XVI- De la troisième expérience ou Du deuxième éclat 2/3

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 Deux tours de siège s'approchèrent d'abord. Chacune allait d'un côté de la porte sud de la ville. Aussi, comme je n'avais ni arc ni flèche, je ne pouvais que regarder impuissant les scènes. Les archers parmi les défenseurs faisaient leur maximum, mais les tours de siège s'avançaient imperturbable. Lorsqu'un attaquant tombait sous un trait, deux âmes prenaient sa place au pieds de la tour.

L'une après l'autre, les tours de siège arrivèrent à leur destination. Le pont de bois qui devait faire la jonction entre la tour et le sommet du mur tombait et les attaquant sortaient deux par deux ou par trois sur le pont puis sautaient sur le mur. Les défenseurs tinrent leur position quelques minutes, les premiers envahisseurs mourraient sur les coups d'épées ou sous les flèches, mais très vite les défenseurs durent reculer. Leur nombre à eux aussi diminuait à chaque mort. Un attaquant arrivait à tuer un défenseur avant d'être occis par un autre défenseur. Le surnombre de ces envahisseurs faisait basculer la bataille d'un côté comme de l'autre de la porte.

Je ne tenais plus en place. Je regardais de haut ces combats. Ils tournaient au massacre des défenseurs, au massacre de citoyen à peine armé ou aux paysans tels que ceux que j'avais formés. Mais on m'ordonna de ne pas bouger, de tenir le sommet de la porte. Les chaînes du pont-levis qui se trouvaient à ma hauteur ne devaient tomber entre les mains ennemies. Mais dans quelques instants ceux-là seront dans les tours de la muraille et prendront les escaliers. Je ne devais pas rester en haut mais défendre les positions en bas. Mais rien à faire, le Garde Royal m'interdit de bouger et lorsque je criais très fort au-dessus des combats l'appel au commandant, j'entendais une voix grave me répondre par la négative.


 La situation restait ainsi un petit moment. Les combats sur les murs stagnaient un peu, aucun autre bataillon n'arrivait par les tours de siège, les lignes restaient devant les portes de la ville, comme si elles attendaient quelque chose. Et à l'instant précis où je regardais le dernier assaillant sauteur du pont de bois de sa tour de siège, un cri aigu, très aigu résonna au sein de l'armée en bas.

J'aperçu avec horreur que les lignes ennemis m'avaient caché une vingtaine de très grands aigles. Ils décollaient à présent, chevauché chacun par un... peut-on dire cavalier dans cette situation ? Et les aigles se dirigeaient vers nous en toute hâte. C'est alors que le Garde Royal me présenta quatre javelots. J'ignorais où ils les avaient cachés, puisque dans ma rage j'avais parcouru l'étage de long en large mais je les pris.

"Tire juste, vise l'aigle, l'autre est inutile." Il me donna l'ordre.

Je comprenais enfin à quoi je servais ici, maintenant. Les aigles se rapprochaient, ils étaient vingt-quatre, ils ne pouvaient attaquer tous ensemble, il n'y avait pas la place, ils se sont relayés. L'aigle visait ou du bec la poitrine de l'homme à abattre ou bien des serres pour le prendre, l'emmener dans les airs et le lâcher pour qu'il meurt à l'impact de la terre. Ainsi, dans leur dernier mouvement, les aigles étaient très fixes, les visait et les atteindre n'était pas difficile. Lancer un javelot avec une bonne force pour qu'il puisse toucher et tuer, c'était une autre histoire. Je n'avais que quatre javelots, je perdis le premier en essayant d'avoir de côté un aigle passant prendre l'homme à deux mètres de moi. Le deuxième toucha l'aile de l'aigle de la deuxième vague qui me visait. Il finit par s'échouer contre la pierre à quelques mètres de la plateforme où je me trouvais. J'entendis une seconde plus tard son corps toucher terre. Le troisième javelot fini dans le cœur d'un aigle qui eut l'audace d'atterrir devant les chaînes de la porte. Puisqu'il était concentré sur elles, il fut facile d'aller jusqu'à lui, de se mettre devant et de rapidement toucher son torse entre les plumes. Le quatrième ne fut jamais lancé. Un autre aigle me prit par surprise entre ses serres, peu de temps après que j'ai tué son camarade et tenu par le bras gauche, je m'envolais dans les airs. Puis les serres s'ouvrirent et je chus de bien plus haut que la plus haute maison de la ville.


 Mais cela va de soi, je touchais terre sans aucune blessure. Et même, dans le même élan, je fis un bond pour repartir dans les airs et revenir sur ma plateforme préférée, à la défense de la porte sud. Deux aigles trouvèrent place lorsque je revins, il n'y avait plus beaucoup de défenseur. Le Garde Royal avait brandi son épée et se défendait contre les coups de bec de l'un des aigles. Je courrai vers l'autre. Je sautai encore d'un bon mètre de hauteur pour arriver au niveau de sa tête et, l'épée sorti, je tranchai d'un coup sec son cou. Sa tête sauta et tomba bien loin en bas, le reste du corps s'effondra. Tuer son chevaucheur fut un jeu d'enfant, il était à moitié coincé sous le corps de son animal. Je vis le Garde Royal arriver à tuer son aigle. Il ne restait plus que nous deux devant les chaines et en face de nous, dix aigles tournaient encore autour de la plateforme.

Le même cri aigu qui avait lancé l'assaut s'entendit et les aigles arrêtèrent leurs tours pour revenir vers l'armée. Celle-ci n'avait pas bougé. Puis lorsque le dernier des aigles disparu derrière les lignes, les bataillons bougèrent. Ceux sur les côtés se dirigèrent à marche forcée vers les tours de sièges toujours en place, ceux au milieu ouvrirent quelque peu leurs fronts pour laisser passer un grand bélier de bois. Puis ils l'escortèrent en direction de la porte.

Sur les murs, les combats avaient cessé depuis l'assaut des aigles, les premiers envahisseurs avaient été tué ou repoussés. Mais les défenseurs n'avaient pas le temps de s'occuper d'abattre les tours de sièges, le second assaut était déjà à leurs pieds. Quant au bélier, il avançait, lentement mais sûrement. Personne parmi les défenseurs ne pouvait interrompre sa marche. Lentement mais sûrement, l'arme fera son office et les envahisseurs entreront dans la ville.

J'entendis sur les murs le cri de panique "Bélier !" montrant l'inévitable. Et je ne sais comment, tellement le bruit de la bataille résonnait encore à mes oreilles, mais j'entendis le vent de panique s'engouffrer dans les rues de Elk. Les portes de la ville ne devaient simplement pas tomber. Ce serait un massacre.

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