XIV- De la perspective 2/2

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 Il n'était plus l'heure de réfléchir mais celle d'agir. J'agis instinctivement, faisant parler l'entrainement. Le Chevalier venait sur moi l'épée tendu en direction de mon estomac, lorsqu'il était à ma hauteur j'ai tenté une esquive sur le côté consistant à pivoter sur moi-même en faisant un pas sur la droite, lorsque je revenais dans ma position de départ je voyais le Chevalier emporter dans son mouvement et me dépasser. J'ai laissé le pieds trainer sur son chemin et il a trébuché dessus pour s'affaler dans la boue derrière moi. Je pivotais une seconde fois pour le regarder se relever.

"Infâme créature !" cria-t-il de colère en s'enlevant la terre du visage.

Et il me chargea l’épée levée au ciel. Quand tout à coup une lumière fugace tomba du ciel suivi d'un bruit immense à la limite du supportable. Un éclair tomba si vite qu'il surprit tout le monde. Plus encore le Chevalier en face de moi, parce que l'éclair été tombé sur lui, l'épée l'avait attiré au milieu de ce champ vide. Après être resté quelques secondes immobiles dans sa position, le Chevalier craqua et s'écroula. Il était mort fauché par le désir du Ciel.

Mais je n'étais pas indemne non plus. Je me trouvais à peu de distance de l'impact de l'éclair et la force qu'il transporte se répand dans une zone de quelques mètres autour. Sauf que je n'ai rien senti. L'éclair m'a traversé de bas en haut puis de haut en bas, je l'ai vu aller et venir sur mon bras que j'avais devant les yeux comme des petits arcs de lumière bleue filant en se tordant comme des serpents. La lumière bleue, j'ai tout de suite pensé qu'elle était identique à celle qui m'a sauvé de la mort contre Raymond et ses brigands. Mais celle-ci était concrètement imprégnée de l'énergie de l'éclair. Pouvait-elle être la même ? Que mon pouvoir soit celui d'un éclair ? Cela n'avait aucun sens.


 Tandis que je voyais accourir deux personnes de l'armée adverse, j'ai planté mon épée dans la terre et je suis allé au chevet du Chevalier.

Il ne bougeait plus, ne respirait plus mais il avait les yeux grands ouverts. Il avait encore dans ses yeux les flammes de tout à l'heure mais perdaient en taille seconde après seconde. Lorsque les deux autres arrivèrent au-dessus de moi, le feu intérieur du Chevalier s'était éteint.

"Il est mort. Je prononce doucement en relevant la tête.

- Merde ! dit l'un.

- C’est pas bon, c'est pas bon !" répétait l'autre.

Je me relevais pour les laisser prendre place autour du corps. J’ai jeté un regard vers mes recrues, elles n'avaient pas bougé d'un pouce. Elles subissaient la pluie, l'humidité devait avoir atteint tous les vêtements et toucher les corps à présent. J'ai regardé l'autre armée ensuite. Les soldats s'étaient désarmés dans leurs tente pour la plupart et revenait voir la scène en s'approchant petit à petit.

Le duel ne s'était pas achevé comme convenu, ils pouvaient refuser que je passe avec mon groupe jusqu'à Elk. Il fallait que je trouve quelque chose à faire ou à dire. Un éclair tomba de nouveau. Celui-ci était beaucoup plus loin, il n'a touché personne. Mais cela me donna une idée. Si l'on suivait la direction des deux éclairs, l'orage allait vers Elk. Je pouvais jouer avec. Il fallait que je prenne la parole très haut, au-dessus des trombes d'eau, de l'orage et des discussions probables entre camarades. Je me suis concentré quelques instants pour trouver le courage et la force de faire cela.

Et j'ai pris la parole. J'ai parlé non pas fort, puisque je ne sentais pas mes cordes vocales souffrir, mais d'une manière que tout le monde m'entende. Ma voix s'entendait dans toutes les têtes, c'était la solution que j'avais trouvé. Cela amplifiait d'autant plus la peur que je voulais donner à mes ennemis.


"Partez ! Fuyez ! Vôtre Chevalier est mort ! Le Ciel a frappé pour rendre justice ! Ce qu'il s'apprêtait à faire n'est pas bon ! La guerre n'est pas la voie à prendre ! Le Ciel s'avance dans cette bataille pour défendre Elk et tous ses innocents ! Partez ! Fuyez !"

Et j'espérais que cela ferait son effet. J'avais fermé les yeux pour me concentrer sur mes paroles. Je les avais entendues moi-même comme une voix venant de nulle part et en même temps de partout autour de soi. Lorsque j'ai rouvert les yeux, je regardais devant moi et l'armée qui s'était totalement stoppé. Un instant plus tard j'observais qu'il y avait des échanges de regard et de parole entre les soldats. Mais personne ne faisait le moindre mouvement de recul ou d'avancée.

Une main vint se poser sur mon épaule. Je sursautai.

"On ne peut en rester là ! cria le deuxième à avoir pris la parole tout à l'heure. Je me tournais vers lui, il avait dégainé son épée et me défiait du regard. Tu dois mourir !

- Arrête ça tout de suite Régon ! On doit partir. Fit le premier.

- Je m'en fous, je réclame une mort pour une mort. Il me regardait toujours avec l'intensité du chasseur sur sa proie

- Alors toi, vraiment, tu en tiens une couche... Nous avons perdu, il est temps de rentrer.

- Tant qu'il me reste un souffle de vie, je continue le combat ! Il avait enclenché le mouvement d'attaque vers moi lorsque son compère l'arrêta net en posant sa main droite sur la sienne.

- Souviens-toi d'Illas-Sar. Tu m'avais retenu de faire une folie.

- Je... me souviens. Les yeux des deux hommes sombrèrent dans les souvenirs et les regards se baissèrent vers la terre.

- Rentre avec moi et on est quitte.

- Toi ! L'apprenti Chevalier ! me défia une dernière fois l'énervé qui avait repris d'un coup toute son énergie. On se reverra ! Et il n'y aura plus aucune raison sur la Terre et au Ciel pour m'empêcher de te tuer !

- On fait comme ça." Je concluais en le défiant du regard.


 En même temps je reprenais mon épée, j'essuyais la terre qu'elle avait sur le bout et j'observais les deux compères partir en emmenant le corps du Chevalier et son épée. Arrivé à la hauteur des premiers soldats, un mot a été échangé et tout le monde se mit en branle pour partir d'ici.

Soulagé de la tournure des événements, je souriais et je relâché les nerfs. J'entendais derrière moi des cris de joie et d'autres hourra.

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