L’arme à la main, je la regardais dans les yeux. Ils étaient humides des larmes qu’elles versaient depuis dix minutes.
- Je t’en supplie, arrête de pleurer Kathalina..
- Tu te rends compte de ce que tu me demandes ?!
Je ne savais pas quoi répondre. Elle avait raison, je n’avais aucun droit de lui demander ça. Je serais sûrement dans le même état à sa place. J’étais sûr de ma décision, mais la voir à mes pieds, me suppliant d’arrêter me faisait tout remettre en question. Je voulais en finir, c’était certain, mais pas devant elle.
- Mon cœur, je vais mourir dans tous les cas, laisse moi en finir plus rapidement.
- Tu vas guérir ! Je suis sûre qu’on y est presque !
Je m’agenouillais à ses côtés et la prenais dans mes bras. Elle était dans le déni. Tout en lui caressant le dos gentiment pour la calmer, je lui expliquais que j’étais fatigué, que je ne voulais plus me battre contre une maladie qui me bouffait de l’intérieur. Elle acquiesçait en reniflant, mais s’accrochait à mon pull comme si sa vie en dépendait. Je lâchais un rire lugubre vu la situation. C’était ma vie qui allait bientôt finir et c’était elle qui s’accrochait à la vie. Elle me donnait un coup-de-poing léger à la mâchoire, me reprochant mon rire. Je prenais son visage entre mes mains pour le lever face à moi.
- Je t’aime à en mourir Kathalina.
- Ne me laisse pas, je t’en prie… Je n'y arriverais pas sans toi…
- Tu es plus forte que tu ne le crois, tu vas y arriver.
- Si tu pars, je finirai par te rejoindre.
- On sait tous les deux très bien que c’est faux...
Le silence répondit à sa place. Indirectement, on venait de se mettre d’accord. J’allais mourir, et elle allait vivre. Je l’embrassais longtemps. C’était la dernière fois que j’avais le plaisir de goûter à ses lèvres. Notre baiser avait le goût de la mort et du sel. On sourit l’un à l’autre. Aucun des deux n’était un sourire de joie. Elle avait les allures d’un ange avec ses longs cheveux blonds et sa robe blanche. Moi, j’allais en devenir un.
- Je t’aime Allan, pour la vie, et jusqu’à ma mort.
- Je te regarderais de là-haut.
Je tournais finalement sa tête, lui demandait de se boucher les oreilles et appuyais sur la gâchette du revolver collé à ma tempe.