Comment je fondis une tribu

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Cela faisait trois années que je m'appelais Symmycète. Durant ce temps, j'ai affiné mon lien avec mes "amis", utilisant une nouvelle forme de magie druidique. Mes confrères communiquent avec les végétaux et peuvent prendre la forme de nombreux animaux. Je le pouvais aussi, mais j'ai developpé en plus des connexions profondes avec le mycelium, me permettant de savoir tout ce qui se passait dans mon domaine. Je pouvais aussi canaliser ma magie pour faire virevolter des spores autour de moi et faire pousser mes camarades à chapeau.

Un jour, lors d'une de mes méditations, je ressentai la présence d'une créarure dans ma forêt. C'était un orc. Après cinq ans d'isolement, je n'étais pas ravi de devoir affronter ces créatures brutales. Bien qu'elles m'aient élevé, je ne ressentais aucune fidélité envers leur peuple.

L'individu était grand, fort et blessé. Sa tenue en loque ne cachait pas l'énorme entaille barrant sa poitrine dans toute sa longueur. Respirant à grand peine, l'étranger leva quand même sa hache en me voyant arriver. Malgré tout son courage, son arme lui échappa avant même que je n'arrive à sa portée. Ses tatouages m'indiquèrent qu'il était un prêtre-guerrier. Pour que tu comprennes bien ce que cela signifie, je me permets de te rappeller le fonctionnement d'une tribu orque.

Tout d'abord, il y a le chef de guerre. C'est celui qui prend les décisions concernant la tactique. Il est épaulé d'un chaman et de un ou plusieurs prêtre-guerriers selon la taille de la tribu. Le chaman est un conseiller qui fait appel aux esprits de la nature et des ancêtres pour le guider. Il use aussi de la magie druidique en temps de guerre, ce qui est assez fréquent. Le prêtre-guerrier est quant à une figure religieuse. Il béni les combattants avant chaque batailles et dirige des groupes. Ils sont aussi des champions des dieux, usant d'une magie guerrière. Ils sont comme des mage-officiers très dangereux, si l'on cherche un équivalent dans les armées des autres peuples. Il peuvent défier le chef quand ils veulent pour prendre sa place. Les chefs sont d'ailleurs très souvent d'anciens prêtre-guerriers. Pour finir, il y a les guerriers simples, qui sont nés sans le don chamanique ou divin.

Pour en renvenir à mon histoire, l'orc s'écroula devant moi, inconscient. je ne savais pas depuis combien de temps il luttait contre la fatigue et le douleur, mais ce n'était sûrement pas depuis peu. J'ignore pourquoi je l'ai soigné ce jour-là, mais je ne le regrette pas aujourd'hui.

Il s'appelle Monoco. Il a fui sa tribu car plusieurs prêtres lui ont tendu une embuscade afin de prendre sa place de dirigeant. Il avait combattu avec honneur, comme en témoigne ses blessures, mais l'ennemi était fourbe. Cependant, il avait du accomplir de hauts-faits d'armes pour que les dieux ne l'aient pas abandonnés après sa fuite, une des plus grande source de honte pour un orc. Je ne connais pas les détails de son aventure parcequ'il n'a jamais souhaité en parler, et je n'ai jamais abordé le sujet avec lui.

Nous devînmes très vite ami, attirés l'un vers l'autre par je ne sais quel force céleste. Je ne peux toujours pas me résoudre à attribuer cette rencontre au hasard, les chances étaient bien trop faibles. Les premiers temps, il ne bougea qu'à peine de la hutte où nous vivions. Il récupéra cependant assez vite. Nos soirées étaient rythmés par des débats philosophiques ou théologiques. Après tant d'années passée dans la solitude, j'en avais oublié le plaisir de la société.

Je me souviens de comment nous avons pris la décision de fonder une tribu. Monoco était parfaitement rétabli, et s'apprêtait à repartir depuis deux jours déjà. Le silence c'était mis à planer sur nos soirées, chacun pensant à la solitude qu'il allait retrouver. Je m'enquérissait alors des objectifs de ton père. Et il me répondis :

--- Je compte traverser les montagnes et fonder une tribu. Je chercherai d'autres solitaires, et je les réunirai sous ma bannière. Pour commencer, deux ou trois guerriers suffiront. Et au fur et à mesure, j'aggrandirai la tribu en conquérant de nouveaux territoires et en dominant d'autres Tribus. Au final, je veux reconstituer la Horde, celle de nos ancêtres, et en être le chef suprême.

--- Tu n'ignores pas qu'il faut un chaman pour prétendre au poste de chef de Horde ? lui répliquais-je.

--- Non, mais j'en trouverai un.

Je n'osais plus parler. J'étais conscient de la demande tue, et j'avais envie d'y répondre par l'affirmative. Mais je ne pouvais pas abandonner ma forêt, mon domaine, mon sanctuaire. Le seul endroit qui m'était familier. Je ne répondis donc rien, et nous nous quittâmes sur ces paroles.

Moins d'une heure plus tard, alors que je suivais le chemin de Monoco par l'intermédiaire de la forêt, je sentais une vive inquiétude de la part des animaux alentours. Un arbre avait était incendié, d'une cause non naturelle. Cependant, je détectais aucune présence indésirable. Levant la tête, je voyais un fin nuage de fumée assombrir le bleu azur. Je me résolus donc à me diriger vers le lieu de l'incident.

Je me retrouvais près de la source de fumée deux heures plus tard. Je fut surpris d'y voir trois individus en robe, des orcs, près de l'arbre abattu. Ils avaient utilisé leur magie afin de dissimuler leur présence, mais pourquoi faire un feu alors ? C'était la question que je me posais. Je sortai alors du taillis que me cachait et me dirigeai résolument vers le prêtre qui avait l'air d'être le chef de la bande. Usant de leur langue gutturale, je leur demandais ce qu'ils faisaient sur mes terres. Ils me répondirent que je me porterais mieux d'aller voir ailleurs. C'est donc d'un mouvement vif que j'assomais le religieux devant moi d'un coup de massue. Envoyant des spores sur l'orc à ma gauche, lui brûlant les yeux. Je n'eus cependant le temps de me retourner que pour voir l'éclat jaune d'un projectile magique se diriger vers moi. Je ne pus l'esquiver, et je tombai inconscient.

Je ne me suis réveillé que bien plus tard, près d'un feu de camp. Monoco était à mes côtés. Je l'ai observé pendant un long moment, son visage éclairé par notre douce source de chaleur, la mine grave. Il se tourna vers moi lentement. Je le remerciai alors, demandant de quelle manière je pouvais lui rendre la pareille.

--- Ce n'est qu'un juste retour des choses. Tu m'as sauvé lorsque j'étais gravement blessé, et je t'ai aidé en retour. De plus, ils venaient pour moi, pour m'achever. C'est donc à moi de te remercier.

--- Je suis heureux d'avoir pu t'aider mon ami.

Encore un silence. Mais cette fois, nous communiquions par le regard.

"Fondons une tribu. Je deviendrai ton chaman, et nous reformerons la glorieuse Horde ensemble."

Et nous voici, lui ton père, moi ton maître. Cette rencontre m'a sauvé, extirpé de la solitude qui est contre-nature pour l'humain que je suis.

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