J'ai une question

2 minutes de lecture

Comme souvent, j’avais « juste une toute petite question ». Et quand j’ai entre-ouvert la porte pour la laisser s’exprimer, elle était accompagnée de tout un tas de copines et d’illustres inconnues qui font maintenant une nouba d’enfer sous mon plafond très mal éclairé. Si vous n’avez jamais assisté à un dîner de cons, voici donc l’occasion d’assister au mien. Allez-y, c'est moi qui régale.

L’histoire commence comme un bête problème de mathématique dont voici l’énoncé :

Du point A (en l’occurrence, chez moi) au point B (en l’occurrence, la gare), il y a 3.4 km, soit environ 6 minutes de voiture (mesure google map) que l’on peut parcourir soit par la droite, soit par la gauche.

Par la droite, la conductrice, que je suis, est astreinte à respecter sept vitesses maximales successives, à savoir : 30, 50, 30, 60, 30, 50 et de nouveau 30 km/h, ce qui fait six changements, soit une moyenne de 485 mètres par limite. Par la gauche, les vitesses maximales autorisées sont, dans l’ordre d’apparition : 30, 20, 30, 50, 30, 60, 30, 50 et de nouveau 30km/h, ce qui nous fait un total de neuf vitesses différentes (sur un parcours dont je rappelle qu’il est de 3.4 km), soit une moyenne de 378 mètres par tronçon.

Je sais bien que ma petite route de campagne, avec ses renards, ses vaches et des paons qui traversent quand ils veulent, est aujourd'hui un luxe sur cette planète. Mais je ne me plains pas ! Je pose juste la question : « Est-ce que ce monde est sérieux ? ».

C’est alors qu’entre en scène mon vieux prof de maths. Il complète l’énoncé : « Si à chaque nouveau panneau, le conducteur contemple son compteur afin d’adapter sa vitesse, combien de temps lui reste-t-il pour regarder la route ? ». Il est interrompu par un ami qui veut savoir « s’il y a une limite aux nombres de limites », tandis que son voisin chimiste rétorque qu’à saturation, nous pourrions tous être précipité dans le ridicule. Pendant ce temps, Astérix et Obélix font des aller-retours dans la maison des fous et mon banquier imaginaire essaye de me convaincre d’investir mes économies sur les panneaux à 40 dont la cote serait d’autant plus en train de monter en flèche qu’ils sont en ce moment même victime de discrimination. Alors que le son de l’accordéon se met à retentir, la Rue Kétanou exalte des « Quiiii diiiiiiiit mieux ? » en décomptant les paires de cornes d’un mari dont la femme change plus souvent d’amants que l’urbaniste en charge de ma route ne change d’avis. Alors que je pensais avoir fait le tour, mon ami Lorenzo me dégaine un : « Faut vraiment que tu passes à la trottinette… ».

Je n'en pouvais plus. Pour tous les faire taire, j’ai allumé la radio et suis tombée sur une alerte : un mec en trottinette était justement en train de longer la bande d’arrêts d’urgence de l’autoroute à côté de chez moi. Dans ma tête, la fête repart. Ma marraine éclate de rire : « Oh pétard ! Ils sont pas un peu fadas, tous ? ».

Euh… Non, non. Ça doit être moi.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Laklandestine ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0