Chapitre 16: L’homme le plus fort

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Une légère sensation de froid. Des voix qui semblaient lointaines. De vives douleurs à la tête, à la main et aux lèvres. Tel était l’ordre des choses que perçu Qaïdu lorsqu’il reprit connaissance.
En ouvrant les yeux il reconnut la lumière du soleil, atténué par une toile.
Comprenant qu’il était allongé à l’intérieur d’une hutte, il ce redressa rapidement pour voir Tatra et Zaya assis à son chevet.
-Qu'est ce que je fait là ? Et Orda ? Où est-il ?
-Ne t’agite pas tant ! Tu va rouvrir ta blessure à la main.
Lui dit Zaya les doigts encore ensanglanté suite à sa dernière couture épidermique.
La plaie avait été recousu et recouverte d’un bandage, mais Qaïdu ce leva précipitamment sans s'en soucier .
Tatra le saisi par le bras et le força à ce recoucher.
-Laisse moi me lever ! Je dois retourner me battre.
Cria Qaïdu en ce débattant.
-Reste la ! Le tournoi est fini pour toi !
-Je ne me suis pas rendu ! Le combat n’est donc pas fini.
-Tu ne t’es pas rendu avant de perdre connaissance ?
Demanda Zaya.
-Mais non !
-Orda à pourtant dit à tout le monde que tu t’étais rendu.
Qaïdu écarquilla ses yeux de surprise, déformant ainsi les amandes qu’ils formaient.
-Mais c’est faut ! Il a mentit… Et … Bon sang. Lui qui disait me traiter comme un homme. Ce type n’a aucun honneur !
-C’est quelqu’un d’honorable ! Il t’a épargné car je le lui ai demandé après que tu est perdu connaissance !
Rétorqua Tatra en maintenant Qaïdu allongé. Celui-ci marqua un temps de pause, le temps d’assimiler ce qu’il venait d’entendre.
-Il a du te traité comme un homme avec une famille aimante.
Fit Zaya d’une voix douce.
-T’avais pas à faire ça!
Dit Qaïdu en lançant un regard noir à Tatra.
-Si je ne l’avais pas fait tu ne serais plus avec nous à l’heure qu’il est.
L’adolescent ce saisit alors lentement des bras de son cousin, les éloigna de lui et lança avec une voix calme mais pleine de colère.
-Non, je serais avec ma mère au sixième étage du ciel. Et j’aurais préféré être auprès d’elle. Car elle, elle a su vivre et mourir sans être lâche! Toi t’en es incapable!
Déstabilisé par les mots de Qaïdu, Tatra le laissa ce relever et quitter la hutte. Maintenant à l’extérieur le jeune homme ce précipita jusqu’à l’enclos-arène d’où il entendit le son de la foule qui s’agitait. En arrivant il ce rendit compte que tout le monde était agglutiné autour des barrières. Ayant peur de comprendre ce qui ce passait, Qaïdu bouscula plusieurs membre de la tribu pour passer. Il aperçu alors Baatar et Orda qui ce faisait face et le chamane qui s’apprêtait à lancer le dernier combat.
« Mince, j’ai dû rester inconscient au moins une heure »
Pensa Qaïdu avant de crier :
-Attendez! On a pas fini le combat d’avant !
Sans l’entendre, le chamane lança le dernier combat du tournoi sous la clameur du public.
Baatar donna un premier coup qu’Orda esquiva avant de contre-attaquer. Le général tenta de le parer, mais son adversaire frappa avec une telle force que la parade ne fit pas assez dévier la lame pour l’empêcher de l’érafler à la joue. Égratigné, Baatar recula et palpa son visage pour constater un léger saignements.
Orda s’éloigna également, baissa son arme et lança respectueusement :
-Vous avez déjà obtenu la soumission d’une tribu aujourd’hui. Il n’y aurai aucun déshonneur à ce que vous renonciez à celle de Tavan en vous rendant maintenant.
La foule se tut, impatiente d’entendre la réponse à cette proposition.
Baatar eu un rictus puis il planta son épée dans la terre et commença à défaire les nœuds de cuire qui maintenait son plastron ainsi que diverses pièces de son armure. En même temps il fit :
-L’honneur a son importance, mais ce n’est pas pour lui que nous nous battons en ce moment. Tu prend la peine de me dire ça car tu imagine que je vais abandonné au premier sang versé ?
Orda plissa les yeux alors que les plaques de fer qui couvraient le corps de Baatar commençaient à tomber au sol.
-Tu as sûrement entendu dire que j’avais gagné une centaine combats sans même que l’on me touche. Et bien c’est vrai ! Mais sache qu’avant cela j’en ai remporté bien d’autre!
Continua Baatar en retirant les tissus restant qui lui servaient de haut, dévoilant un torse d’une peu tannée recouverte de cicatrices.
Orda tenta de cacher sa surprise alors que ses espoirs d’une victoire facile s’envolaient remplacé par une froide appréhension.
-Vue que tu es le premier à m’atteindre depuis longtemps, je vais te retourner ta proposition. Rend toi et je prendrai aussi ta tribu sous mon aile, ce serait du gâchis de laisser une tribu avec de bon guerriers comme toi dépérir à l’Est alors que l’Ouest serait si prometteur pour vous.
Dit Baatar en lui tendant sa main.
Orda poussa un long soupir puis, en guise de refus, pointa le bout de son arme en direction de Baatar qui, le temps d’un râle de déception récupéra son arme.
Orda ce rua sur le général. Ce dernier inclina la tête et évita une action qui l’aurait certainement décapité. Les deux hommes ce mirent ensuite à échanger des coups si rapides et si puissants que le publique eu du mal à les suivre. Leurs jambes bougeaient plus vite que ne l’aurais permis n’importe quelle danse, leurs bras semblaient si souples que l’on aurait pus croire qu’ils étaient désarticulés et leurs lames fendaient si rapidement l’air que les reflets du soleil couchant sur le métal donnait l’impression que l’orage frappait le sol à répétition.
Devant une telle démonstration de force Qaïdu fut stupéfait.
« En faite… Orda n’a même pas sorti les griffes lorsqu’il c’est battu contre moi. »
Réalisa-t-il tout en regardant les deux combattants effectuées des gestes aussi techniques que vifs sous les cris d’une foule extatique, subjugué par de telles performances martiales .
Puis, Orda frappa avec une force telle que l’épée du général ce brisa net en deux. Et alors que tout le monde pensait que le combat allait ce finir ainsi, Baatar, au lieu de prendre du recule, se rapprocha de lui, attrapa sa lame à main nue tout en lui donnant un puissant coup de boule et en tirant l’arme à lui , l’arrachant des doigts d’Orda, maintenant sonné.
Baatar, ignorant ses mains ensanglantées qui tenaient par le tranchant l’épée de son adversaire, profitât du déséquilibre d’Orda. Il lui donna un puissant coup de pied. Cela le propulsa violement au sol.
Sonné, désarmé et à terre, Orda ce décida à dire haut et fort :
-Je me rend !
Ses mots ne ralentirent même pas Baatar qui sans une hésitation, lui transperça le cœur avec sa propre épée.
-Trop tard ! Je ne suis bon qu’avec ceux qui me sont fidèles.
Fit Baatar d’une voix basse qui portait la froideur du jugement.
Orda rendit un long gémissement avant de rendre son dernier souffle. Tout autour les acclamations et les plaintes fusaient devant cette victoire à l’éthique discutable. Cette cacophonie dura une ou deux minutes avant que Baatar, l’épée aussi maculée de sang que ses mains, n’hurle :
-Tribu de Tavan!
Presque tout le monde autour de l’enclos se tut face au charisme de l’homme à qui appartenaient cette voix puissante. L’aire impassible Baatar enchaîna :
-Quoi qu’on en dise j’ai remporté le tournoi. Cette tribu est donc sous ma protection. Merci à ceux qui sont déjà d’accord avec ça. Pour les autres je suis prêt à vous écouter, tous un par un. L’un après l’autre !
En même temps qu’il faisait son discours il pointait du bout de son épée l’ensemble de la foule qui resta silencieuse.
Après quoi les gens dans le public se regardèrent les uns les autres pour savoir si quelqu’un allait oser répondre à ça.
Quaidu pensa à sauter par-dessus la clôture et à relever ce défi mais le spectacle auquel il venait d’assister venait de lui faire réaliser l’abîme de force qui le séparait de Baatar.
-Moi j’ai quelque chose à dire !
Fit une voix vers laquelle tous les visages pivotèrent.
Debout sur son estrade Lyla, le dos au soleil couchant, recouvraient de son ombre gigantesque le vainqueur à qui elle lançait un regard assassin.
-Général ! Mon cœur et ma vie sont liés à la tribu de Tavan, et pour cela jamais je ne la quitterais ni ne la trahirais. Mais vous, vous vous êtes présenté à ce tournoi pour succéder à mon père ? Pour diriger notre tribu ? Vous n’avez montré que votre force. À aucun moment vous n'avez fait preuve de respect envers les règles où à la vie elle-même. Alors dite-moi pourquoi : moi ou quiconque de ma tribu vous devrait une quelconque obéissance ?
La plupart des témoins présents firent silence et écoutèrent ce discours audacieux mais quelques hommes de Baatar éclatèrent de rire, lançant des moqueries :
« Ça va pas bien se finir pour toi ! »
« Mais qu’es ce qu’elle raconte, cette gamine ? »
« Ne t’inquiète pas y les respectera les règles conjugales ! »
-Silence !
Leur fit Baatar lui-même, le plus calmement du monde avant de se rapprocher de l’estrade de Lyla , l’épée toujours à la main. L’adolescente fit tout son possibles pour garder un air strict mais elle ne put s’empêcher de déglutir à l’approche de cette homme couvert de cicatrices.
Voyant cela Quaidu sauta par-dessus la barrière en bois et courut jusqu’à l’estrade. Mais soudainement il s’arrêta, les yeux écarquillés de surprise. Baatar venait de mettre un genou à terre et de planter son son épée au sol devant Lyla.
-Femme ! Tes mots sonnent juste. Je jure donc devant toi et devant le ciel bleu éternel de me servir de toute ma force pour vous protéger toi et ta tribu. Et si tu me fais l’honneur de m’être aussi loyale que tu l’es envers cette tribu tu n’aura nul besoin que je te respecte car je t’ offrirait quelque chose de bien plus précieux : Ma loyauté!
Ne sachant quoi répondre Lyla se rassit alors que Baatar, lui se redressa et entreprit de monter sur l’estrade. Il arriva devant elle et passa ses doigts, encore ensanglanté, sur les joues de la jeune fille et entreprit de la regarder de haut en bas alors que cette dernière respirait par à-coups.
-Personne n’en veux de ta loyauté ! Dégage !
Cria Quaidu avant de serrer les dents face à cet homme qui considérait déjà Lyla comme sienne.
Un silence de mort retomba sur l’assistance. Nombreux furent ceux qui écarquillèrent les yeux en attendant la réponse, de Baatar. Celui-ci ce tourna lentement et lorsqu’il vit Quaidu il fit simplement :
-Temps pis pour toi.
Puis il sauta de l’estrade, dégaina son épée et marcha d’un pas décidé jusqu’à Quaidu qui dégaina son arme également.
-Quaidu…
Murmura Lyla. Le jeune homme leva son arme, prêt à parer et se dit à lui-même :
« Pas de regret, c’est mes principes. »
Se disant qu’il ne valait mieux ne pas donner l’initiative à un tel monstre de puissance, Quaidu entreprit une attaque mais il fut stoppé nette lorsqu’un bras l’attrapa au coup, le tira en arrière et le plaqua au sol. À sa grande surprise il s’agissait de Tatra, qui venait de rentrer dans l’enclos.
-Reste par terre !
Hurla t-il à Quaidu.
Surpris par ce changement de situation Baatar marqua un arrêt et demanda.
-Qui es-tu toi ?
Je me nomme Tatra, je suis membre de la tribu de Tavan mais je suis également le cousin de celui que vous menacez.
- Tu comptes donc me défier également ?
-Pas du tout.
Dit Tatra en se mettant à genoux.
-Mais il est sous ma responsabilité, si il faut punir quelqu’un pour ses actes c’est moi.
-Chacun est responsable de ses actes.
Répondit froidement Baatar en se dirigeant de nouveau vers Quaidu.
-Générale, vous parliez de loyauté tout à l’heure. Sachez que j’ai juré à la mère du garçon, que Tengri veille sur elle, de m’occuper de lui. Je vous demande donc de me faire honorer ce serment et de me punir à sa place.
Sur ces mots Baatar marqua un arrêt.
-Mais qu’es-ce que tu raconte ?
Fit Quaidu.
-Toi, tu te tais !
Lui répondit Tatra tout en fixant Baatar et en enchaînant.
-Moi… Pas lui.
-Mais arrête, c’est moi qui l’ai provoqué et puis il y a Zaya et le bébé…
-Tu te sacrifierais pour… Lui. Alors que tu as femme et enfant?
Demanda Baatar d’une voix intriguée qui rompait avec sa froideur habituelle.
-Comme je vous l’ai dit, j’ai fait une promesse et j’y resterai fidèle jusqu’au bout.
En pleine réflexion le général tourna la tête à plusieurs reprises entre Tatra et Quaidu. La foule commença à s’agiter devant cette succession d’évènements. Lyla retenait sa respiration, Batu boitait jusqu’au plus près de la clôture pour assister à la scène, les frères Abaqo et Abaqa regardèrent plein d’interrogation, le chamane récitait une prière à Tengri et même la vieille Darimaa agrippé à la clôture attendaient de voir le dénouement de tout cela. Bien sûre Zaya aussi était la, le souffle court et une main sur le ventre rond.
-J’ai pris une décision.
Déclara Baatar en faisant signe aux jumeaux de la tribu Nongai de ce rapprocher. Ils vinrent avec un tabouret et une dague.
-Je ne mets pas la loyauté comme valeur fondamentale sans en avoir une bonne raisons. C’est parce qu’un homme ou même une femme dont on gagne la loyauté sera prêt à tous les sacrifices mais quand ce n’est pas le cas... Vous avez tous vue mes cicatrices. Beaucoup d’entre elles ne viennent pas de combat mais de coup de poignard dans le dos, littéralement. Mais moi le poignard j’en ai fait une preuve de loyauté.
Déclara t-il alors que Abaqo et Abaqa disposaient le tabouret et le couteau devant Tatra. La lame, d’un acier froid, brillait sinistrement sous le soleil couchant.
-Je vais te donner l’occasion de sauver ton cousin tout en pouvant élever ton enfant. Tu as vu comment les jumeaux Nongai m’ont juré loyauté? Et bien il te suffit de faire pareil.
Baatar planta la pointe de son arme entre ses deux pieds et s’appuya de ses deux mains dessus. Puis en fixant intensément Tatra il demanda calmement mais distinctement :
-Me seras-tu fidèle ?
Tatra ne cilla pas. Il s’empara de la dague et, sans un mot, posa sa main gauche sur le tabouret. Quaidu, qui comprenait l’acte à venir, hurla de toutes ses forces :
-Tatra, non ! Arrête !
Son cri n’eut aucun effet. Tatra, les dents serrées, s’enfonça la lame dans la paume d’un geste sec. Le sang gicla sur le tabouret, maculant le bois. Sa main blessée tremblait, mais ses yeux ne quittèrent jamais Baatar. Le général s’approcha ensuite de Tatra, retira la dague et la jeta au sol. Zaya rentra dans l’enclos, ce précipita pour retrouver son mari et commença à lui bander la main avec un tissu sous les yeux satisfaits de Baatar.
-Soigne-toi. Tu as prouvé ta valeur. Désormais, nous voilà lié par serment.
Dit-il d’une voix grave. Le tournoi était terminé. La tribu de Tavan était sienne. Baatar fixa ensuite Lyla du regard, son sourire de rictus se muant en un prédateur. Il se dirigea vers elle, glissa son bras derrière le dos de la jeune fille puis ce baissa pour lui attraper les jambes et la porter. Il se dirigea ensuite avec elle vers la sortie de l’enclos-arène.
-Maintenant, pour officialiser ma victoire nous allons honorer nos devoirs conjugaux.
Lyla, désemparé, lança un regard plein de détresse à Quaidu. Celui-ci se remit debout, dans un râle de rage avant que Batu et le chaman Laitro ne ce mettent devant lui. Le Chaman lui fit :
-Arrêtes ! Ne rend pas l’acte de Tatra inutile !
-Ce n’es pas le moment !
Enchaîna Batu. Sachant pertinemment que les deux hommes avaient parfaitement raison Quaidu ce mit à frapper le sol en hurlant. Il avait tout perdu en un seul jour. Son cousin avait du ce mutiler pour jurer loyauté. Sa tribu avait perdu sa liberté. Et Lyla, celle qu’il aimait, était désormais la propriété de l’homme le plus fort.

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