Août 2010
Très tôt.
Tous les matins, Mes bérets verts me toisent, en rang d'oignon, fidèles à leur poste
Elles n'attendent de moi qu'un contact, qu'une caresse... Espèrent une courte promenade, suivie d'une valse acrobatique dans laquelle beaucoup se laissent emporter.
Parfois j'ose glisser un bras en elles, afin de mieux les ressentir et saisir à pleines mains les perles bleues qu'elles m'offrent. Elles se sentent alors plus légères, car le mal qui les ronge, alourdissant leur fardeau au point de les remplir de rancœur, a était purgé.
Mais comme pour de modernes Prométhées, tous les jours la malédiction se répète. Elle ne pourra s'achever que par un autodafé lorsque les laissés pour compte sortiront de la cité, ou par un saut dans le gouffre du néant où le noir les broieront...
Et me voilà luisant dans la nuit, attelé à mon engin infernal, exorcisant la douleur ambiante en déambulant dans un monde qui éclate, suinte et se répand.
Un monde peuplé de rats et de larves.
Un monde à la fois sombre, cosmopolite et tolérant.
Un monde où le fer croise le bois.
Un monde où l'organique et le minéral s'unissent.
Un monde où le passé et le futur se croisent.
Un monde où l'abandon et le soulagement règnent.
Un monde où mes sens sont troublés et surpris au point qu'il m'est parfois difficile de garder toute la volonté tapie dans mes entrailles
Mais chaque nuit, bravant la chaleur, la pluie et les dangers cachés dans l'ombre, Mes soldates me retrouvent pour nos étreintes nocturnes.
C'est pour tout cela qu'éboueur est plus qu'un métier, c'est une passion!
Maximilien
Employé saisonnier comme ripeur de poubelles à la mairie de Toulouse.

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