IX- Des journées suivantes

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 Les journées qui suivirent se ressemblèrent beaucoup, je ne vais pas cacher que je n'en garde pas mes meilleurs souvenirs. En revanche cela reste une épreuve qui fait plaisir à avoir surmonter. Les journées se passaient avec un entrainement au corps à corps le matin, du tir à l'arc l'après-midi et des exercices justes physiques avant la fin de la journée.

La douleur de mon corps que j'avais banni la première journée est revenue le lendemain, puisqu'elle n'était pas la même, c'était une nouvelle. Je n'ai pas réutilisé mon pouvoir ce jour-là ni les jours d'après. Les mots du Chef résonnaient dans ma tête. Et comme il l'avait dit, la douleur s'estompait au fil du temps, soit on ne la ressentait plus, concrètement parlant, soit on n'y prêtait plus attention.

Une autre chose prit place dans mes questionnements intérieures. Je raconte cela a posteriori, je pense que j'augmente de beaucoup la profondeur de mes pensées, mais je reste dans le vrai, je me suis constamment questionné comme je le raconte. Après quelques jours, les séances de fins de journées ont été remplacé par l'apprentissage des tactiques militaires. Nous étions formés aux mouvements d'armées d'avant l'affrontement des lignes. Je me suis rendu compte ainsi que le nombre que nous étions, vingt et un, n'était pas fait par hasard. De même, quatre de mes camarades parmi les plus grands souffraient d'exercices de musculations supplémentaires. Ils devenaient les piliers de certains mouvements. Tandis que je me trouvais, moi, au centre de chaque formation. Je ne comprenais pas pourquoi ce traitement particulier. Mais je n'ai jamais osé demander au Chef ou au Sergent. Peut-être une peur d'eux, ou un respect... ou peut-être étais-je déjà formé à l'obéissance inconditionnelle aux ordres ?

Ou alors nous étions destinés à quelque chose de bien particulier ? Un camp militaire qui forme des recrues près de la ville d'Elk, on pourrait penser rapidement qu'il est fait pour former les futures gardes de la ville. Je le pensais aussi jusqu'à ce que mes pensées me fassent voir autre chose. Le chevalier Rollon sait qui je suis, l'énigmatique messager du camp, que je n'ai jamais revu par ailleurs, semblait me connaître aussi. Et si ce camp était fait pour former des soldats pour me protéger ? ou pour toute autre tâche qui me concerne ? puisque je ne sais pas ce que je dois faire moi-même. Cela me semblait de plus en plus évident avec la compréhension des formations de batailles que l'on faisait, une me protégeait complétement comme si je ne savais plus me battre, un peu comme si j'étais blessé, une autre me plaçait à la tête, au premier rang, entre les trois meilleurs bretteurs du groupe.


 En bref, les journées passaient et nous étions formés pour une raison qui était de moins en moins évidente à mon esprit. Si l'entrainement en soi devenait plus instinctif et moins douloureux, je mettais moins le cœur à l'ouvrage sur la fin du séjour de deux semaines. Et puis un matin, je crois que c'était quatre jours avant ce que je pensais comme la fin du camp militaire, un doute s'ancra en moi. Pourquoi --oui, toujours un "pourquoi-- deux semaines ? Qu'est-ce que cela représente ? Et est-ce que c'est vrai ? Cette durée, c'est le chevalier qui me l'a dit, je n'ai eu aucune confirmation de la part de quelqu'un d'autre.

Ce "quelqu'un d'autre" ne pouvait être que le Chef. Malgré deux autres tentatives de ma part, je n'ai discuté avec aucun de mes camarades. De désespoir d'échanges je me suis même tenté à dire un mot devant le Sergent, il m'a ordonné de me retourner, il m'a mis un coup de pied aux fesses en m'ordonnant de rejoindre ma tente. Le Chef était ma dernière solution. Ce matin, donc, prit de ce gros doute, je me suis levé largement avec l'heure du rassemblement. J'ai pris mon courage à deux mains, je suis sorti de ma tente et je me suis dirigé vers celle du Chef.

Au même moment où j'arrivais à sa hauteur des bruits de galops montèrent de l'allée centrale. Un cavalier arrivait vers moi à toute allure. Il était bien avant six heures du matin, le Soleil n'offrait pas encore une lumière nette, aussi j'ai eu du mal à le distinguer de loin. Je me suis arrêté et j'ai attendu qu'il arrive. Il avançait à une bonne vitesse et il ne semblait pas vouloir décélérer. Il dépassa la distance que je me suggérais raisonnable d'être la limite pour commencer à s'arrêter sans forcer sa monture. Et ce n'est qu'à une limite inimaginable que le cavalier entreprit d'arrêter sa monture. Un hennissement infernal me prit aux oreilles tandis que j'observais le chevalier Rollon stopper son cheval. Ce dernier dérapa dans la boue de manière adroite et se stoppa juste devant la tente du Chef. La respiration du cheval faisait trembler la toile.

"Le bonjour Arn ! Tu es matinal ! Comme tu le vois, moi aussi.

- Et pressé. Je luis lança en souriant et en faisant un signe de la main.

- En effet. Puis il tourna la tête et cria : Capitaine Irène ! Seriez-vous visible à tout hasard ?"

De l'intérieur de la tente nous entendîmes une voix répondre :

"Entrez Sir. Après quoi le chevalier descendit de sa monture. Mais une fois les deux pieds par terre il s'immobilisa. Il attendait quelque chose. Le Capitaine ajouta : Entrez tous les deux."

Ce que nous fîmes ensemble.

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