09h54
Son regard se pose sur les cheveux blancs d'un marchand dont la peau noire crée un contraste. Elle scrute ses yeux dorées couverts d'un voile opaque, puis ses oreilles retroussées vers l’intérieur. Alors qu'il passe une main dans son cou, elle suit ses quatre doigts se resserrer. Il époussette d'un geste sa tunique couverte de broderies, sans lâcher les iris de Mizuki.
Étrangement, le prénom d'Ayame traverse mon esprit, comme si cet homme l'avait connue.
Un silence entre eux est présent malgré l'animation de la place centrale.
Il y a une différence majeure entre elles qui provient de leur âge et de la longueur de cheveux.
Ayame serait-elle sa mère biologique ?
Pourquoi cette pensée me traverse l'esprit ?
Et s'il l'a connue, pourquoi ne pas en parler avec Mizuki ?
Dans tous les cas, ce prénom reste pour moi un vague souvenir.
Un large sourire et le silence ce brise comme une bulle.
— Je m’appelle Mizuki Ashura !
Ses yeux emplit de tendresse Mizuki l'observe.
— Eh vous, monsieur ?
Un air sec se dessine sur le visage de l'homme.
— Tu comptes acheter quelque chose ?
Elle frotte légèrement son pied gauche au sol pou le reculer tout en se penchant un avant pour rapprocher son visage du marchand.
— Qu’est-ce que vous vendez ?
— Divers produits artisanaux, regarde mon étal si tu veux être fixé.
Son yeux glissent sur les divers tissus en soie, puis sur les bijoux luxueux. Elle observe distraitement les statuettes finement ouvragées, mais sans quitter les yeux de cet homme intriguant.
— Il y a beaucoup d’articles, mais je ne vois rien qui m’intéresse.
— C’est moi qui t’intrigue, n’est-ce pas ?
Alors que son ton reste ferme, Mizuki rit avec légèreté.
— Oui ! Vous êtes différent des gens que je connais.
Il soupir brièvement, avant de prendre une expression passive.
— Mon nom est Meita Jikakur !
— Meita, je m'en souviendrai.
Après un ricanement, il reprend.
— Je suis un Michiyuki !
Mizuki intervient d'un ton curieux.
— C’est quoi ces broderies ?
— Ce sont des distinctions qui représentent mon statut social.
— Vous êtes épéiste ? Mon père et mon frère sont très forts !
— Mon épée est une arme de cérémonie.
— Tu es fier d’être un Michiyuki ?
— En effet.
— Je respecte ça, mais est-ce que tu peux m’en dire un peu plus ?
— Nous sommes des nomades habitant dans les zones désertiques.
— Tes yeux ont comme un voile sombre, à quoi sert-il ?
— Il permet de regarder le soleil directement.
— Pourquoi vos mains n'ont que quatre doigts ?
— Cela facilite l'utilisation de nos montures.
Elle souflle légèrement avant de reprendre.
— Ton peuple est fascinant.
— En effet !
— Est-ce que tu pries aussi la déesse Mirina ?
— Oui.
— C’est cool, moi aussi !
Mizuki baisse un peux les yeux.
— Mon frère, par contre, pense que la déesse est un concept.
— Cela ne change rien...
Meita observe la place centrale d'un air intrigué.
— Je suis surpris de ne pas être surveillé.
D'un air joyeux, Mizuki reprend énergiquement.
— À Hanakaze, c’est normal de faire confiance !
Un léger silence se place, leur regard se fixe de nouveau.
— Est-ce que tu comptes rester un peu ?
— J’ai d’autres endroits à visiter, mais je repasserai.
Mirina disait que les Michiyuki étaient une nécessité, pour former un lien dans un dialecte unique.
— D’accord ! On pourra discuter plus tard.
Mizuki sert la main de Meita d'une poignée ferme.
— Bonne chance pour tes ventes.
— Merci, on se reverra peut-être.
Tout en sifflotant doucement Mizuki s'éloigne de Meita en souriant. Elle suit le chemin vers l’ouest avant d'emprunter celui au sud. Mizuki observe les haies fleuries que la brise légère fait bouger tout en avançant tranquillement.
Après quelques minutes, elle s’arrête devant deux grands piliers sculptés. Les nuages dans le ciel azur semblent figés sous son regard, mais bougent pourtant bel et bien.
— Je compte sur toi pour veiller sur tout le monde, Mirina ! Merci !
Derrière elle la respiration saccadé de Tomo devient audible, tout comme ses pas rapides qui frappes le sol en pierre.
— Mizuki ! Attends-moi !
Il court à un rythme effréné vers Mizuki qui l’observe tranquillement en souriant. Épuisé, il s’arrête devant elle et pose ses mains sur ses genoux en essayant de reprendre son souffle.
— Prends le temps de souffler.
Après un court instant, Tomo se relève.
— C’était une sacrée course que tu viens de faire, tu as battu ton record.
— Je voulais te remercier encore une fois de m’avoir sauvé du fouisseur !
— C’était il y a six mois, tu n’as pas besoin de me remercier à chaque fois.
— Je sais, mais ça m’a fait réaliser que je devais devenir aussi fort que toi.
— Que dirais-tu d’un entraînement personnalisé demain après-midi ?
— Super ! J’ai trop hâte d’y être, mais je dois aller à l’école. À plus tard.
Tomo repart en sautillant, et cette fois, il n’a pas mentionné d’être invisible.
Je devrais me dépêcher, Michel doit m’attendre.
La pensée de Mizuki traverse mon esprit alors que ses ses sensations laissent place à celles de Linda qui redevient mon hôte.
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