08h18
Mizuki discute joyeusement pendant que son regard balaie les champs parcourus d’un canal étroit. Elle observe le bassin en pierre entouré de nombreux tonneaux, tout en humant les odeurs terreuses provenant des déchets végétaux et animaux entassés dans les enclaves. Son ouïe capte le bruissement des multiples insectes présents et le piaillement des oisillons. Les Champs sont au sud de la maison des Ashura et Mizuki discute déjà avec plusieurs villageois.
« Walter, vous plantez des taternias ? J’aime bien ces petites graines rondes. »
« En effet, Mizuki, tu veux qu’on te garde quelques-unes ? »
« J’aimerais beaucoup ! Je les planterai dans le potager de Yumi cette année. »
Walter fixe quelques secondes les iris noisette de Nora, tout en souriant. Tandis qu'Aurélie scrute la tenue de Mizuki de haut en bas.
« Ces vêtements sont jolis et te correspondent bien, Mizuki. »
« Merci, Aurélie ! Moi, j’aime bien le ruban noir qui attache tes longs cheveux bouclés en tresse. »
« Mizuki, tu te rappelles ce qu’on a planté ici l’année dernière ? »
« C’étaient des harmonicaires, Edward ! Planter des taternias permet la rotation des cultures. »
« Exact, mais qu’est-ce qu’on pourrait semer en plus pour maintenir un sol riche et fertile ? »
« Du bliria ! Il n’est pas invasif et une fois transformé au moulin, on obtient de la farine. »
« Tout à fait, Mizuki ! De plus, la rotation des cultures attire les terranus. »
« Je sais, Edward ! J’en vois plein dans les champs qui fertilisent la terre pendant qu’on discute. »
Walter se gratte légèrement la tête pour faire tomber la terre qui est dans ses cheveux courts, tandis que John se relève et hausse la voix.
« Les harmonicaires seront près de l’auberge cette année ! J’adore leurs légumes. »
« Je suis de ton avis, John ! En plus, les apinas raffolent de leurs magnifiques fleurs bleues. »
« C’est vrai, Aurélie, elles offrent une vue splendide et leurs fruits sont sucrés, poivrés et salés. »
Nora intervient d'une intonation stricte.
« Ils sont également faciles à manger, même sans aucune préparation. »
Edward termine une plantation, puis intervient avec calme.
« Nora, comparée au taternia, les harmonicaires nourrissent la terre. Sais-tu pourquoi, Mizuki ? »
Mizuki observe un court moment la coupe en dégradé d'Edward, puis fixe de nouveau son regard.
« Non, je l’ignore. Est-ce que tu peux me l’expliquer ? »
« Les harmonicaires libèrent de l’azote atmosphérique, grâce à une bactérie appelée rhizobium. »
« C’est quoi, de l’azote atmosphérique, Edward ? »
Pendant quelques secondes, Mizuki regarde les cheveux ébène d’Aurélie, puis fixe de nouveau Edward qui lui sourit.
« C’est un gaz invisible à l’œil nu. »
John intervient rapidement d'un air moqueur.
« Toi, depuis que ce prof de la capitale est venu, tu n’arrêtes pas avec tes trucs scientifiques. »
« John, la science nous apprend plein de choses utiles pour l’agriculture. »
« Ce n’est pas pour autant qu’il faille abandonner nos méthodes traditionnelles ! »
« Je suis d’accord, Nora, mais c’est bien de se diversifier. »
« Je ne suis pas vraiment pour, mais on verra en fonction des résultats de tes essais, Edward. »
« Exact, John ! Après tout, je n’ai pas de certitudes que cela fonctionnera. »
« Je suis contente d’avoir appris quelque chose, merci, Edward. »
« En tout cas, je suis toujours émerveillé quand les harmonicaires divisent leurs fruits ! »
« Moi aussi, Walter. Mizuki, tu nous donnes un petit coup de main pour les semis ? »
« Bien sûr, Nora ! Comme il est encore tôt, je peux bien rester un moment. »
« Tiens, Mizuki, commence par mettre cette tenue par-dessus tes vêtements pour ne pas te salir. »
« Merci, Aurélie ! »
Mizuki enfile rapidement une salopette, puis des bottes, et enfin des gants et un chapeau de paille.
« Au fait, Nora, c’est quoi cette coupe de cheveux que tu as choisie d’adopter ? »
« C’est une coupe militaire ! J’en avais assez des cheveux longs. Est-ce que ça me va, John ? »
« Ce que j’en pense n’a pas d’importance, Nora. Tant que c’est ton choix. »
« Aurélie, ta tête va mieux depuis la semaine dernière ? »
Edward sourit en regardant les iris noisette d'Aurélie.
« Oui, merci Edward. Yumi m’a dit que je garderais une petite cicatrice, par contre. »
« Ne t’en fais pas, elle est à peine visible. »
Le regard brun d’Edward lui donne un air savant.
« Merci, Nora. Au fait, John, tu n’avais pas dit que tu voulais te laisser pousser les cheveux ? »
« C’est vrai ! J’aime le concept, mais c’est l’application le problème. »
Mizuki se met à genoux, puis plante les graines avec rapidité et efficacité.
« C’est agréable, j’adore ces moments simples où on travaille en discutant. »
Les sens de Mike me guident désormais, laissant loin ceux de Mizuki.
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