10h08

5 minutes de lecture

Ses avant-bras posé sur la texture rugeuse de la table en pierre vieillissante, Mizuki observe Michel qui est assis en face d'elle. Autour d'eux, les sentiers s’entrecroisent au milieu des bosquets fleuri, les arbres bourgeonnent et la brise caresse les herbes hautes.

Avec une énergie débordante, Mizuki se penche en avant.

— Tu as eu le temps de penser au pari.

Michel pose son coude sur la table et cale sa tête entre son pouce et son index.

— Oui...

Il marque un silence, puis fixe un panneau où sont indiquées des directions en kilomètres. Mizuki suis son regard tout en écoutant le gazouillis des oiseaux et le bruissement des feuilles.

Ardentia 50 ; Lumina 100 ; Sud. Célestia 300 ; Ouest. Mercia 150 ; Est.

— Tu risques fortement de ne pas aimer.

Un rictus se forme sur les lèvres de Mizuki.

— Tu penses que je vais te laisser gagner par abandon ?

Michel lève légèrement les yeux au ciel, Mizuki tapote son doigt sur la table.

— Tu peux toujours rêver !
— Très bien ! Voici les règles.

Il fixe dynamiquement sa soeur, et j'ai cette impression d'anticipation...

— Le premier qui rentre avec l’objet de sa mission respective gagne.
— Donc, la médicina pour moi et le minerai d’argent pour toi ! Ça me va.
— On s’attendra près des piliers. En cas d’imprévu, on laisse notre sac à dos.

Michel sort de son sac une carte et la déroule sur la table.
Avec son index, il trace une ligne que Mizuki suit attentivement.

— Cinq kilomètres par le chemin forestier.
— Je connais bien ce chemin.

Michel effectue un autre tracé avec son doigt.

— Trois si tu longe la montagne.
— Le terrain est accidenté.
— Tu as le choix.

Michel continu avec une intonnation sérieuse.

— N’oublie pas que tu seras près de l’autel du dernier sacrifice.
— Je sais, papa ne veut pas qu’on s’en approche.
— Exact ! Des questions ?

Mince, j’ai oublié de prendre de quoi grignoter.

— Quelle est la distance que tu dois parcourir ?
— Cinq cents mètres sur une route plate et pavée.
— C’est un peu déséquilibré, tu as l’avantage sur la distance.

Il croise rapidement les bras et se penche en arrière.

— Il faut prendre en compte le temps d’exploration des lieux.
— Explique-moi ?
— Tu connais bien la forêt, je vais dans une grotte sombre.
— Est-ce que le temps de récolte compte ?
— Bien sûr !
— Est-ce qu’il y a autre chose ?
— Notre condition physique et mentale.
— Quoi d’autre ?
— Notre charge, les types de terrains, les rencontres fortuites.
— Que devra faire le perdant ?
— Satisfaire la demande du gagnant...

Michel marque un long silence en fixant le regard de sa soeur.

— Je veux que tu portes une robe.

D'un geste brusque Mizuki se lève avec un regard emplit de colère. Elle ssert son poing et frappe l'angle de la table qui se brise sous l'impact. Ses mains posées à plat, Michel, reste immobile tout en continuant de la fixer.

— Tu sais que je déteste en porter ! Cette idée est stupide !

Il prend soudain un air moqueur.

— Tu avoues déjà ta défaite, c’était une victoire facile.

Mizuki recule d'un pas et observe son frère en cherchant un doute dans ses yeux.

— Quoi ! Non… Je t’interdis de me sous-estimer !
— Te sous-estimer, mais je ne ferais jamais ça, voyons.

La façon dont Michel agit me fait penser à Mirina. Mizuki ferme les paupières, expire bruyament, puis prend une intonation moqueuse.

— Très bien ! Je te choisirai une robe sexy quand j’aurai gagné !

Elle observe le regard de son frère à la recheche d'un doute ou d'une faiblesse, mais il reste serein et impassible. Le silence dure près d'une minute, puis, après un léger instant suspendu, Mizuki laisse échapper un soupir et ses traits s’adoucissent dans un sourire sincère. Elle tend sa main vers celle de Michel, qui la serre fermement.

— Je vais te montrer une amélioration du mizuara, essaye de m’attaquer !
— D’accord, je suis toujours prêt à m’améliorer.

Ils se déplacent vers une zone dégagée non loin de la table, où l’herbe est rase. Quelques pierres délimitent la zone, comme pour marquer un terrain. Mizuki reste détendue et immobile au centre, mais maintient son regard posé sur Michel qui dégaine son épée sans précipitation.

— Ne te retiens pas, moi je me contenterai d’esquiver.
— Ne t’en fais pas, ce n’était pas mon intention.

Il fond sur elle d’un pas éclair, soulève son épée d’un geste vif et l’abat.

— Pas mal ce mouvement, mais je l’avais vu venir !

Mizuki effectue une légère impulsion pour faire un quart de tour afin d’esquiver, tout en pensant.

C’était juste. La lame est passée vraiment près de ma poitrine et j’ai failli abîmer mes vêtements.

Michel incline son épée à quarante-cinq degrés avant de la remonter vivement vers Mizuki.

— Ce mouvement aussi est sympa, mais trop prévisible !

Avec un pas léger vers l’arrière, Mizuki incline son buste.

Cette fois, la lame a frôlé mon visage à moins d’un centimètre.

Mizuki reste parfaitement calme et affiche un large sourire.

— Alors, tu ne peux pas faire mieux que ça ?

Michel remet son épée à l’horizontale, puis enchaîne une entaille au niveau du torse. Mizuki se laisse tomber et, alors que son dos s’apprête à toucher le sol, elle effectue un salto arrière, puis se relève d’une impulsion.

— Alors ! Tu en penses quoi, surpris ?

Michel observe Mizuki avec une concentration intense, et tous les deux sont calmes et attentifs.

— Tu es plus rapide qu’avant, mais j’ai encore une surprise.
— Je suis impatiente, montre-moi !

Michel abat une première attaque diagonale sur la droite.

— Je croyais que c’était une surprise ?

Alors que la lame frôle son visage, Mizuki effectue un léger pas en arrière pour l’esquiver. Il incline son épée à quatre-vingts-dix degrés, avant de la faire remonter d’un geste rapide.

— C’était bien pensé, mais je l’avais vu venir.

Mizuki se tourne pour accompagner le mouvement, mais les attaques de Michel s’enchaînent. Elle accompagne chaque geste d’une esquive, tout en tournant en cercle. Après plusieurs minutes, il s’arrête pour reprendre son souffle alors que Mizuki reste calme.

— Alors ! Est-ce que ça t’aide ?
— Le mizuara est incroyable !
— Tu l’imites plutôt bien, mais tu perds du temps à calculer tes gestes.
— Je sais, mais toi, tu n’es pas essoufflé et tu ne transpires pas.

Mizuki fouille dans son sac et sort une serviette qu’elle tend à Michel.

— Merci.
— Tu as remarqué, hein ! Ça a commencé juste après mes premières règles.
— C’est lié à ton entraînement, ne te fais pas d'idées.
— Tu sais, je pense que mon entraînement n’est pas l’unique raison.
— Tu ne vas pas remettre ça ! Trois ans que tu persistes !
— Il est possible que je ne sois peut-être pas entièrement humaine.
— L’origine de tes parents n’a aucune importance, tu es ma petite sœur !
— Je suis totalement d’accord ! Il est temps de s’y mettre, bonne chance.
— Bonne chance.

Mizuki part vers l’ouest en courant...

Michel marche calmement vers le sud...

Mes perceptions se connectent aux sens d’Aya, dont le sourire est radieux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire MirinaIshiki ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0