40ème kilomètre, matinée, 00’44’’00.

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J’y suis déjà.

   Devant moi s’ouvre le passage tant redouté, se fixe le terrible instant de vérité. Celui qui m’oblige à délaisser la douce pente de l’adret pour les ténébreux remparts de l’ubac.

   Ici commencent mes travaux, l’examen du lien qui tresse ensemble mon corps et mon esprit. Et tout comme l’opiniâtre Phidippidès, qui entra en l’antique Athènes, revendiquant le nom de Niké, je pourrais moi aussi, rompu par l’épreuve, passer de la haute cité à la cité des morts. Est-ce bien là le sort qui m’attend ?

   Alors que ma vue se brouille, masquée par les ombres olympiennes, cette amaurose me paralyse les membres. À flanc d’inconnu, j’en oublie presque l’évidence :

il s’agit du sort de tous.

Et pourtant, nous persistons à courir d’une ligne à l’autre, vain va-et-vient, sur les sentiers de l’existence.

   Ravivé par cette conclusion, je continue cette course effrénée sans céder davantage à la peur, activant mes rétines pour percer le voile.

                      ..

                        ...

                                    Face à moi ; se dresse à présent un vrai dédale de ravins, de fosses et de gouffres, duquel se soustraient de sulfureuses volutes qui dispersent en un souffle mon élan retrouvé.

Anticipant l'idée elle-même, mes nanoprocesseurs m’informent des chemins suivis par mes devanciers : le facteur risque est très élevé pour la plupart et l’équipe olympique s’empresse, via le neurocom, de les rayer de la liste de mes possibilités. À grand renfort de calculs prudents, ces voix timorées en mon oreille balisent mon choix, me condamnent à une seule voie : la plus encline, la plus longiligne, la plus indigne.

Non...

       Non.

              Non !

                           Il n’en sera rien !

   Le regard des immortels ne se détourne-t-il pas toujours de ceux qui se gardent du moindre courage ? Et comment pourrais-je, cédant à ces ordres infâmes, soutenir celui de la chasseresse de Pélion, s’il m'est permis de le croiser à nouveau ?

Non !

            Il n’en sera rien !

   Je réduis sans remords ses fausses Cassandre au silence et exige de mon esprit que me soit montrée la seule véritable voie que je désire suivre : ce fil d’Ariane, relique énergétique de sa foulée, tressé par la Véloce Atalante. Le péril est certain, mais comme Thésée je me cramponne à ce lien et m’engage à sa poursuite, pressentant qu’à l’extrémité m’attend le salut.

L’avatar de l’équipe olympique

L’avatar de l’équipe olympique

L’avatar de l’équipe olympique

obstrue mon champ visuel dédié au neurocom.

N’ont-ils pas encore compris qu’ils tirent sur une chaîne brisée ? Que leur Prométhée s’est délivré ?

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