Chapitre 5

9 minutes de lecture

— Voici du rouge et du blanc. La dame aux longs cheveux roux se mit à la hauteur de la petite fille qui dessinait.

— Je vais rester un peu plus de temps avec toi, tes parents vont avoir du retard.

— Je vais pouvoir finir de colorier cette jolie rose, dit San pleine d'enthousiasme.

Sa petite langue sortait de temps en temps et lui donnait un air sérieux, elle faisait de son mieux pour ne pas dépasser. Le petit dragon crachait son doux parfum, les rideaux filtraient les doux rayons de soleil matinal et on entendait le chant des merles noirs.

— Quand je serai adulte, je peindrais comme mon papa.

L'éducatrice n'eu pas le temps de lui répondre, un bruit assourdissant qui venait de dehors coupa nette la discussion. La petite fille la regarda apeuré et demanda ce qu'il se passe. Anna alla regarder par la fenêtre, écarquilla les yeux et ferma aussi tôt les rideaux.

— Vient San, allons dans le bureau de ton père.

Elle semblait apeurée, elle ne prit pas le temps de mettre la jeune fille sur son fauteuils. Elle l'emmena en la portant et la déposa prêt de ses feutres de couleurs puis elle alla fermer les rideaux de la pièce.

— Pourquoi il fait tout noir, c'est déjà l'heure de se reposer ? Elle posa un doigt sur son front pour faire mine de réfléchir.

Anna glissa dos au contre le mur et fini par s'assoir. On entendait plus le chant des oiseaux à présent, ni même le cliquetis de la pendule. Tout semblait s’être figé. Anna se tenait le ventre. Ses yeux se plissèrent et son teint rembrunit.

— Anna, tu as froid ? Pourquoi tu trembles ?

— Je suis malade, tes parents vont bientôt rentrer et je pourrais aller me soigner.

Le souffle d'Anna s'accéléra à mesure que le temps passait. Elle était assise dans le coin de la pièce, un linge humide sur le front le visage ruisselant.

— Anna ! Appela la petite fille. Anna de répondit pas. Anna ! reprit elle aussitôt, j'ai fini de colorier la rose regarde, elle hochait le dessin en direction de la femme assise. Cette dernière ne semblait pas entendre, ses yeux étaient clos et de la bave sortait de sa bouche. San posa le dessin, se redressa sur les genoux et s'approcha en marchant à quatre pattes. Ces jambes frêles ne lui permettaient pas de tenir debout toute seule. Elle pensa tout d'abord qu’Anna lui faisait une mauvaise plaisanterie, alors elle lui toucha le ventre pour lui faire des chatouilles. Soudain, les yeux d’Anna s'ouvrirent. Ils étaient dépourvus de pupille. Les yeux blanc et froid comme le marbre. San sursauta tout en restant dans le jeu. Elle tendit son doigt vers Anna en rigolant. La bouche de la femme s'ouvrit et laissa s'échapper un liquide visqueux. La petite fille se figea, se n'était plus drôle.

— Arrête Anna ! Tu me fais peur.

La femme rousse, se redressa tel un fantôme. Sa tête pencha en avant. Elle mit ses mains de chaque coté de sa tête et d'un coup sec elle la remit droite dans un bruit sourd comme si ses cervicales avaient étaient déplacées. San, recula en rampant tout en fixant Anna. Ses petites joues devenaient rouges, et ses larmes commencèrent couler.

— j'ai peur, dit-elle d’une voix à peine audible.

Anna avait perdu toute sa douceur, elle était menaçante, et son visage semblait inanimé. Tant bien que mal, San recula sans un bruit, se issa sur les genoux pour appuyer sur la poigné. Après un claquement, la porte s’ouvrit. Anna lâcha un grognement. Elle tourna la tête et se rua vers la petite fille. San eu le temps de pousser la porte avec son épaule qui se referma aussitôt devant Anna incontrôlable. Elle criait, tapait la porte de toutes ses forces. Ses ongles semblaient arracher la peinture. Une mare de sang se forma très vite sous la porte. San, se mit à pleurer et à crier. La porte s'ébranla, une énorme fissure la traversa. San se tue instantanément. Elle rampa avec difficulté vers la fenêtre pour demander de l’aide. Elle se issa sur le rebord et frappa de toutes ses forces sur la vitre. Des gens courraient dans tous les sens, certaine personne restaient allongés sur le sol. Des voitures klaxonnaient, d’autres roulaient sur l’herbe des jardins. L’une d’entre elles percuta un chien affolé qui tomba à quelques mètres d’où se trouvait San. Par reflexe, elle mit sa main contre sa bouche et ferma les yeux. Les cris dehors ne cessaient pas, alors San se boucha les oreilles s’installa dans le coin de la pièce et serra dans ses mains le cahier de dessin. Vitre brisée, cris, sirène de policier, klaxons, moteur, toute cette cacophonie bourdonnait dans la tête de la jeune fille. Puis des mains surgirent de nulle part et la soulevèrent sous les bras. Elle ne comprit pas tout de suite alors elle ouvrit les yeux et reconnu le visage d’Amaya, son enseignante.

— Je vais te mettre en sécurité avant que tes parents arrivent. Met ce linge sur tes yeux, bouche-toi les oreilles et accroche-toi à moi.

Elle ouvrit les yeux. Elle ne comprit pas tout de suite où elle était. Tout était calfeutré comme si ils se cachaient d’un terrible monstre. Des tissus sur les vitres empêchaient tous regard vers l’extérieur. Comme une sardine dans une conserve, elle demeurait immobile. Coincée et aplatit par des sacs, des vivres et de grosses couvertures.

La femme discutait avec un homme qui conduisait.

— Prenons la prochaine intersection, et direction l’hôpital. Ce dernier se situait dans la ville à quelques kilomètres de là. Ça ne sera pas long. Elle s’efforça de sourire pour rassurer San.

— Tu étais où Amaya ? Tu ne viens plus à l’école ?

— Je vais avoir un bébé, alors je dois préparer sa venue, elle exposa son ventre rond.

— D’accord, j’aime moins la nouvelle maîtresse, alors reviens vite. Elle croisa les bras et fronça les sourcils. Amaya ne pu s’empêcher de sourire, pour de vrai cette fois.

Le téléphone sonna. Amaya s’empressa de décrocher. Une voix tremblante d’homme se présenta. San reconnu la voix de son père. Ses pupilles se dilatèrent et sa respiration s’accéléra. Elle ne pu se retenir plus longtemps et appela son père comme si c’était lui qui conduisait. Elle voulait lui parler, lui demander de venir la chercher. C’était si dur de continuer sans avoir de repère. La voix de son père l’apaisa un moment. Bientôt, le petit sourire espiègle se dessina à nouveau sur le visage de San.

— Attention devant !

Une montagne de muscle et de sang barrait le passage. Comme un arbre immense possédant des bras et des jambes énorme. Le cri des filles satura les oreilles du conducteur. Il Donna un coup de volant sur la gauche afin d’évité le géant qui menaçait de percuter la voiture. Un deuxième sortit de la forêt et d’un coup d’épaule pulvérisa le par choc de la camionnette située devant eux.

— Fonce ! Ne t’arrête pas !

San criait et pleurait sans comprendre ce qu’il se passait. Une remorque s’écrasa à quelques mètres de là, une pluie de poussière et de gravas déferla sur le chemin. Après un slalome effréné entre les débits, et les voitures retournées. Ils devaient esquiver à présent les bras gargantuesque des créatures qui attrapaient les automobiles tel des ours chassant les jeunes saumons. Leur chemin s’arrêta lorsque le pied de l’un d’entre eux les percuta. Le choc propulsa le véhicule de l’autre coté de la chaussée et s’abattu contre un camion renversé.

Amaya fut la première à reprendre ses esprits. Une douleur vive s’empara de son crâne, comme un piège à loup sur sa victime. Tout s’entremêlait et se superposait. Les bruits des dérapages, des cris aux loin, l’odeur du fuel et de la poussière. Les créatures qui grondent comme le tonner en détruisant les vies les unes après les autres. Prisonnière de cette caisse de métal où l’odeur du sang, le goût métallique qui vous reste dans la gorge et la chaleur devenait insoutenable. Elle rassembla ses forces pour se tourner vers les autres passagers.

— Paul ! Il ne bougea pas, un morceau de ferraille lui traversait le cou.

Elle étouffa un cri dans sa main. Elle se tourna vers San en craignant le pire. Des affaires l’empêchaient de voir.

— San ? Tu m’entends, dit-elle en retirant une couverture.

Amaya ouvrir de grand yeux et prit la main de San. Elle était en vie. Mise à par de nombreuses contusions et hématomes sur son visage, elle était là, avec elle. Les quantités d’objets accumulés dans la voiture a dû la protéger se dit Amaya en caressant la joue de la petite fille.

— Je ne peux pas bouger ! Sanglota San.

— Je vais faire le tour ma puce, je viens te chercher.

La portière céda sous la force des jambes d’Amaya. Un géant était tout proche. Heureusement pour Amaya, il était de dos. Elle se plia en deux et fit le tour de la voiture sur les genoux. La porte refusait de s’ouvrir. Amaya était fatiguée, son ventre pesait sur elle plus que jamais. Elle tira sur la poignée toutes ses forces. Impossible de l’ouvrir. Peut être qu’elle pourrait faire passer San par le coffre ? Oui c’était une excellente idée ! L’important était de faire vite, car tôt ou tard, les créatures verraient qu’elles étaient là. Soudain, un des géants se mit à hurler, un son roque et puissant. Amaya retira les bagages qui bloquaient le coffre. Bientôt une armée d’infectés, ces humains aux yeux blanc qui déambulent dans les rues, sortirent de la forêt. D’abord en titubant, puis en se précipitant sur les voitures retournées.

Amaya fut foudroyer par un éclair, une poussée d’adrénaline l’aida à enlever les dernières affaires qui bloquaient San. Puis, elle réussit enfin à couper la ceinture de sécurité et tira la fillette vers elle pour l’accueillir dans ses bras.

— Suis-moi !

— Comment je vais te suivre, je ne peux pas courir, San était désemparée.

— Et bien, faisons un jeu, elle la regarda dans les yeux. Interdiction de se lever, ni de courir et tu dois rester toujours derrière moi. Les humanoïdes se rapprochaient de plus en plus.

— Sous le camion !

Elles se mirent à plat ventre et rampèrent, San tirait sur ses bras, des goutes de fuel tombaient dans ses cheveux, ses mains abimées lui faisaient mal.

— chut, roi du silence. Amaya mit un doigt sur sa bouche et s’arrêta.

Trois infectés passaient devant elles, sans faire attention. Ils se ruaient sur un monsieur qui courait et suppliait d’être épargné.

— C’est bon Amaya, on peut y aller ? Chuchota San. Heureusement, la petite fille ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait. Amaya essayait tant bien que mal de lui cacher les scènes horribles.

Elle lui fit signe d’avancer et d’aller sous la camionnette. Amaya souffrait, avancer à même le sol appuyait fortement sur son ventre. Mais elle ne lâcha rien, elle était déterminer à protéger les enfants.

La visibilité était réduite à quelques mètres. On distinguait que les pieds qui défilaient inlassablement, ses cris d’agonies, les pleures de certaines personnes encore piégé dans leur voitures. Plusieurs victimes firent comme elles, à se mettre sous les voitures et à ramper les unes derrières les autres comme un géant serpent. Les gouttes de sueurs se mélangeaient au sang qui coulait, et imbibait les vêtements. Il ne fallait pas s’arrêter, ramper encore et encore. Une personne se mit à crier, quelques instants plus tard, un géant l’attrapa par le pied et la tira vers lui. Puis, on ne l’entendait plus. Ça servait de leçon au reste du groupe, qui continuait à glisser sur le sol en silence. Où allait t-il finalement ? Dans cette situation, l’instinct de survie domine les autres facultés cognitives. Peut importe où ils allaient, du moment qu’on reste en vie, c’est le principal.

Elle pu observer un des géants grâce au rétroviseur d’une voiture. Des boursoufflures sur le corps, le dos bossu. Des bras ballant, immense et lacéré trainaient par terre. Son bassin atrophié était comme écrasé, resserré sur lui-même. Son visage ressemblait celui d’un boxeur, complètement assiégé de coup, ensanglanté. Des petites antennes sous le nez qui bougeaient en permanence. Le regard du monstre croisa le sien. Un frisson la traversa. Il poussa un hurlement. La voiture sous laquelle elles étaient cachées se retourna violement. Il avait renversé le véhicule comme on soulève une casserole. Amaya attrapa San sous les bras e se mit à courir. Les gens se bousculaient et criaient à nouveau. Elle manqua de tomber lorsque l’homme devant elle se fit écraser par le bras du monstre. Un monteur gronda.

— Par ici !

Une moto crosse s’arrêta dans la boue, à quelques mètres des deux filles. L’individu en cuir noir leur faisait signe de venir. A peine avaient elles grimpé sur la moto qu’elle partie en trombe en zigzagant entre les montres et les infectés qui menaçaient de les attraper. Avalé par l’épaisse forêt, ils réussirent à échapper au pire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Loi5 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0