1.8.3

Une minute de lecture

Theo, couché sur elle, encore secoué d’émotion, l’agrippait par la taille. La tête enfouie au creux de son cou, il aspirait d’un souffle pantelant la fragrance de rose poudré qui s’en dégageait. Sa poitrine tambourinait contre la sienne, leurs pulsations cardiaques se répondaient, et leur tempo coordonné la berçait. Après avoir tout donné dans cet acte forcené, dans l’état d’éreintement où elle s’était rendue, Alice trouvait enfin la paix au contact de ce corps chaud et aimant. Elle s’assoupit tandis qu’il reprenait ses esprits. La folie, la rage, la lubricité, toutes ces pulsions déréglées étaient restées avec son jus dans le sein d’Alice, et Theo les oublia presque complètement en s’amollissant entre ses cuisses. Seul demeurait le plaisir dont il était gavé jusqu’à l’écœurement. Il se laissa rouler sur le côté, tout épuisé qu’il était, tira le drap sur ses jambes et jeta un dernier coup d’œil à son amante immobile près de lui. De prime abord, elle lui sembla dormir, mais son teint blême et froid, plombé de marques livides sur les paupières et les joues, l’inquiéta. Son visage inerte respirait une paix terrible, et ses lèvres à l’agonie languissaient encore de baisers. Theo se glaça d’effroi. Il la secoua. Alice cligna des yeux et se réveilla. Sans comprendre sa frayeur, elle l’attira vers elle d’une main paresseuse, se blottit contre son torse et murmura :

« Je t’aime. »

Puis, dans l’insouciance la plus totale, elle se rendormit au creux de ses bras.

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