06h37

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Les muscles tendus, Paul soutient une large dalle plate en pierre. Il avance de façon synchronisée avec Murad par des pas lents, mais réguliers sur la route légèrement pentue.

— On pose à trois !

Sa voix essoufflée, Paul maintient fermement sa prise.

— Un, deux… Trois !

La dalle descend progressivement avant de se loger dans le creux terreux.

Les mains sur les genoux, Paul inspire et expire rapidement, Murad reste plus détendu. Le cheval près de la charrette broute tranquillement l'herbe.

— Elle était pas légère, mais je constate que tu supportes bien le poids.

Murad tend une gourde à Paul en lui souriant.

— Merci du compliment.

Alors que Paul s'hydrate, les mots de Yumi me reviennent en mémoire. Il est évident que tous deux sont demi-frères. Murad a une peau très foncée et un regard gris bleuté qui laisse peu de doute. Je me souviens que la mère de Murad était enceinte avant de rencontrer son père, mais rien n'a été dit officiellement.

C'était un jour pluvieux, dans la forêt... Un acte non consenti avec un bandit de passage. Les cris, larmes et insultes... J'en ai en mémoire qui me reviennent... Wendy a toujours conservé son secret, finalement comme beaucoup elle est morte dans les mines d'Astérnia.

— La route principale menant au moulin est vraiment vieillissante.

— C'est vrai qu'on l'a un peu trop négligée ses dernières années.

Paul observe le moulin rustique situé en haut de la colline, tout en respirant fortement. La base est en pierre de taille, l'ossature en chêne et les pales en peuplier. Le grissement que j'ai entendu depuis l'ouïe de Mizuki s'est estompé et j'aperçois Serge au loin. Il a sûrement graissé le mécanisme.

Après un court instant, Paul regarde Murad se tenir la main.

— Ça va ?

— Oui, ne t'en fais pas.

Murad sourit en tapotant l'épaule de Paul.

— Il en reste encore combien à mettre pour refaire cette route ?

— Dix ! Mais allons-y tranquillement, il n’y a pas d’urgence.

Tous deux s'assoient sur un banc, l'air frais caresse leur visage encore en sueur.

— Au fait, qu’est-ce qu’Amélia nous a préparé pour midi ?

— Tiens-toi bien… Elle nous a fait du bœuf wagyu.

Avec un visage joyeux, Murad rit légèrement.

— Sérieux ! Ta femme est vraiment la meilleure, on va se régaler !

Paul adopte soudain un air plus sérieux.

— Je sais qu’Amélia m’a épousé parce que tu lui as dit que ce serait mieux.

Murad pousse un léger soupir.

— Elle t’en a parlé alors ? J’aurais préféré qu’elle ne dise rien, mais bon.

— C’est de toi qu’elle était amoureuse, mais tu l’as convaincue de me choisir.

Leurs regards se croisent sans se quitter.

— Cela ne change rien au fait que vous êtes un couple solide aujourd’hui !

— Je sais, mais je voulais te remercier ! Après tout, tu l’aimais aussi.

— C’est compliqué, Amélia a un caractère très différent du mien.

— J’avais l’impression que vous vous entendiez bien pourtant.

— En public, oui, mais en privé on s’engueulait souvent.

— J’espère que tu trouveras bientôt la personne qui te convient.

— Moi aussi ! Allez, on s’y remet !

Alors qu'ils se lèvent le lieu change...

Les sensations de Paul laissent placent à celles de Michel.

Je me souviens d'une phrase...

Chaque histoire commence par une naissance, dans la toile de la l'existence.

Cependant, je ne me rappelle plus qui disait cela.

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