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Dans les tribunes, les supporters attendent la fin de la mi-temps emmitouflés dans leurs manteaux, leurs écharpes, les mains dans des gants. Ils déterminent leurs pronostics. Pour l’instant, le score est de zéro partout, les opportunités ne manquent pourtant pas. L’équipe adverse a peiné toute la première période à développer son jeu, à se montrer dangereuse, celle de Liam aurait pu prendre un certain avantage.

Énora se lève et descend les marches.

— Tu vas où ? Pause pipi ? l’interroge Caro, intriguée.

— Je reviens, répond-elle sans se retourner.

Ses amis la regardent partir sous la pluie, elle remonte la capuche de son manteau sur sa tête.

Fichue pluie, tu devais cesser pour de bon toi ! grommelle-t-elle.

Deux petites minutes suffisent pour qu’elle atteigne l’entrée du gymnase. Elle patiente.

L’entraîneur et les remplaçants sortent avec des vestes et des chasubles. Les joueurs ont gardé leurs tenues humides de leur première période. Elle aperçoit Mika qui part en courant vers le stade, il porte les gourdes remplies d’eau, puis Liam, confiant, un ballon à la main. Elle se place devant lui.

— Qu’est-ce que tu fais là sous la pluie ?

Le rouge lui monte aux joues.

— Chut…

Elle s’approche de lui, déterminée. Elle pose sa main sur son épaule, se met sur la pointe des pieds et dépose ses lèvres sur les siennes, timidement. Surpris, il écarquille les yeux, lâche le ballon. Il lève ses mains et prend le visage d’Énora en coupe, se laissant transporter par ce baiser tant espéré.

Les joueurs sifflent et crient des « Wow ».

— Oh, ben… et alors, bravo le capitaine ! Quel blâme vas-tu recevoir pour ton retard là, hein ? le taquine un joueur.

Quelques longues secondes s’écoulent, plus rien ne compte, hormis d’apprécier cet instant inestimable où un chapelet d’émotions parcourt Liam et Énora.

— Je… je ne sais quoi dire… je… (Il la serre dans ses bras.) Il faut que j’y aille, à tout à l’heure, lui murmure-t-il en déposant un baiser sur ses lèvres.

Il trotte à reculons pour se placer sur le terrain, les yeux rivés sur Énora, le sourire aux lèvres, celui-là même qui a tant mis la commerçante en émois.

Caroline, David et Alex, debout dans les tribunes, applaudissent.

Il ne va rien me manquer ! s’amuse Énora, gênée.

La libraire reçoit des compliments, notamment de la part de David qui insiste sur le fait qu’elle doit potentiellement écrire des scénarios romantiques.

Caro lâche un « Mieux vaut tard que jamais ! » accompagné d’une bourrade amicale lorsque la commerçante se rassoit auprès d’elle, le cœur encore palpitant. Celle-ci est encore traversée par un reste de flux d’audace et de sentiments divers.

Ils se sont tous interrogés à des degrés différents depuis des mois : ces deux-là ont pris leur temps. L’acte du premier baiser s’est fait désirer. Ils n’avaient pourtant pas envisagé un spectacle impromptu, digne d’une grande scène d’un film d’amour.

C’est l’un des meilleurs moments de la soirée, le match, lui, reste sans saveur.

À la 96e minute de jeu, dans le temps additionnel, l’équipe de Mika obtient un pénalty à la suite d'une faute dans la surface de réparation. Celui-ci s’apprête à tirer. Le joueur respire profondément, se concentre, c’est la dernière occasion de la soirée. Il prend de l’élan et frappe de toutes ses forces. Les supporters retiennent leur souffle. Mais au dernier moment, le gardien de but plonge de tout son long et réussit à dévier le ballon du bout des doigts, le propulsant hors du cadre. Mika tombe à genoux, déçu, frustré. Il se relève, fixe le gardien qui célèbre sa parade.

La fin du match se termine. La troisième mi-temps peut alors débuter, les joueurs mettent en place un apéritif dinatoire dans le club-house. Caroline reste suspendue aux paroles de Shin, Liam et Énora se cherchent du regard, échangent des sourires subtils, des gestes rapides, hésitants.

Ils arrivent à esquiver le rangement et nettoyage ; la commerçante embrasse ses amis, monte en voiture avec Liam.

David taquine son conjoint, lui demande s’il va se mettre à poursuivre la voiture. Le banquier porte la main d’Énora à ses lèvres, y dépose un baiser. Ils se rendent dans sa maison déposer les tenues des joueurs qu’il met directement dans la machine à laver. Il lui promet de la ramener ensuite chez elle. Sa parole est rapidement caduque, les plans évoluent autrement.

La commerçante laisse de côté ses principes qu’elle finit par juger bien trop archaïques.

Je ne veux plus attendre… quand il y a un doute, l’intuition n’est plus en veille, elle hurle à qui sait entendre les réponses, les actes bienveillants à entreprendre. L’intuition ne ment pas. Il n’y a pas de moment parfait ni de jour particulier, attendre un jour, ou deux ou quatre… il y a le moment parfait que l’on se choisit, et c’est maintenant…

Les longs mois d’attente à jouer au chat et à la souris se transforment en étreintes et baisers tendres, passionnés, ardents.

Leurs gestes sont d’abord doux, timides, mal assurés. Leurs doigts cherchent la chaleur de la peau, douce, délicate ; les vêtements deviennent des obstacles, ils finissent sur le canapé et le sol. Les regards se croisent, leurs corps battent à l’unisson. La tension sexuelle est palpable.

Liam tente de faire une pause entre deux baisers fougueux afin de lui demander si elle désire continuer, elle répond avec un hochement de tête, son cœur bat la chamade. Il se lève du canapé, lui tend la main qu’elle accepte de saisir. Vêtus uniquement de sous-vêtements, ils se déplacent dans sa chambre. Il allume une lampe de chevet, rien de plus, la guidant délicatement sur son lit, en échangeant des caresses. Elle laisse glisser ses ongles sur ses bras avec soin, le long de son dos, il frémit. La main de Liam ouvre le tiroir de sa table de chevet, il sort une petite boîte en carton neuve, il enlève le plastique qui la recouvre. Elle lui est reconnaissante d’être prévenant. Leurs baisers reprennent intensément, leurs mains parcourent les courbes du corps, la respiration s’accélère et les soupirs sont de plus en plus prononcés. La fusion des corps est naturelle et enivrante… une première fois ; puis une deuxième, après une courte pause d’un petit repas improvisé dans le salon, sur le divan. Les sens sont en éveil, chaque mouvement, chaque étreinte sont ressentis avec une intensité particulière.

De retour dans la chambre, les corps nus entourés de plaids, Liam tente de remettre la couette en place, un sourire se dessine sur les lèvres. Son regard se porte sur Énora, il s’approche, embrasse son cou, elle gémit, frissonne, il tire sur la couverture qui l’encombre, les corps s’épousent étroitement. Les mots se font rares, la communication se fait par le toucher, le regard, le souffle. Le désir toujours présent, plus ardant, ils laissent les envies les gouverner ; les corps s’unissent dans un ballet passionné et débridé où le plaisir est à son apogée.

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