Chapitre 10 - Jean-Philippe Dupuy, directeur de l'école d'architecture

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Le lendemain...

Jacques a décidé de se rendre à l'école d'architecture de Luminy. Il doit creuser la personnalité de Joséphine, savoir quelles étaient ses fréquentations, connaître son attitude durant les cours. C'est volontairement qu'il n'a prévenu personne de sa visite, il compte sur l'effet de surprise pour obtenir des confidences, il se méfie des rencontres programmées...

Il gare son véhicule banalisé sur l'immense parking extérieur, et pour mieux s'immerger dans l'univers de la jeune étudiante assassinée, il part en reconnaissance aux alentours. La famille du lieutenant Grimaldi est marseillaise depuis quatre générations ; autant dire que sa ville, il la connaît. Étonnamment, il est à chaque fois surpris par sa voracité, son inexorable croissance. La cité se nourrit chaque jour un peu plus des collines et des campagnes avoisinantes, elle ronge les crêtes, envahit la moindre clairière dont l'unique tort est d'être limitrophe. Telle une araignée, elle déploie sa toile dévastatrice sans se soucier des écosystèmes, son appétit n'a pas de limite, celles des promoteurs non plus...

Luminy, ses sentiers et les calanques à proximité échappent encore à cette lame de fond, Jacques s'en félicite. En ce début de mois de juin, des parfums de garrigue accompagnent son repérage, il observe en contrebas la structure des bâtiments. Noyée au sein d'un univers arboré, l'école pourrait aisément être confondue avec un lieu d'hébergement pour touristes épris de nature et de liberté. Quelques minutes se sont écoulées, le policier pousse la porte à double battant et se dirige vers l'accueil.

- Bonjour Madame.

À l'abri dans son bocal fait de plexiglas et d'ennui, la pauvre dame plongée dans ses mots croisés ne réagit pas à cette sollicitation.

- Bonjour Madame, dit-il en haussant le ton.

Elle sursaute et pose sur le lieutenant un regard surpris, peut-être dormait-elle. Sa carte professionnelle en main, Grimaldi demande à voir le directeur.

- Désolé Monsieur, je ne vous avais pas entendu. Je l'appelle immédiatement.

Cinq minutes plus tard, le policier est introduit dans le bureau du directeur.

- Bonjour Lieutenant, je présume que la cause de votre présence fait suite à cette tragédie, la pauvre enfant !

- C'est bien cela, j'aurai quelques questions à vous poser à son sujet.

Je suis surpris, je m'attendais à rencontrer un homme d'âge mûr, répondant aux critères vestimentaires de sa fonction. Eh bien j'ai tout faux ! L'homme qui s'est présenté comme étant Jean-Philippe Dupuy, est trentenaire et son look à la surfeur lui donne un aspect décalé qu'il semble revendiquer. Catogan enserrant une crinière aussi blonde que fournie, bermuda en jean effiloché, chemise hawaïenne, une sorte de Kelly Slater Bucco-Rhodanien...

- Je n'ai pas eu beaucoup de contacts avec Joséphine, hormis l'entretien préliminaire que j'ai avec chaque élève entrant.

- Vous rappelez-vous de celui concernant Mademoiselle Pinchon ?

- Assez vaguement, je dois l'admettre, le turn-over est constant dans notre école et ce côté répétitif gomme certains détails.

- Vous ne conservez aucune note de ces rencontres ?

- Oui, bien entendu, voulez-vous lire la fiche de Joséphine ?

- J'allais vous le demander.

Monsieur Dupuy se dirige vers un meuble métallique et ouvre le casier correspondant à la lettre P.

- Voici le dossier complet de Mademoiselle Pinchon, outre le résumé de notre entretien, vous pourrez consulter les notes et appréciations de ses professeurs.

- Puis-je l'emporter pour l'étudier à tête reposée.

- Ce n'est pas possible, la loi nous oblige à garder les exemplaires originaux de tous les élèves qui ont fréquenté notre établissement, mais vous pouvez photocopier le tout.

Et il me guide vers la photocopieuse.

- Savez-vous où la jeune fille se restaurait les midis ?

- Oui, cette pauvre enfant avait une bourse, cela lui permettait d'accéder au resto U en ne payant qu'une participation symbolique.

- Avec qui partageait-elle ses repas ?

- Aucune idée, mais je sais qu'elle s'était liée d'amitié avec le cuistot. Un ancien légionnaire qui, en fin de carrière, a postulé comme cuisinier auprès de l'université voisine de notre école.

- Il s'agit sans doute d'un homme mûr, comment expliquez-vous cette amitié avec Joséphine ?

- Je ne peux que faire des suppositions, car je ne le connais pas. Je présume qu'il a ressenti sa solitude et qu'il a eu de l'empathie pour elle.

- Merci beaucoup pour votre aide Monsieur Dupuy, au revoir.

Cette information n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd, au volant de son véhicule, le policier se dirige vers le resto U. Allons parler à cet homme, se dit-il.

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