16h55
Les mots de Shana semblent envoûter Michel alors qu’elle finit de raconter l’embuscade ainsi que l’intervention de Mizuki. Sa voix est pleine de tristesse qui s’éclaire de joie. Kuroki s’assoit calmement sur le fauteuil en face d’eux. Le salon est très sobre, bien aéré, le chat noir de Kuroki s’installe sur ses genoux et se blottit.
— Ça a dû être horrible, mais je suis content que Mizuki t’ait secouru à temps.
— Merci, ton soutien me touche beaucoup.
— Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder ton arc, est-ce que tu l’as depuis longtemps ?
Kuroki adopte une voix calme.
— Depuis mes douze ans. Il appartenait à mon père, tout comme mon pendentif d’ailleurs.
— Le nom de ton père ne serait-il pas, Alaric ?
— Oui, c’est exact. Vous avez déjà entendu parler de lui ? Papa est célèbre après tout.
— Je l’ai connu personnellement, quand on était de jeunes aventuriers.
— Pourquoi avez-vous arrêté votre carrière ?
— J’avais vingt ans quand j’ai débuté, mais je n’étais pas fait pour ça et trop têtu pour le réaliser.
Kuroki marque un silence
— Avec le recul, je ne regrette pas, mais il est vrai que si je pouvais changer certaines choses…
— C’est là que vous avez connu mon père ?
— Ton père était un jeune aventurier talentueux, il avait quinze ans.
Il caresse son chat un instant, tandis que ce dernier ronronne.
— Nous avons voyagé ensemble pendant deux ans.
Le chat se lève d’un bond, puis s’approche de Shana et monte sur ses jambes.
— Il a l’air d’aimer ton odeur.
— Est-ce qu’il a un nom ?
— Non, mais je l’appelle souvent Noir.
Alors que Shana se met à le caresser, Kuroki sourit.
— Alaric, malgré son âge, avait déjà une grande maturité émotionnelle.
— Et ensuite ?
— On est tombé sur une dratia. Un terrible souvenir, et j’en ai longtemps fait des cauchemars.
Michel semble légèrement surpris.
— Je n’ai jamais entendu parler de cette créature, de quoi s’agit-il ?
— C’est un monstre supérieur avec une tête de lézard.
Kuroki regarde Michel dans les yeux.
— Ces lianes peuvent rapidement découper la chair et les os, et j’ai perdu ma jambe comme ça.
— Tu n’en avais jamais parlé…
— Ce n’est pas le souvenir dont je suis le plus fier, sans Alaric, je ne serais plus ici pour en parler.
Kuroki relève doucement son pantalon, révélant une jambe artificielle.
Shana incline légèrement la tête.
— Désolée… Je n’avais pas remarqué !
— Pas la peine de t’excuser. Pour faire simple, le corps des dratia est quasiment indestructible.
— J’ai entendu parler des dratia, par des aventuriers avec lesquels j’ai voyagé.
Elle marque une pause.
— De ce que j’en sais, leur corps est composé d’une mousse qui se reforme rapidement.
— Exact ! Pour les vaincre, il faut une magie de feu ou une frappe puissante sur leur cristal d’ERA.
— Il va falloir que j’apprenne à maîtriser mon élément… On dirait que j’en aurai besoin.
L’intonation de Michel montre de l’inquiétude.
— Ce serait une bonne chose, mais ce n’est pas forcément facile.
Kuroki observe Noir qui est bien installé sur les cuisses de Shana.
— Dans tous les cas, Alaric, en plus de ses talents d’archer, maîtrise le feu et le vent.
— Oui, mon père n’est pas devenu rang platine par hasard.
Il fixe de nouveau Michel.
— Au fait, as-tu une idée de ce que tu veux faire de cette magnifique émeraude.
— Je voudrais en faire un bijou pour Mizuki.
— Compte sur moi, mon garçon, j’ai une idée de bijou en tête qui plaira à Mizuki.
Ses sensations s’effacent et mes perceptions se connectent aux sens de Yumi.
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