prologue
Salut, c'est la première fois que je m'exerce à écrire un texte de SF/ fantasy. J'espère que ça pourra vous plaire.
J'aime assez l'expérience de l'écrire, je découvre un nouveau genre et c'est inspirant.
Je vous avoue que j'ai plus l'habitude d'écrire du fantastique ou de la fantasy.
Vous me direz ce que vous en pensez.
ps: si vus êtes branchés Fantasy Médiéval allez voir Roi de sang, roi de neige.
Si vous êtes plutôt fantastique, je vous conseille L'inspecteur consultant et le revant.
Si vous préfèrez la fiction contemporaine : Je t'aime comme un être aime un homme, peut vous plair.
Voilà !
À +
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« Cette terre était de branche, de vie et de nature. L’eau y coulait en abondance. Et rien ne se prête à un danger. Il était évident que cette terre serait la nouvelle Terre où la colonie pourrait vivre. Nous serons bientôt d’ici. Nous, la colonie d’humains flottant dans le cosmos depuis un siècle, nous serons bientôt chez nous. »
Le roi Avog avait fait brûler tous les livres des pionniers - premiers colonisateurs de la jeune planéte Péolane - pour s’imposer en tant que maitre suprême. Erine avait gardé précieusement un de ses livres que ses aïeules s’échangeaient depuis des siècles et le lisait à ses enfants. Mais la chasse aux Souveniriens, ces gens qui possédaient la mémoire du passé, avait commencé. Erine n’était plus en sécurité dans le quartier moderne de la ville de Mérile. Plus aucune personne, vivant encore dans cette ville, n’était en sécurité à vrai dire. Un grand exode avait débuté depuis que les villes technologiques de Graal et Perceval avaient été brûlées et dans lesquelles la population avait été égorgée.
Ils avaient été des exemples comme bon nombre depuis les années écoulées.
Et aujourd’hui la terreur faisait son petit bonhomme de chemin dans le royaume d’Éplave.
Erine voulait rester dans cette maison qui l’avait vu naître elle, sa mère et ses enfants. Mais si elle restait, tous seraient condamnés. Alors elle prépara les affaires de ses fils, prit le livre - porteur de la mémoir des anciens terriens - qu’elle chérissait tant et fuit loin de cette ville qui parlait des premiers colons et de cette ancienne Terre. Celle que leur ancestre lavaient détruite.
La traque aux Souveniriens, commença à l’aube. Erine et ses fils étaient déjà partis depuis de bonnes heures. Mais chaque personne possédant la mémoire du passé c’étaient donné le mot. Et sur les chemins, des groupes entiers fuyaient. Malheureusement, les Garpeurs, ces cavaliers montant d’immenses chevaux de fougères et de métal, sortaient de part et d’autre des chemins. Du tranchant de leur épée, ils coupaient les têtes, les membres. Les giclées de sang maculaient les sols dans des sons vomissables. Les vibrations que produisaient les cheveux de fougères et d’acier paralysaient les fuyards les plus proches. Erine et ses fils regardaient le spectacle en courant. C’est dans les moments de tuerie qu’on apprend la valeur de notre survie et de notre lâcheté. Erine pensait avant tout à ses fils. Ils n’avaient que huit et treize ans. Et ils avaient vécu en apprenant la mémoire du passé.
Il n’y avait plus qu’une seule échappatoire à leur survie : se tourner vers le nord. Là où les terres végétales résistaient aux bâtisses de pierre et d’acier, à la civilisation des hommes qui assassinent.
Une vive douleur cogna contre son mollet et se répandit jusqu’au battement de son cœur. Erine cria sans jamais s’arrêter de courir.
S’arrêter signifiait mourir.
Elle ne le pouvait pas encore.
Il fallait qu’elle emmène ses fils le plus proche possible du cimetière aux arbres oscillants. Ceux-mêmes qui signalaient la limite entre le royaume vert et celui d'Avog, le roi fou.
Elle courait en pointant du doigt les immenses arbres couchés à terre. Ses fils regardaient ces êtres de bois, le front perlant de sueur, les yeux grondant de terreur. Mais parce qu’ils avaient confiance en leur mère, ils se dirigeaient là où elle leur indiquait le chemin à emprunter. Ils étaient les seuls à courir dans cette direction. Sans doute parce que les autres Souveniriens savaient qu’ils ne survivraient pas face aux tribus du nord. Ils auraient plus de chance en fuyant vers d’autres villes et villages en se fondant dans la masse. Les Souveniriens ressemblaient à tout le monde, c’est juste qu'il fut un temps où les personnes se regroupaient par intérêt commun.
Erine s’effondra. Sa tête heurta une pierre. Elle ne sombra pas, mais elle vit son sang se répandre sur ses mains. Sa vie s’échappait et la chaleur ne serait bientôt plus que du gel immobilisant ses membres… sa vie.
L’oreille fine, elle entendait le galop d’un cheval et le poids de son cavalier. Ils s’approchaient d’eux, indiquant que les rescapés de la traque devaient être une poignée à s’être enfuie ou que les Grapeurs s’étaient dispersés pour mieux les décimer. Avog cherchait la toute-puissance. Au temps de son grand-père, les créatures qui régnaient en parfaite harmonie et liberté s'étaient vues réduites en esclavage, martyrisées par la violence de l’héritage des humains de la Terre. La lignée d’Avog était la violence dans toute sa suprématie. Le royaume d’Eplave deviendrait le miroir du passé avec à sa tête un roi à l’égo d’un dieu.
— Courez mes fils ! Courez ! Rejoignez le royaume des Adryades, promettez-leur allégeance. Vivez loin d’Avog et de sa persécution.
— Mère, nous ne pouvons pas vous laisser seule.
Ivoir, le fils aîné, prit sa mère dans ses bras et la serra. Il ne se voyait pas aller au-devant d’une terre qu’il ne connaissait pas.
— Je resterai avec vous.
— Tu ne peux pas laisser ton frère seul. J’ai vécu ce que j’avais à vivre. Ma blessure ne fera que vous retarder. Il est temps de s’émanciper de votre mère. Dans votre mémoire, je serai à jamais. Croyez en moi. Tiens, prends le livre. Tu le donneras à tes enfants et à tes nièces et neveux. Vous resterez la mémoire du passé. La mémoire du meurtre de la Terre. Protégez Péolane.
Erine donna le livre à Ivoir alors qu’Enz les observait en silence. Il attendait son frère, persuadé que sa mère disait vrai. Il fallait prêter allégeance aux Adryades. Ces hommes et ces femmes qui ont une autre vie. Enz ne savait rien d’eux. Ivoir ne devait pas en connaître plus.
Erine prit son fils aîné dans ses bras. Elle le serra et tendit ses mains vers son cadet. Enz ne vint pas auprès d’elle. Il resta à attendre son frère en écoutant l’avancée du cavalier à leur trousse et de son destrier. Il les entendait. Il savait que ce serait pour bientôt. D’ailleurs, sans se rendre compte, il commença à reculer. Un long frisson parcourut ses épaules et le long de sa nuque.
— Ivoir, laisse maman ! Elle a dit qu’elle était perdue. Il faut l’écouter et partir.
Parce qu’Enz écoutait toujours tout ce que disait sa mère, il savait que la mort était proche pour eux trois si Ivoir ne se décidait pas à la lâcher.
Erine comprit les pensées du cadet et poussa Ivoir vers lui.
— Ivoir, je t’ordonne de mettre ton frère en sécurité. Il y a une page que j’ai cornée. Si vous voyez un Adryade, montrez-lui.
Ivoir ne pleura pas. Il en était incapable. Pourtant son visage se crispa dans une expression douloureuse. Enz, lui, savait pleurer, mais il ne le fit pas. Il préféra sourire à sa mère. Pour qu’elle puisse partir en paix.
Erine regarda ses fils courir vers d’immenses arbres. Ils ressemblaient trait pour trait aux séquoias dans l’un des livres-souvenir que ses voisins lui avaient prêté dans sa jeunesse. Erine avait toujours eu une bonne mémoire, comme les Souveniriens de sa génération. Certains disaient que des pouvoirs émergeaient à chaque génération. Qu’un pouvoir grandissait chez chaque citoyen du royaume d’Eplave. On disait aussi qu’Avog avait une emprise sur ses gens, sur ses troupes, sur le feu et le métal, et qu’il n’était pas le seul de sa lignée.
— Les hommes et les femmes de l’ancienne Terre ne sont plus que du passé, se dit Erine lorsqu’elle vit ses fils disparaître derrière le mur d’arbres géants.
Elle savait qu’elle était porteuse d’un pouvoir et que ses fils le feraient grandir en eux. À quoi ce pouvoir ressemblerait-il dans quelques siècles ? Elle ne le saurait jamais.
Une épée virevolta dans l’air, et la lame transperça sa poitrine. Avant qu’Erine ne sente la moindre douleur, elle vit une branche retirer l’arme de son corps et la renvoyer vers le cavalier qui tomba de son destrier.
En mourant, elle entendit le sol lui parler et l’inviter dans ses lits de racines.
— Jamais ton histoire ne sera oubliée. Tu resteras dans l’avenir. Je suis l’histoire, tu en es une ligne.
Ce n’était pas la nature qui lui parlait. C’était bien plus.
En expirant son dernier souffle, un mot lui apparut.
L’Amona infini.
C’est ce qui représentait le tout. Ce qui venait de lui rendre hommage.

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