09h54
Mizuki est sur la place centrale et fixe un marchand aux cheveux blancs du regard. Ses yeux sont couverts par un voile opaque et ses iris et pupilles sont jaunes. Ses oreilles sont retroussées vers l’intérieur. Sa peau est entièrement noire sans aucune autre couleur. Ses mains n’ont que quatre doigts. Sa tunique est couverte de broderies. Mizuki le scrute dans les moindres détails.
Étrangement, le prénom d'Ayame traverse mon esprit, comme si cet homme l'avait connue. La différence majeure entre elle et Mizuki vient de leur âge et de la longueur de cheveux. Ayame serait-elle sa mère biologique ? Pourquoi cette pensée me traverse l'esprit ? Et s'il l'a connue, pourquoi ne pas en parler avec Mizuki ? Dans tous les cas, le prénom d’Ayame reste pour moi comme un vague souvenir.
« Je m’appelle Mizuki Ashura ! Eh vous, monsieur ? »
« Tu comptes acheter quelque chose, Mizuki ? »
« Qu’est-ce que vous vendez ? »
« Divers produits artisanaux, regarde mon étal si tu veux être fixé. »
Mizuki observe d’un œil inattentif l’étal où se trouvent des tissus en soie, des bijoux luxueux, des statuettes finement ouvragées, mais en continuant de fixer Meita qui l’observe aussi.
« Il y a beaucoup d’articles, mais je ne vois rien qui m’intéresse. »
« C’est moi qui t’intrigue, n’est-ce pas, Mizuki ? »
« Oui ! Vous êtes différent des gens que je connais. »
« Mon nom est Meita Jikakur ! Je suis un Michiyuki ! »
« C’est quoi ces broderies ? »
« Ce sont des distinctions qui représentent mon statut social. »
« Vous êtes épéiste ? Mon père et mon frère sont très forts ! »
« Mon épée est une arme de cérémonie, mais peut être utilisée pour ma défense au besoin. »
« Tu es fier d’être un Michiyuki ! Je respecte ça, mais est-ce que tu peux m’en dire un peu plus ? »
« Nous sommes des nomades habitant dans les zones désertiques. »
« Tes yeux ont comme un voile sombre, à quoi sert-il ? »
« Cela me permet de regarder le soleil directement, et nos mains sont adaptées à nos montures. »
« Ton peuple est fascinant, mais au fait, est-ce que tu pries aussi la déesse Mirina ? »
« En effet ! »
« C’est cool, moi aussi ! Mon frère, par contre, pense que la déesse est un concept. »
« Cela ne change rien, mais je suis surpris de ne pas être surveillé. »
« À Hanakaze, c’est normal de faire confiance, mais est-ce que tu comptes rester un peu ? »
« J’ai d’autres endroits à visiter, mais je repasserai avant de rentrer chez moi. »
Mirina disait que les Michiyuki étaient une nécessité, pour former un lien dans un dialecte unique.
« D’accord ! On pourra discuter plus tard alors. Bonne chance pour tes ventes, Meita. »
« Merci, on se reverra peut-être effectivement, Mizuki. »
Mizuki quitte Meita en souriant, puis suit le chemin vers l’ouest. Elle emprunte ensuite celui au sud qui mène vers la sortie d’Hanakaze. Mizuki observe les haies fleuries que la brise légère fait bouger tout en avançant tranquillement. Après quelques minutes, elle s’arrête devant deux grands piliers sculptés et regarde le ciel azur où les nuages semblent être figés, mais bougent pourtant bel et bien.
« Je compte sur toi pour veiller sur tout le monde pendant mon absence, Mirina ! Merci ! »
La respiration de Tomo devient audible en même temps que ses pas rapides et son souffle saccadé.
« Mizuki ! Attends-moi ! »
Il court d’un pas effréné vers Mizuki qui l’observe tranquillement en souriant. Épuisé, il s’arrête devant elle, puis pose ses mains sur ses genoux en essayant de reprendre son souffle.
« Prends le temps de reprendre ton souffle, Tomo. »
Après un court instant, Tomo semble aller mieux.
« C’était une sacrée course que tu viens de faire, Tomo, tu as battu ton record. »
« Je voulais te remercier encore une fois de m’avoir sauvé du fouisseur, Mizuki ! »
« C’était il y a six mois, tu n’as pas besoin de me remercier à chaque fois. »
« Je sais, mais ça m’a fait réaliser que je devais devenir aussi fort que toi. »
« Dans ce cas, que dirais-tu d’un entraînement personnalisé demain après-midi ? »
« Super ! J’ai trop hâte d’y être, mais je dois aller à l’école. À plus tard, Mizuki. »
Tomo repart vers le village en sautillant, et cette fois, il n’a pas mentionné d’être invisible. Mizuki reprend sa marche tout en pensant.
Je devrais me dépêcher, Michel doit m’attendre.
Ses sens laissent place à ceux de Linda.
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