre jeune chevaslier, l’austre coquin, qu’estoit pas naquis de la dernière messe et qui savaist bin son catéchèse, s’estait mist à beusgler en cueur.

– Ha non m’sire, feste doncques a’d’mal à ma pouvr’ vaiche, a’l s’pelle Margo et j’aisme ‘cor mieux qu’a’l soye volée par ce visl pendard qu’escoupée en dueux, a pis j’a rin pour a’l’portée sa moistié, hein. Dosnez s’lui doncques a’m’ vaiche, par Doué, mais a’l’flambergez pas, j’vous l’prie.

Fuldebert se gratta l’enstrejambe, fort marri d’estoit confronsté à une situation dont la saincte bible ne pouveoyait l’estraire. Ne s’en remestant qu’à sa sueule jugeote mais, dosté de ce sens de la justice qui lui estoit propre, il trancha.

– Oyez, vils bélîtres, que je vous affranchoisse de mon verdict. Doncques, fieffés faquins que vous estes, vous presférez vous veoir desposséder du bestiau au besnefit d’un austre que je l’estripaille céans, est-ce just ?

Les vislains opinèrent gravement du chef pour tesmogner de leur agresment.

– Ma foy, je vest doncques vous constenter tous dueux.

Et il s’empara du licol de l’animal qu’il alloit nouer à la selle de sa monsture. Las, les gueux, voillant le fruict de leur algarade leur estre confisqué de la sorte ne l’odirent point de cette esgourde et d’une cosmune alliance, s’en prisrent à notre héros. Mais un chevalier papalin de l’ordre du Saint Câlice, mesme adoubé par une heureuse fortune, est un adversaire d’une austre trempe. Aussi desculotta-t-il les sans culotte avecque désinvolte et volupté, puis, une fois les masnant atterrés et geignissants, il débraguetta et souslagea sa chaudepisse de sus leurs corps rusdoiyés. Et il s’en fust, tel un prince d’aslors, ensportant par revers lui la vache tanst conveoitée.

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