Chapitre 31 : Neuf

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Les premières neiges de la saison était tombée pendant la nuit, recouvrant les vieux bâtiments et la cour de St-Clair d'une charmante couche blanche.

Je me sentais proche de l'hiver, froid, calme, réservé, emprunt de tourments, et la chaleur se cachant au cœur des maisons. Cette magnifique période annonçait le début des examens de Noël, un évènement bien moins agréable que j'attendais aussi peu que les fêtes de fin d'années.

Après un mois de révisions au côté des meilleurs élèves de l'école, j'étais fin prêt à réussir ses examens. Je devais rendre mon père fier, plus fier que lorsque Chuck et Elliot s'était battu pour savoir avec qui je partagerais ma chambre durant le voyage, seul moment que j’attendais avec impatience. Avec lui, je ne pouvais pas m'accorder de répit, mais je fis une exception pour participer à la petite fête en l’honneur d’Alicia.

Nous nous sommes tous rendus dans la chambre de Chuck pour l’occasion, car c'était la plus grande à laquelle nous avions accès et la plus luxueuse par la même occasion. Elliot avait ramené son lecteur et de nombreux CD, tandis que Katerina et Alicia elle-même s'était occupée des provisions. Marry s’était armée de magazines de mode que les filles avaient parcourus activement. Je compris à tous ses vêtements dont je ne connaissais pas l’existence, qu’elle et Eglantine étaient vraiment passionnées. Michael et moi-même avions décidés de ramener quelques jeux de sociétés. Je n’avais que deux paquets de cartes, mais je connaissais beaucoup plus de manière d’y jouer qu’eux. Chuck, toujours pleins de surprises, sortit trois bouteilles de vins du coffre triomphant à côté de son lit. Une idée qui nous aura valu de nombreux fous rire. C’était la première fois que je buvais pour faire la fête, j’y étais beaucoup plus sensible que ces jours si. Les filles, pompettes, s’étaient toutes agglutinées sur Alicia, qui étouffait sous leurs câlins. Elles avaient eu si peur de la perdre, qu’est-ce qu’elles auraient fait sans elle ? Elle n’avait rien laisser paraître jusqu’au moment où nous étions rentrés dans le bureau avec Blear. Si forte, si courageuse, prête à se sacrifier, même pour la personne la plus avantagée du monde, c’était Alicia.

Le monopoly et quelques verres abandonnés au milieu du tapis plus tard, je me rendis sur le balcon prendre une bouffée d’air frais. Elliot et Marry picolaient les fonds de bouteilles et riaient à tout va, ne cessant jamais de taquiner Katerina qui s’efforçait de garder son calme. Eglantine et Michael s’offraient un moment en amoureux au pied du lit, blottit dans les bras de l’un et de l’autre. Chuck complétement saoul les moquaient, il sauta sur Elliot et le traina jusque dans le lit pour les imiter. Je les regardais depuis mon coin, se lancer des insultes et se bagarrer dans les draps pour prendre le dessus sur l’autre. Une fois essoufflés, je remarquais le regard affriolant qu’il jeta à Marry et qui se transforma en un plus doux lorsqu’il vit Alicia me rejoindre.

- Do’, T’as pas froid ? Demanda-t-elle entouré d’une serviette de bain.

- Et toi ? C’est la seule chose que tu aies trouvé ?

- Quoi ? T’apprécies pas mon nouveau manteau, c’est du top qualité !

Toujours aussi drôle, je scrutais sa frimousse rougis par le vent glacial et l’alcool. J’étais moi-même sous son effet, je me sentais léger et humait la brise fraîche de l’hiver, tout en prenant appui contre le balcon. Elle me regardait de son grand sourire habituel, pencher ma tête en arrière dans le vide, je respirais profondément.

- Merci… Merci d’être là, répétais-je dans un profond murmure.

- Tu vas prendre froid, fit-elle avec un sourire timide, me proposant d’un mouvement un bout de sa serviette.

Je me retournai pour me glisser dessous, nos bras accolés étaient glacés et nos souffles vides se répandaient dans l’air tandis que des rires se perdaient derrière nos dos. J’osais jeter un œil à son visage si proche du mien, qui était inhabituellement sérieux : “Merci à toi”, peinais-je à entendre. Je rougis, et pas à cause du vin cette fois.

- Qu’est-ce qu’on va faire, dis-je pour briser le silence, je veux dire pour Blear, ajoutais-je.

- À ton avis ? Me sourit-elle.

- Je vois… Demain alors ?

- Exact, allez viens, on rentre, fit-elle en saisissant ma main.

Sa main gelée dans la mienne apaisa mes tremblements et fit traverser un courant chaud dans tout mon corps. J’eus la même sensation, lorsque Chuck vint nous saisir chacun par une épaule pour nous réintégrer au groupe. Et encore une fois, lorsque je posais mes yeux sur chacun de mes amis, qui vivait le temps d’une nuit, comme de vrais adolescents.

***

Le lendemain matin tout était blanc, et la lumière gisant des fenêtres de l’internat accentuait mon mal de tête pendant que j’arpentais avec difficulté ses couloirs pour rejoindre ma chambre. Chacun avait besoin de ses affaires, pour affronter ses derniers jours de révisions.

Chuck donnait l’impression d’être en parfait état, il arriva le premier à l’école fredonnant gaiement sur son chemin. En la découvrant devant le portail, il s’arma de toute la séduction qu’il pouvait pour la saluer.

- Bonjour Blear…

Elle portait cette fois un long manteau blanc qui se fondait parfaitement dans le décor, un bonnet et des gants en cuir brun pour s’armer contre le froid. Un pansement couvrait une partie de son visage, au coin de son œil. Stupéfaite, elle ne répondit rien et tressaillit en voyant Marry arriver par l’autre côté. Celle-ci, portait une doudoune en fourrure et un béret rouge tranchant parfaitement avec ses boucles d’or.

- Est-ce qu’il t’embête ? Fit-elle en passant son bras autour du sien.

- Hum…

Elle eut à peine le temps de rechigner qu’Elliot l’accueillit d’un bâillement et d’une tape dans le dos qui la secoua un peu trop à son goût. Katerina roula des yeux en le voyant faire, et lui rendu la pareille. Michael et Eglantine marchait main dans la main, puis se quittèrent pour saluer les autres. La douce lui lança un sourire espiègle et lui, agissait comme si elle avait toujours été présente.

Lorsque j’arrivais, ils me dévisagèrent mesquinement sachant que j’avais trop bu la veille. Seule Blear me lança un regard furtif, presque un appel à l’aide, et tenta une virée sur la droite pour s’éclipser. Chuck déposa sa main sur son épaule, l’empêchant de faire un pas de plus.

- Tu vas quelque part ? Lui lança-t-il.

- Je… n’ai rien à faire ici… Certifia-t-elle.

- Va lui dire ça à elle, dis-je en faisant un signe de tête.

Alicia apparue au milieu de la masse d’élèves marchant vers l’école, comme une tache rouge de peinture qui aurait malencontreusement été déposé sur une toile blanche. Elle avait l’air fatiguée, titubant les mains enfouis dans sa grosse doudoune. Lorsqu’elle nous vit, son visage s’illumina et pressa le pas dans ses pauvres converses bordeaux. Elle sauta sur Eglantine et Katerina, puis sur Marry et fit la bise à tout le monde, excepté Blear. Nous l’imitâmes lorsqu’elle entra dans la cour, pour directement se stopper et lancer un regard coquin derrière son épaule.

- Bah alors sa majesté, tu viens ? Lança-t-elle à Blear.

- Qui… te dit que j’en ai envie ? Fit-elle en fronçant les sourcils.

- Fais pas ta mijaurée, et ramène tes fesses ici !

Nous lui faisions tous face, à cette reine froide qui se mangeait la lèvre, anxieuse et visiblement terrorisé à l’idée de faire un pas vers nous. Elle baissa la tête, souffla, et n’eut pas le temps de faire un pas en arrière qu’Alicia lui fonça dessus et la tira par le bras pour l’amener à ses côtés. Elle l’agrippa ensuite par le cou et lui colla son poing contre son crâne. Nos rires éclatèrent dans la cour, en la voyant se débattre, toute décoiffée et fâché contre notre blonde préférée. Défaite de son emprise, elle grogna quelques injures et n’arrivant pas à rester sérieuse plus longtemps, elle éclata de rire. Ses gloussements attirèrent tous les regards sur nous... Sur nous neuf.

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