Chapitre 1 (version B corrigée)

8 minutes de lecture

48ème UT, TU 35988 de l’UIG

À bord du vaisseau பாத்39선박 affrété par l’UIG

C’était une galaxie assez semblable à toutes les autres et, dans un de ses bras, une étoile, சூன், vraiment banale. Juste une naine jaune commune, siège de réactions de fusions intenses. Treize globes tournaient autour sur un plan quasi identique pour toutes. Elles avaient des tailles très différentes et des compositions variées – des planètes solides, ou presque totalement recouvertes d’eau, voire gazeuses — avec des anneaux pour certaines. Les conditions de température à leur surface allaient de la fournaise au presque zéro absolu. La gravité était très diversifiée de l’une à l’autre. Certaines avaient une atmosphère riche en oxygène, en azote, en dioxyde de carbone, voire en acide sulfurique, tandis que d'autres n'avaient pas d'atmosphère du tout.

Une première expédition rapide, avec des vaisseaux-sondes, avait pu établir une cartographie de ce système. Les quatre planètes périphériques, les plus grosses, deux géantes gazeuses et deux planètes de glace encore plus extérieures avaient été exclues de l’exploration physique présente puisque rien de vivant n’y avait été détecté par les sondes et aucun artefact artificiel n’y avait été aperçu, ni sur elles ni sur leurs satellites naturels. Il en était tout autrement pour les deux membres, les plus externes, d'un groupe de quatre petites planètes, situé à l'intérieur d'une curieuse ceinture d'astéroïdes. Sur ces dernières, repérées சூன்03 et சூன்04, des vestiges d’infrastructures avaient été observés, de même que sur leurs satellites. Les températures semblaient beaucoup plus clémentes. C’était donc, a priori, de là que le fameux objet extra-galactique était parti, un jour lointain, même si, lors de cette première mission, aucune trace de vie évoluée n’avait pu être constatée.

Le vaisseau de l’UIG s’était mis sur une orbite d’attente héliocentrée, calée entre celles-ci, synchrone avec celle qui était le plus au centre, et paraissait la plus prometteuse…




Ainsi voilà ce système duquel semblait venir cet étrange « voyageur », se dit Brixtral, qui avait obtenu le privilège de suivre cette exploration approfondie. Une planète désertique et une recouverte à plus de trois quarts d’eau. Pour lui, non-spécialiste en anthropologie extra-UIG, il était hautement probable que l’espèce intelligente existe dans ce milieu liquide, c’est ce qui apparaissait le plus logique, comme c’était le cas pour les Abloniens.

Cependant, les photos prises en orbite avaient montré de nombreuses constructions sur la partie émergée des sols. Des aménagements généralement en ruines, témoignant d’une civilisation maintenant disparue. Ce qui correspondait aussi à ce qui avait été détecté sur sa voisine, ainsi que sur certains satellites. De grandes structures faites de métal et d’un matériau transparent, à moitié détruites, sans plus la moindre trace de vie pour ces derniers.

Est-ce qu’ils arrivaient trop tard ? Cette vie intelligente se serait-elle définitivement éteinte ? Tout ce voyage éprouvant pour rien ? Non, impossible ! Ils devaient trouver quelque chose qui justifierait tout cela ! La crédibilité de l’Iixtrien, ainsi que celle de la Commission des Affaires InterGalactique, en dépendaient.

— S’il vous plait, Intels, ne pourrait-on pas se mettre d’accord sur un ordre d’exploration ? Il va bien falloir commencer quelque part… Pourrait-on se concerter ? On se fait une petite réunion sur le sujet ?

Ainsi parlait Asobalarava, la scientifique en chef de cette mission. Aussitôt, chacun abandonna ce qu’il était en train de faire pour venir s’installer dans la salle de conférence dans laquelle se trouvait déjà l’Ablonienne.

— Bien, qui veut la parole en premier ? Secrétaire, quelque chose à dire ? fit-elle en se tournant vers le jeune Iixtrien.

Les experts éprouvaient des sentiments partagés à son égard, un mélange de mépris – il n’était pas des leurs – et de respect – il représentait quand même leur commanditaire en tant que Secrétaire de la Commission des Affaires InterGalactiques, ce qui rendait leurs relations parfois complexes.

— Merci, Asobalarava, je vais attendre que chacun s’exprime et, si besoin, je communiquerais mon point de vue, mais ce ne sera pas forcément utile, répondit Brixtral avec modestie.

Il savait rester à sa place et, à moins d’une incohérence criante, il avait bien l’intention de laisser les spécialistes investiguer en paix.

— Si je peux me permettre, je pense que nous devrions débuter par la planète bleue, celle couverte d’eau, c’est là que nous avons le plus de chance de trouver de la vie, intervint Chtchinionina.

Était-ce une tentative de flatterie envers la responsable scientifique de la mission ? Il n’empêche que celle-ci s’agita dans sa cuve, générant quelques éclaboussures. Certes, la vie intelligente devait probablement être aquatique, mais était-ce le bon choix de commencer par-là, se demandait Brixtral, perplexe.

— Je crois que ma collègue fait une erreur, rétorqua Oostrail, l’Oosat présent, se déformant légèrement. En effet,pour moi, il nous faut éliminer les pistes les unes après les autres et entamer notre mission par les satellites sur lesquels on a observé ce qui ressemble à des ruines avant d’aller vers la planète rouge et marron, puis terminer par la bleue. Ainsi nous irons progressivement vers de plus en plus d’informations.

— Je vous rappelle que nous devons rester distants, il n’est pas prévu de prise de contact. Nous n’avons pas reçu de mandat pour cette étape avec l’espèce Intel, intervint Asobalarava en s’agitant dans sa cuve.

— Je pense que mon collège Oosat a raison, soutint finalement Broxvrat, le scientifique iixtrien. Il nous faut aller du plus éloigné de cette espèce vers le plus proche, et ce d’autant plus que, comme l’évoquait fort justement Asobalarava, nous n’avons pas reçu mandat pour un contact. Nous devons donc en découvrir le plus possible à distance. Et quoi de mieux que les traces d’une civilisation pour en apprendre sur elle ?

— Je me permets de ne pas approuver, reprit Chtchinionina avec les pointes de ses pattes rougissantes, signe de sa réprobation la plus ferme. Rappelez-vous que, plus tôt nous aurons fini, plus rapidement nous pourrons rendre compte à la Commission, et plus vite nous règlerons ce problème…




Brixtral qui pensait qu’ils allaient promptement arriver à un consensus en était pour ses frais. Il avait oublié ce que disent les Iixtriens, Intels d’action : « mettez trois scientifiques dans une pièce, il y aura forcément quatre avis différents ». Il songea un instant à sa communauté… ils lui manquaient tellement. Il se sentait comme orphelin éloigné d’eux. Déjà quarante UT sans eux depuis qu’il était parti de மையம்01센터. Comment allait-il tenir aussi longtemps loin d'eux ?

— Si je peux me permettre, bruissa le Fluuusio présent, tirant notre Iixtrien de ses pensées nostalgiques.

— Permettez-vous, cher confrère, clapota Asobalarava.

— Je me dis qu’il serait en effet plus sage de commencer par ces satellites et de prendre un maximum d’informations avant de nous rapprocher de cette espèce. En effet, nous ne savons pas à qui nous avons à faire. Il s’agit peut-être d’Intels belliqueux ? Nous ne sommes pas des guerriers et il serait fortement préjudiciable que nous ne rentrions pas faire notre rapport, non ?

La voix de la sagesse s’exprimait par la ramure de Fluuusigrati, se dit le secrétaire Iixtrien. Mais tout le monde n’était pas de cet avis.

— Permettez-moi encore de m’élever contre cette proposition qui me semble dispendieuse. Je vous rappelle que nous essayons également, au sein de l’UIG, de faire des économies et qu’une journée supplémentaire de notre expédition coûte, au bas mot백만39 de crédits, surenchérit Chtchinionina, les pattes devenant entièrement écarlates.

— Noooon, vous exagérez, ma chère collègue, tout au plus오십 만12 crédits, rétorqua Oostrail.

Les Oosats étaient des mathématiciens émérites — c’étaient d’ailleurs eux qui avaient vérifié les calculs du Centreமையம் — l’Iixtrien avait tendance à faire confiance à ces derniers, plus qu’à l’estimation, sans doute un peu extravagante, de la Chtchinion.

— Avez-vous bien pris en compte les coûts globaux avec le carburant et la nourriture ? interrogea celle-ci.

— Oui, ma chère consoeur, ainsi que nos rémunérations.

— Il faudra que vous me montriez vos chiffres.

— Avec plaisir !

Ils s‘apprêtaient à se mettre à part pour chipoter des points de détails quand l’Ablonienne y mit le holà :

— Intels, Intels, allons, allons, nous ne devrions quand même pas nous disputer pour quelques chiffres…

— Mais il s’agit de l’argent de l’UIG, intervint Chtchinionina, outrée, les pattes devenues vermillon.

— Ne vous inquiétez pas, chère collègue, la rassura Asobalarava, immobile dans sa cuve, je prends cela sur moi.

— Si vous le dites, grommela-t-elle, ses extrémités s’éclaircissant un peu.

Enfin, l’accord semblait proche. L’exploration allait sans doute pouvoir commencer rapidement. Brixtral était heureux. Il allait bientôt être amené à descendre sur ces satellites et voir de ses propres trois yeux ce qui restait de cette mystérieuse espèce.

— Si vous me le permettez, ma chère Asobalarava, intervint inopinément Broxvrat, j'estime que nous devrions établir un programme d’investigation légèrement différent de ce que proposait mon collègue fluuusio.

— Ah bon ? tiqua celui-ci, son feuillage bruissant et devenant cramoisi.

— Oui, mais là, ce sera plus pour des conditions spatiales que simplement liées à cette espèce Intel inconnue.

— Faites-nous part du fond de votre pensée, Broxvrat, l’encouragea l’Ablonienne.

— Je crois que du point de vue pilotage et gestion de notre carburant, il serait sans doute plus sage de se concentrer sur cette planète rouge et ses deux satellites, pour aller ensuite se mettre en orbite de celle qui est bleue, explorer son propre satellite avant de nous focaliser sur celle-ci. Qu’en pensez-vous ?

Les Iixtriens, depuis la nuit des temps, étaient de grands navigateurs et parcouraient l’espace dans tous les sens. Ils avaient acquis une intelligence innée de la « trajectoire ». Brixtral ne put s’empêcher de ressentir une certaine fierté suite à l’expression synthétique et claire du scientifique iixtrien.

— Cela me semble une bonne idée, acquiesça Asobalarava.

— Nous sommes donc d’accord ? Nous commençons par la planète rouge சூன்04 et ses satellites சூன்04-செற்01 et சூன்04-செற்02, puis celui de la bleue, சூன்03-செற்01 avant de terminer par celle-ci, சூன்03 ? synthétisa Fluuusigrati dans un frémissement de ramure.

— Pas de remarque ? interrogea l’Ablonienne, son regard dirigé vers la Chtchinion qui se décolorait progressivement, revenant à sa couleur grisâtre d’origine.

— Non, non marmonna-t-elle. C’est bon, si vous en prenez la responsabilité, je suis d’accord.

— Bien, conclut la cheffe scientifique de la mission. La réunion est terminée, vous pouvez retourner dans vos quartiers ou vaquer à vos occupations antérieures.




Brixtral se retira dans sa cabine, laissant les experts discuter entre eux. Il envoya un message au président de la Commission pour le tenir au courant de l’avancement de l’expédition de recherche. Certes, celles-ci n’avaient pas encore démarré, mais au moins, un ordre de priorité avait été établi, ce qui était un bon début. Il lui narra les légères dissensions au sein de l’équipe scientifique, mais surtout le rassura sur le fait que finalement, tout se passait bien.

Puis, sans doute épuisé par le voyage, il ferma ses trois yeux et s’endormit sur place, sans même s’allonger.

Il rêva d’exploration en habits étanches, sur une planète désertique de faible gravité… Il se voyait se mouvant avec une lenteur gracieuse, comme s’il dansait – alors que son espèce détestait cela — et découvrir des restes d’installations. Lors de sa mission, il rencontrait un être étrange, vêtu d’une tenue blanche. Cet Intel – car, il s’agissait bien d’un Intel - était vraiment singulier : il n’avait que deux bras et deux jambes. Comment faisait-il donc pour être stable et ne pas basculer à chacun de ses mouvements ? Il tenait un objet dans une de ses extrémités et le dirigea vers Brixtral. Une sorte de rayon en sortit qui vint frapper l’Iixtrien, provoquant sa chute et le percement de sa combinaison. Tout son air s’en échappait ! Il allait mourir ! Il ne retrouverait plus sa communauté !

Il se réveilla, affolé. Ce cauchemar resta ancré dans son esprit toute la journée tel un message de mauvais augure. Si Brixtral, comme tous ses congénères, ne reconnaissait pas ce que d’autres Intels de l’UIG nommaient «prémonition», il ne put s’empêcher d’y voir un lien avec la mission en cours. Pourvu que ce ne soit pas une espèce belliqueuse qui leur avait envoyé ce « voyageur » et que tout ceci ne soit pas un piège…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 8 versions.

Vous aimez lire Fred Larsen ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0