XXIV- De la guerre à l'Est

4 minutes de lecture

 Quelques jours de voyages à la vitesse de l'éclair nous séparaient du village de Olvi. Du moins ce qu'il en restait.

Après la rencontre passée avec les deux soldats, nous avons chevauchée sans penser aux forces de nos montures ni aux nôtres. Je suivais mon père sans discuter de la tenue du voyage. J'étais embarqué dans quelque chose de grand dont je ne mesurais pas, on peut le dire, qu'une fine partie. Il savait des choses et avaient peur d'elles, moi je ne saisissais que ses émotions, pas leur origine. Harlan suivait également sans rien dire.

Puis nous sommes arrivés à Olvi. Des maisons en cendre dont la fumée pouvait encore se voir dans les airs de loin. Il y avait quelques personnes vivantes dans les rues mais elles ne nous ont à peine regarder passer. Chacune était occupés à déblayer les débris des maisons effondrer, à tirer les corps et à les emmener dans la fosse commune. Certains corps étaient calcinés en pleine rue. A la vue de ses corps brûlés jusqu'à l'extrémité de la chair m'a donné des haut-le-cœur terribles. J'en ai fait quelques cauchemars.

Olvi ne semblait plus être un lieu convenable pour nos retrouvailles avec les Chevaliers et Finn. Mais je me demandais si ce plan n'avait pas changé, si mon père n'était pas plus pressé d'aller voir le Chevalier Elec, l'armée du Royaume et la guerre à l'Est ? Aussi, comme nous avions ralenti l'allure en entrant dans le village, j'ai osé poser la question à mon père. Quand soudain la réponse m'arriva devant les yeux.

Au détour des ruines d'une maison à l'angle de la rue que nous empruntions et de celle qui se dirigeait vers notre droite, vers l'est, nous apercevions quatre personnes en armures de bataille discuter près de leurs chevaux.

 "Rollon, Nonn et Finn, en voilà une surprise ! S'exclama mon père. Les trois intéressés et leur premier interlocuteur se retournèrent. Ce village est dramatiquement inratable !

- Il l'est cher ami, il l'est. Même l'ennemi le trouve."

Et après nos retrouvailles durant lesquelles j'ai mis pieds à terre avec Harlan et mon père, on se présenta au garde qui attendait fidèlement la suite de sa discussion.

"Reprenons, si vous le voulez bien. Dit-il au Chevalier Rollon.

- Je le souhaite, merci. Fit celui-ci.

- Outre les Orgs qui ravagent les villages comme Olvi à des kilomètres à la ronde, nous avons repérés des Onirs qui semblent vouloir reconstruire la forteresse au fond de la vallée. Et bien évidemment, la vallée est fermée par les lignes adverses constitués de Ops et parmi elles les indestructibles Orures.

- Il y en a ? Demanda mon père sur un ton paniqué j'aurai dit

- Il y en a, oui. Pas assez pour lancer une offensive, c'est pourquoi elles se cantonnent encore dans la vallée.

- Merde !

- Pas d'Oraco ? Qu'on lui pique ses os et qu'on se fasse des flèches avec ? Demanda Finn avec espoir et une pointe d'ironie je pense.

- Pas d'Oraco. Quoique certaines nuits... on peut entendre des bruits horribles venir de l'Est. Un bruit de monstre gigantesque, un hurlement dans les ténèbres. C'est peut-être le cri d'un Oraco ? Je n'en ai pas encore croisé un, je ne sais pas ce que ça fait.

- Que le Ciel nous en préserve en soi, mais pour les Orures... Laissa en suspens sa remarque Finn.

- Nous avons notre botte secrète, non ? Glissa Harlan à côté de moi.

- C'est bien vrai. Firent le reste de mes compagnons en passant un regard sur moi.

- De quelle botte secrète parlez-vous ? Demanda le soldat.

- C'est un secret, camarade. Dit Finn en souriant et en s'approchant de lui. Comme vous le présumez, il ne vous sera pas révélé devant vous. Il posa ensuite une main amicale sur son épaule. Mais reprenez espoir et chassez ses Orgs du pays. Nous allons rejoindre l'armée.

- Vous, vous n'êtes pas des cavaliers comme les autres !"

La remarque naïve du soldat fit rire chacun de nous. Elle signifiait d'autant plus qu'il acceptait de nous laisser passer.

 Il nous salua en indiquant que la tente des Chevaliers était celle en bleue et d'une taille nettement supérieure aux autres. Mais il restait encore une grosse journée avant d'arriver à notre destination. L'après-midi était déjà entamé, mon père décida avec le Chevalier Rollon que nous passerons une heure tout au plus avant de nous arrêter pour camper jusqu'au lendemain.

Harlan fermait toujours la marche, le Chevalier Rollon et mon père la guidait, le Chevalier Nonn était juste derrière eux. Je me retrouvais à côté de Finn devant Harlan.

"Alors ces journées ? Vous avez rencontré des soucis ?

- Aucun. A vrai dire nous n'avons croisé que des mercenaires. Beaucoup de mercenaires. Chaque auberge au bord des routes principales en étaient remplies !

- Ah oui ! Les mercenaires de la fausse armée d'Elec que nous avons mis en déroute !

- Oh oui, c'est fort possible que cela soit eux. Je me rendais compte de cela à présent. Avec une lucidité qui me fit peur je remarquais quelque chose de plus : L'un d'eux aurait pu me reconnaître ! Non ?

- C'était un risque à prendre... mais apparemment, personne ne t'as reconnu !

- Nous avons été plusieurs fois la cible de regards mauvais. Fit Harlan.

- Les mercenaires ont toujours le regard mauvais ! Fit Finn. D'ailleurs, connaissez-vous la différence entre un brigand et un mercenaire ? Un indice, ce n'est pas le regard, ils ont le même. J'étais surpris par cette devinette qui, venant de Finn, devait forcément avoir de l'humour. Et j'ai cherché la réponse dans ma tête, quelques secondes.

- Je suis tenté de dire qu'il n'y en a pas, mais c'est le commandant de garnison fatigué qui parle...

- Ahah ! Cela est bien tenté mais non, la réponse est autre part.

- Je crains de ne pas trouver... Je sortis timidement. Ce qui réjouis Finn.

- Quand le brigand nous arrête en forêt, il crie "la bourse ou la vie !". Quand le mercenaire nous arrête en forêt, il crie juste "la bourse !". Finn fut amusé de sa propre plaisanterie mais j'ai cru entendre un rire étouffé provenant de derrière. Et le Chevalier Nonn, devant moi, dit :

- Très bonne blague."

De mon côté, je devais manquer de connaissances ou d'expériences, ou de je ne sais pas trop quoi pour comprendre en quoi c'était drôle... Mais la route se fit avec l'esprit bien tranquille. Là était la plus grande réussite de Finn.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Fr Anastacio ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0