Chapitre 1
Le grand portail noir s'ouvrit sur l'allée de pierre. Les dalles grises s'alignaient formant un grand chemin se perdant dans le brouillard matinale. De chaque côté de l'allée, de petites haies aux couleurs chatoyantes bordaient le passage séparés régulièrement par de somptueux bancs aussi noir que la grille de l'établissement. La pelouse coloré semblait terne sous la faible lumière de Veppam. Veppam est l'astre bleuté qui apporte sa chaleur à leur planète et pourtant, une fraîcheur matinale règne encore sur la cour causé par l'absence du grand Oli qui ne serait vraiment efficace qu'à l'aurore, lorsque sa lumière dorée sera assez vive pour éclairer la terre de ses rayons éblouissant. Malgré l'heure matinale, on entend l'animation d'une troupe de gens se préparant à étudier. La grande allée de l’école est bondée. Une centaine d’élèves en uniforme noir ou blanc restent dehors pour discuter et chahuter. Les plus jeunes doivent avoir à peine 10 ans et sont surveillés par des tuteurs plus âgés pour ne pas les laisser à l’abandon. Les élèves les plus âgés peuvent facilement passer pour des professeurs. Ils ont passé 30 ans pour certains.
Du haut de ses 14 ans, Marun est intimidé. Sa vie a radicalement changé et cette nouveauté n’est pas sans l’inquiéter. Être le petit nouveau de l’école signifie souvent que l’on va passer un moment difficile dans les jours à venir. L’intégration n’est pas la même quand on arrive après des vacances donc au moment des rencontres ou quand on arrive au milieu d’une session d’étude. Malheureusement, ses pouvoirs ne se sont révélés qu’au cours de la semaine précédente. Il avait reçu dans la foulée son admission automatique pour « la prestigieuse École de forces magiques de Burton ». Tout être se trouvant en possession de pouvoir magique se doit d’aller à l'École de magie de la planète pour apprendre à les contrôler et éviter les accidents. C’est une règle imposée que l’on soit comme lui un Curu à la peau lisse et au petit nez aquilin ou un Miru avec un pelage, un museau et de hautes oreilles.
Marun passe une main dans sa tignasse brune et ébouriffe ses cheveux. Il attrape son pendentif et regarde la pierre blanche ornée de son cercle de métal. Il repense à son père lui tendant la pierre avec une larme à l'œil. La découverte de ses pouvoirs à été une tel fierté pour sa famille qui n’avait plus connu de mage depuis des dizaines de générations. Il soupire, remet le pendentif sous sa tunique et s’avance lentement le long de l’allée de pierre. Les mêmes rochers grisâtres utilisés pour le bâtiment composent le sol. Les pierres entourés de splendides fleurs accompagnent sa lente marche vers l’inutilement grande porte d’entrée du bâtiment qui allait l’accueillir pour les années à venir. Il passe la porte et traverse le couloir sombre. Il se retrouve alors dans une large cour couverte de pelouse, entouré de dalles et parsemé de petites allées permettant de circuler hors des herbes humides. Marun, bouche bée, contemple ce spectacle grandiose. Oli n’est pas encore tout à fait levé à l’horizon et pourtant la cour baigne dans une petite lueur azur et l’air dégage un atmosphère frais sans pour autant donner froid. Marun se ressaisit. Il prend une grande inspiration et regarde autour de lui pour mieux comprendre et apprécier le lieu où il se trouve. L’ennui est qu’à partir de cette cour, il ne sait pas où il doit se rendre. Il aperçoit huit escaliers et une douzaine de portes. Il sait qu’il doit se rendre au bureau d’admission qui se trouve dans l’aile administrative et ensuite il sera reçu en entrevue avec la directrice. Mais il ignore où se trouve cette aile. Il reste planté dans l’entrée de la cour et un élève finit par lui rentrer dedans. Il s’excuse maladroitement et l’arrête pour lui demander son chemin. La jeune fille se retourne pour lui faire face et ils se dévisagent. C’est une Miru. Son corps est donc différent du sien. Elle est couverte de poils et sa tête n’a pas de nez mais un petit museau rose. Son pelage est brun clair et un croc blanc ressort légèrement de sa bouche. Elle est plus grande que Marun d’une bonne tête mais à l’air vraiment jeune. Marun en conclut qu’elle ne doit pas avoir plus de 4 ou 5 ans de plus que lui, ce qui le rassure et l’encourage dans sa démarche.
_ Excuse moi, je m'appelle Marun et je suis nouveau. Je dois me rendre au bureau d’admission mais je ne sais pas où il se trouve, pourrais-tu me l’indiquer s’il te plait ? Demande-t-il simplement.
_ Bien sûr ! Moi c’est Marra. C’est ma sixième année ici. Je dois voir le directeur alors si tu veux je t’accompagne. lui répond-elle gentiment.
Il acquiesce et elle l’entraîne alors à travers la cour vers l’escalier centrale au fond du bâtiment.
_ Tu vas commencer les cours de maîtrise puisque tu es nouveau ? Ça veut dire que tu viens d’obtenir ta magie ? demande Marra curieuse.
_ Oui c’est ça. Je ne sais pas encore ce que je vais devenir avec. Je devais travailler avec ma famille mais je suppose que ma magie va m’ouvrir de nouvelles portes …
_ C’est vrai que ça t’offre de bonnes opportunités mais tu est libre de choisir n’importe quel emploi dès que tu aura maîtrisé ton don. Moi j’ai choisis de continuer pour devenir Mage d’élite par exemple mais c’est un choix.
_ Mage d’élite ? Mais ça demande beaucoup d’études ! s’écrit Marun surpris.
_ C’est ce que j’ai choisis. Répond-elle d’un sourire malicieux.
En montant les étages, Marun apprend qu’elle a en fait 17 ans depuis peu et qu’elle a obtenu sa maîtrise magique à 11 ans, soit 3 ans après son entrée dans l’établissement. Au début elle envisageait d’avoir le 3ème niveau de maîtrise de magie ce qui lui aurait permis de manipuler certains éléments mais elle a décidé que ça ne lui suffira pas. A force de travail, elle a obtenu la deuxième maîtrise et son ambition a croît avec le temps. Marra était bavarde et Marun ne comprenait pas encore tous les termes qu’elle évoquait mais sa compagnie le rassurait beaucoup. En quelques minutes, elle l’avait emmené à l’autre bout de l’établissement. Il ne savait même pas a quel étage il se trouvait. Ils avançaient le long d’un dédale de couloirs aussi grisâtre que le reste du bâtiment et en tournant à un coin ils se retrouvaient dans un couloir aux murs étonnement colorés. Le sol est couleur crème et les murs verts et blancs. Des personnes discutaient au fond du couloir. Marra lui fit signe que le bureau se trouvait sur leur gauche et lui expliqua ensuite que la femme grande et élégante du groupe qui leur faisait face est la directrice.
Elle discutait avec des mages de haut rang. En plus de la capuche Bleu qui évoque un rang élevé de maîtrise de magie, ces hommes possédaient des ceintures garnis de nombreuses fioles blanches et noir. Plusieurs d’entre eux étaient munis de sacs à dos. Ils parlaient d’un voyage mais Marun, comprenant que cette affaire ne le concernait pas, se présenta à la porte du bureau d’admission.
Le Miru qui le reçoit lui donne des documents à remplir et lui explique comment est construit le bâtiment. C’est tout simplement un grand terrain avec plusieurs complexes. Celui dans lequel il se trouve abrite les salles de classe, la partie administrative et quelques salles de conférences et de réunions. Plus à l’Est, en suivant une grande allée pavée avec des lampadaires, il atteindrait le bâtiment de vie. Tous les mages n’ayant pas de logements en ville sont dans l’internat. Il est construit comme un mini village au cœur d’un bâtiment. Il y a des appartements avec parfois des espaces extérieurs et les jeunes comme lui sont gardés par des tuteurs à qui appartiennent le logement et sont donc sous leurs ordres. Enfin il y a un bâtiment à l’ouest qui contient une arène, des salles d'entraînements et de combats ainsi que le complexe sportif.
_ C’est un peu morne et sombre en apparence mais tu finiras par t’y sentir chez toi. Lui dit l’homme en souriant.
Puis il lui demande de sortir et d’attendre sur un siège à côté du bureau de la directrice.
En sortant, Marun se sentit soudain atteint d'une forte tristesse. Il y avait encore quelques jours, il vivait paisiblement avec sa famille dans une petite ferme entourée de forêts épaisses. Les soleils inondaient les terres et l'herbes brillait de milles couleurs chatoyantes. A présent qu'il voyait les murs aux couleurs ternes, cette école ne paraissait pas pouvoir rivaliser avec les grandes étendus de sa terre natale.
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