Chapitre 1

7 minutes de lecture

(Petite note avant de commencer : l'italique (dans les dialogues uniquement) signifiera que les personnages parlent dans une langue qui n'est pas celle qu'ils utilisent habituellement dans le livre (l'anglais).

**********

Je ne suis pas dans la merde… Pensa Ethan. Tout va bien, je ne suis pas dans la merde.

C'était faux. En vérité, il était au beau milieu d'une course poursuite. Malheureusement pour lui, il n'était pas celui qui pourchassait l'autre. Son assaillant faisait partie d'un gang avec lequel il était en conflit. Il avait un don pour s'attirer des problèmes depuis son enfance.
Le jeune homme se retrouva en plein milieu d'une grande place, se mêla aux passants et s'accorda quelques secondes pour reprendre son souffle et regarder aux alentours. La vue des enfants jouant dans l'aire de jeu le fit sourire.

Il sortit de sa rêverie et voulut se remettre à courir lorsqu'une main agrippa avec violence son avant-bras et le tira hors de la foule. L'homme le traîna de force dans une ruelle sombre sans que le jeune homme n'y puisse rien. Du moins il n'en avait pas envie. Cela ne lui servirait à rien de se débattre. En terme de force brute, son agresseur était largement supérieur. Je me sers de mon couteau que si c'est vraiment la merde, se dit-il.

De toute manière, il n'était pas du genre à se battre en face-à-face. Il préférait les coups par derrière. Bien sûr, il aimait la baston pure et dure, mais n'avait jamais appris à frapper correctement et ne pourrait tenir tête à quelqu'un ayant un minimum de connaissances dans le domaine. Alors la plupart du temps, il improvisait ou fuyait dès qu'il en avait la possibilité.

Le gangster le gifla violemment. Il fut sonné quelques secondes pendant lesquelles il se reprocha d'être à la fois si confiant et si lâche. Soudain, l'homme sortit un pistolet de la poche de sa veste et l'appuya contre la tempe du jeune homme. Ethan sentit les battements de son cœur accélérer et sa combativité déjà bien endommagée s'enfuir à toutes jambes. Il voulut le menacer avec son couteau, action très peu utile, mais un coup de poing venu de nulle part envoya son agresseur s'écraser contre les poubelles. Ethan resta collé au mur contre lequel il était adossé, trop abasourdi pour réagir, et son sauveur, un jeune homme d'à peu près son âge blond aux yeux bleus, plongea son beau regard dans le sien et prononça une seule petite phrase :

— Tout va bien ?

Ethan acquiesça et passa sa main sur sa joue. Sa lèvre saignait tellement la claque qu'il avait reçu était forte.

— Qu'est-ce que tu lui as fait pour qu'il t'en veuille autant ? l'interrogea t-il en regardant l'homme à terre.

Ethan se frotta la nuque et lui raconta brièvement son passif peu glorieux avec le gang auquel le gangster appartenait. Il avait été plusieurs fois impliqué dans des bagarres de rues desquelles il avait toujours réussi à fuir, et la plupart d'entre elles impliquaient des membres de ce même gang.

— Je vois. Je m'appelle Caleb, et toi ?

Le jeune homme se présenta à son tour. Caleb s'écarta et le laissa s'approcher du corps de celui qui comptait sûrement le tuer.

— Putain, ta mère t'a sûrement bercé trop près du mur pour que t'aies une gueule comme ça.

Ethan pouvait complètement changer de comportement selon s'il était en bonne ou mauvaise posture dans une bagarre. Il était à la fois capable de supplier son ennemi de l'épargner s'il pensait ne pas s'en sortir ou subitement avoir une folle envie de le passer à tabac s'il pensait gagner.

Il avait reprit confiance. Il se sentait beaucoup mieux depuis que Caleb l'avait sauvé in extremis. Il pouvait enfin faire regretter à cet homme de l'avoir menacé et poursuivi à travers la ville et n'allait pas le laisser s'en tirer seulement avec un bleu sur la joue. Il donna un coup de pied dans le pistolet et l'envoya à l'autre bout de la ruelle. Il attrapa la mâchoire de son assaillant et adopta un ton plus narquois en s'addressant à lui.

— Tu voulais me crever les yeux, hein ? C'est réciproque.

L'homme lui avait crié quelques minutes avant qu'il ne se mette à le poursuivre qu'il allait effectivement lui crever les yeux. Mais il comprit immédiatement qu'il n'était plus du tout en position de force et supplia Ethan de ne pas mettre sa menace à exécution. Le jeune homme ne l'écouta pas. Caleb, debout à sa droite, ne bougea pas d'un pouce pour l'arrêter. L'ignorant totalement et considérant qu'il n'était pas dérangé par ce qu'il s'apprêtait à faire, Ethan vint lentement placer deux de ses doigts devant les yeux de son agresseur et les lui creva d'un coup violent. L'homme hurla de douleur mais son cri ne déclencha aucune réaction de sa part. Il se contenta de secouer ses mains.

— Quand ton gang te retrouvera... Enfin, s'ils y arrivent ou si t'es pas mort avant, tu leur passeras un message : ne venez plus me faire chier ou je vous bute tous. J'en ai ras le cul de devoir passer mes après-midis à courir pour échapper à des gangsters.

Il se redressa et cracha sur sa victime. Mais de sa bouche ne sortit pas de la salive. Une petite flamme de la taille d'un pouce voleta jusqu'au gangster. Au moment où elle toucha son torse, tout son corps s'embrasa. En quelques secondes, la seule chose restante de son cadavre était une poignée de cendres.

Oh... Fait chier.

Ce fut la seule chose qu'Ethan prononça. Il n'avait pas pris en compte ce pouvoir si spécial qu'il possédait : il était pyrokinésiste. Il n'était pas humain. Il était un styr. Du moins c'était le nom que les humains leur avaient donné des siècles auparavant. Des êtres "supérieurs" capables de choses allant de la simple kinésie à une capacité totalement inédite. Ils pouvaient posséder des cornes, très communes, ou encore des ailes, des mains griffues et même une queue pour certains. Ethan, pour sa part, avait des cornes brunes et des grandes ailes d'oiseau qu'il pouvait cacher à sa guise. Un petit plus propre aux hybrides nés de la relation entre un humain et un styr de sang pur.

Il fallait qu'il s'en aille, il ne voulait pas s'attirer plus de problèmes. Il venait de tuer quelqu'un. Si la police l'attrapait, s'en était fini de sa vie paisible d'étudiant. Caleb comprit qu'il cherchait à fuir et le bloqua avec son bras.

— Tu restes là. Tu crois quoi, que je vais te laisser partir alors que tu viens de tuer quelqu'un ? Je veux bien te sortir de ta merde en lui mettant un coup de poing, je veux bien que tu lui crèves les yeux pour te venger, mais que tu le tues, là c'est pas possible. T'es allé trop loin.

Son visage était devenu plus sérieux, si bien que c'en était déroutant pour Ethan. Caleb ne lui avait pas paru dérangé par son excès de violence. À croire qu'il s'était trompé.

— Tu vois, moi aussi je fais partie d'un gang. Et chez nous, les meurtriers, on leur fait regretter d'être nés.

Sérieux, y a qu'à moi que ça arrive...

Il ne put retenir cette phrase. Caleb haussa un sourcil pour signifier son incompréhension. Ethan profita de ce moment d'inattention pour le bousculer et courir vers le bout de la ruelle, mais un homme lui barra le passage. Il devait avoir une vingtaine d'années et mesurait un bon mètre quatre-vingt-dix. Ses cheveux mi longs étaient d'un noir profond et ses yeux légèrement bridés. Ethan regretta de ne pas être parti plus tôt en voyant ce colosse se dresser devant lui. Il voulut passer mais l'homme resta planté en travers de son chemin.

— Tu t'es foutu dans une belle merde.

Le jeune homme se figea. Je suis mort, pensa t-il.

— Viens avec nous.

— Va te faire foutre.

L'homme se tourna.

— Pardon ?

— J'ai dit : va te faire foutre.

L'homme empoigna le col de son sweat et lui souffla :

— Écoute sale gosse. On m'a donné des ordres, je les respecte. Alors tu viens ou je prends en compte le meurtre tout juste ajouté à ton joli palmarès de conneries et je te traite comme un criminel. Pour faire simple, je te pète les genoux et je patiente gentiment le temps que les flics ramassent ta dépouille de salaud.

Il n'eut rien à dire. Il le voyait dans ses yeux, s'il le fallait, ce gars lui briserait les os.

Il lança un regard déséspéré en direction de Caleb. Le jeune homme l'ignora totalement et préféra nonchalamment balayer du pied les cendres du défunt gangster, les mains dans les poches. Ethan ne savait pas ce qu'il risquait en suivant ces deux-là. Il sentait au fond de lui l'impatience et la colère monter. La température autour d'eux augmenta brusquement, si bien que Caleb dut reculer de quelques mètres.

— Ok, le gamin se rebelle. J'ai compris, soupira le grand brun.

Il voulut alors frapper Ethan qui esquiva de justesse. Ses gestes étaient maladroits. Sentant arriver à toute vitesse le sale quart d'heure qu'il allait passer, il voulait partir le plus vite possible. Il était prêt à se mettre à courir quand il sentit une forte présence dans son dos. Les seuls mots prononcés furent : "Je vois que c'est encore moi qui fait tout le boulot. Bravo, monsieur Je-suis-incapable-assommer-un-simple-gosse ." Après ça, il ressentit une vive douleur dans son crâne, ses jambes se dérobèrent sous lui et l'obscurité gagna son esprit.

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