XXII- De la séparation 2/2

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 A partir de là, les choses m'ont semblé accélérer. En fait je suivais simplement mon père qui savait où aller. Il a amené sa monture devant une des maisons qui faisaient face à l'eau à une bonne centaine de mètres. J'ai imité ses gestes, je suis descendu de mon cheval et j'ai pénétré dans ladite maison. En réalité c'était un atelier de tisserand à l'intérieur bien qu'il se trouvât dans une masure simple avec une petite porte encastré dans son mur de chaux et une fenêtre seulement donnait sur l'extérieur, sur notre gauche. Dans la pièce où nous entrions un type enjoué nous accueillis d'un "Bonjour !" amical.

Mon père marchanda avec lui des vêtements en tissu simple contre de la monnaie qu'il sortait de sa ceinture. Il acheta des choses commodes et communes pour chacun de nous. Finn prit une série de vêtement supplémentaire pour le Chevalier Rollon.

Je remarquais que chacun de nous était discret. Les échanges avec le tisserand furent très directs. J'ai compris qu'après quelques secondes de réflexion que, comme le Chevalier Rollon, il ne fallait pas qu'on nous reconnaisse. Je me suis rendu compte aussi que j'avais oublié l'espion qui nous suivait. Je ne savais pas s'il nous avait pisté jusqu'ici. Depuis que l'on a quitté la route principale en suivant le Chevalier Rollon, je n'ai pas jeté de regard en arrière.

"Et ceci est pour ton silence sur ma venue et mes achats, Rick." termina mon père après l'échange. Il semblait le connaître. Mon père était peut-être passé par ce village un jour.

Comme cela n'étonna personne dans le groupe, je n'en fis pas plus. Ce n'était, au fond, qu'un indice de plus pour me dire que je voyageais avec de bien étranges compagnons. Tous semblaient agir comme une habitude en changeant leurs habitudes pour la situation actuelle. Il ne leurs fallait pas des secondes d'analyses et de réflexions pour savoir où ils se trouvaient et pour conclurent comment agir. Non, une seconde, un regard, et chacun connaissait sa place.

Ce n'était pas la scène la plus mémorable de ma vie pour apprendre cela, mais c'est bien précisément parce qu'elle parait anecdotique au premier abord qu'elle fut importante pour moi. Dans ce monde d'adultes, il fallait avoir du sérieux en toute circonstance. Comme à la guerre où toute action doit être faite à la perfection sinon on risque la mort, tous geste, toute parole ici comporte un risque sur notre avenir.


 Voilà probablement la raison qui m'a fait oublier une partie des événements passés dans le village, une réflexion profonde sur mon aventure m'a pris l'esprit. Je me souviens juste d'avoir pris ma part de nouveaux vêtements et d'avoir suivi mon père dehors, d'être remonté sur mon cheval et d'avoir pris le chemin vers l'extérieur du village. Sobrement mon père, Harlan et moi nous avons quitté Finn et le Chevalier Nonn qui partaient rejoindre le Chevalier Rollon. Puis, à trois, nous avons repris la route. Nous avons d'abord continué à longer la rivière en ayant dépassé le village. Puis, lorsqu’au loin sur notre droite nous avions aperçu trois cavaliers en pleine chevauchée partir devant nous, nous avons bifurqué.

Nous laissions la rivière parfaitement derrière nous pour, au bout d'un petit kilomètre, arriver sur une route de sable et de terre. D'ici nous sommes d'abord allés sur notre droite comme pour revenir sur nos pas. Mais quelques minutes suffirent sur cette route pour rencontrer un carrefour. La route que nous empruntions continuait droit devant tandis qu'une nouvelle voie allait sur la gauche profondément dans les plaines et les terres. C'est cette dernière route que nous prîmes.

A l'instant de tourner ma monture, j'ai cru voir une ombre sur la route devant moi. Le temps de tourner la tête pour mieux voir, elle avait disparue.

"En avant ! cria mon père qui fit claquer les rênes de son cheval. Une longue route nous attend."

Le voyage ne faisait que commencer. Je me faisais cette remarque quelques minutes après le début du galop. Les jours de voyage qui suivirent me donnèrent raison.


 Nous avons agi comme mon père et le Chevalier Rollon avaient décidé, avec le bon conseil de Harlan. Notre groupe est entré profondément dans les terres du Royaume de Elec. Ce n'est qu'après cinq jours à bonne allure de cheval que nous avons pris la route partant vers l'Est.

Nous avons évité au maximum les agglomérations et autres petites bourgades. Les auberges où se reposer et changer de chevaux étaient heureusement dans les premières maisons de chaque localité. Même à Barge, l'une des grandes villes du Royaume, l'auberge ou nous sommes entrés était avant l'enceinte fortifiée. Ainsi, nous n'avons jamais croisé le moindre soldat, aucun frontalier et pas de milicien.

En revanche, les tavernes étaient toutes remplies de mercenaires. Il y a pour habitude, m'a raconté mon père, des tablées réservés aux mercenaires pour que, quand un commandant a besoin d'en recruter, il puisse venir les voir rapidement et efficacement. Mais la taverne de Barge était au-delà de sa capacité de ces femmes et de ces hommes en recherche de guerre (et d'argent). Par ailleurs, je n'avais pas remarqué au premier abord que derrière cette taverne il y avait des centaines de tentes et autres abris de fortune montés. C'était la raison qui m'expliqua pourquoi malgré toute l'affluence de la taverne, nous avions trouvé une grande chambre avec facilité. Les mercenaires dormaient dehors.

La guerre amenait la misère même chez ces gens de batailles. Il fallait que je voie cela de mes propres yeux pour le comprendre.


 Le lendemain, nous repartions par la route allant vers l'aurore.

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