Elle

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Elle se reflète dans le miroir de l'eau lors d’une nuit sans lune, froide, pâle et si lointaine...mon âme se perd en la contemplant.

Je l'ai trouvée par hasard, comme tombée du ciel, drapée de sa veste aux paillettes argentées. Elle n'avait ni sourire, ni rouge sur les joues. Elle était si blanche que l'on aurait pu croire à une morte. Pourtant, elle se déplaçait avec grâce et légèreté. Elle semblait effleurer le sol de ses pieds couvert par sa longue robe d'un bleu très clair et sa chevelure blonde accompagnait chacun de ses mouvements, volatile et féérique. Son visage était rond, les lèvres roses et fines, des yeux bleus clairs, presque argentés et un sourire à faire fondre les coeurs les plus durs. Elle était belle, rien ne pouvait lui enlever son charme lumineux qui se dégageait d’elle. Elle jeta son long manteau noir d’une main leste et gracieuse. Son habit retomba en douceur sur le sol mousseux du lac, laissant sa peau à l’air libre. Sa présence illuminait les environs, donnant aux grands pins sombres des reflets argentés et perçant l’obscurité de minuit. Elle dansait, dansait sur le chant des grillons de l’été, fredonnait le chant des chouettes et riait aux appels des loups. La voir, ici, à se régaler des plaisirs de la nuit qu’elle contemplait depuis le début des temps sans jamais pouvoir en savourer les délices, cela réchauffait mon coeur déchiré et apaisait mes peines.

J’étais là, couché sur l’herbe émeraude qui couvrait les bords du lac, absorbé par le spectacle irréel qui se jouait sous mes yeux. Je voulais me lever, aller parler à cette femme, à cette fée, à cette déesse. Je voulais sentir son odeur qui rappelait l’été, toucher ses cheveux de soie et frôler sa peau si douce…Mais sa simple vision m’avait cloué au sol, épris d’une passion soudaine pour cette étrangère qui me semblait familière. Avait-elle déjà peuplée mes rêves ? Ou étais-je en train d’en vivre un ? Mes questions restèrent sans réponse et mes pensées retrouvèrent le chemin qu’elles empruntaient un peu avant.

J’ignorais combien de temps j’étais resté ainsi, à la contempler, à chercher la force de me lever, à tenter de comprendre d’où pouvait venir cet être que j’étais persuadé de connaître. Mais ce fut l’aube qui me tira de ma torpeur et leva le sort qui me maintenait dans un état d’ivresse amoureuse. Le ciel s’était teint d’un rose délicat et les étoiles commençaient à s’estomper. Elle ramassa son manteau avec calme, et il me sembla qu’elle jetait un regard triste à l’endroit où elle avait dansé cette nuit et je su que plus jamais je ne la reverrai. Alors que la force soudaine de me mettre debout venait de me saisir, elle noua sa veste noire autour de son cou, et d’un pas léger, elle commença son ascension vers le ciel où les premiers rayons de soleil doraient le lac. Oui, elle s’élevait, comme si elle gravissait des escaliers que seule elle pouvait voir, elle s’élevait vers les nuages, vers sa prison dorée.

Je m’étais levé à ce moment, car c’est à ce moment que j’ai compris pourquoi elle m’était si familière, pourquoi elle était aussi belle, et aussi seule. Elle m’adressa un signe de main, les yeux chagrinés, le visage doux, avant de regagner le ciel.

Cette nuit était son seul soir de répit. Le soir où elle pouvait quitter sa place éternelle, le soir où, elle devenait femme avant de retrouver ses compagnes les étoiles, et sa forme circulaire.

Belle est la femme. Triste est la lune. Elle qui brille, illumine le ciel pour nous. Elle qui jamais ne se distrait et ni ne manque à sa tâche. Elle qui contemple ce lac chaque soir, sans jamais pouvoir toucher l’eau argentée. Ce soir, elle est descendue, ce soir elle s’est amusée, ce soir elle a dansé, ce soir, j’ai vu la Pleine Lune.

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