Lac miroir

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Une aura étrange se dégageait de cette étendue d'eau. Elle paraissait limpide malgré l'omniprésence de la couleur noire. Sa surface brillait tellement que l'on aurait dit un miroir. Nicolas, curieux, s'en approcha, se baissa pour mieux la contempler ; son reflet se dessina dans cette ondée calme, beaucoup trop calme. Il resta un certain temps immobile, se mirant dans l'eau ; il remarqua ses cernes bien plus marqués que lors de son arrivée, ses blessures rougeâtres et son teint pâle. Une journée dans cette odieuse maison et le voici méconnaissable. Il soupira, s'assit sur la berge endormie, scruta l'obscurité à la recherche d'une solution pour le contourner ou pour le traverser, en vain.

Soudain, alors qu'il était sur le point de se relever, l'étendue aqueuse se mit à bouillonner, un épais brouillard recouvrit la lande assoupie et un chuintement brisa le silence sépulcral de l'instant. Une barque s'éleva des eaux et s'arrêta à la hauteur du jeune homme. Une silhouette encapuchonnée transparut dans l'épaisseur laiteuse et invita Nicolas à monter d'un simple hochement de tête.

Craintif, en proie au doute, Nicolas hésita un instant. Or, l'ombre insista et tendit à nouveau la manche vers l'unique place assise du bateau. Obligé d'obéir, Nicolas avala sa salive avant de prendre place maladroitement dans la sommaire embarcation.

L'entité bougea la tête, agrippa une grande rame et la plongea dans l'eau. Le bois grinça, la barque tangua avant de rejoindre les flots fuligineux. Le trajet se déroula dans un silence total. Plus Nicolas avançait sur le lac, plus l'impression qu'il arrivait à la fin de sa vie lui prenait la gorge.

La barque s'agita un peu, provoqua un raté dans le coeur du jeune homme qui tenta de se reprendre en inspirant et en expirant profondément. Pour se divertir, il décida d'observer les eaux. De prime abord, il s'agissait d'un lac sombre, d'une eau paisible, puis quand il se concentra sur les vagulettes, il aperçut d'étranges formes blancheâtre à la surface. Sans vie, muettes, les fantômes paraissaient figés dans cet étrange lac. Il continua d'observer les silhouettes afin de chasser l'horrible pressentiment qui ourdissait en lui.

D'un coup, le cadavre braqua ses yeux sur Nicolas. Il courba la tête en une position improbable, afficha un sourire cruel, puis il jaillit de l'eau, attrapa la gorge du jeune homme et la serra. Il pressa si fort sa pomme d'Adam que Nicolas commença à suffoquer. A court d'air, son cerveau se grisa, sa vision se troubla, des gouttes de sueur se formèrent sur sa peau limpide. Il était sur le point de rendre l'âme quand une rame frappa la tête du fantôme et le renvoya d'où il venait. L'ectoplasme hurla et d'autres de ses congénères s'attaquèrent à la barque. Celle-ci tangua, ballota, faillit presque se retourner, mais l'entité sombre maintenait le cap tout en assommant ses assaillants.

Après un long voyage, Nicolas et la silhouette atteignirent l'autre côté du rivage. Nicolas sortit et arriva devant un grand momument : Une bibliothèque.

- Va, trouve le livre de l'automne et tu sauras quel est ton destin, résonna la voix ténébreuse du battelier des ténèbres.

- Mais...

Nicolas n'eut pas le temps de finir sa phrase, la silhouette s'était déjà volatilisée.

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