Chapitre 30 : (Henry)
Je termine de délasser sa robe tout en la dévorant de baisers. Mon dieu, qu'elle est belle. Je plonge ma tête dans son cou, son parfum me fait chavirer.
Je relève la tête, et fièrement, mes doigts font descendre le tissu révélant ses…
Une main s’abat sur ma joue, et un coup de pied me fait basculer. Stupéfait, je regarde Aurore et réalise qu'elle s'est levée et qu'elle s'éloigne, les yeux rivés sur moi. Tremblante, pâle, terrifiée.
Je comprends mon erreur.
Je m’avance vers elle et c’est un véritable déchirement de la voir reculer précipitamment contre le mur, ne me lâchant pas du regard. Comme si je pouvais lui sauter dessus dès qu’elle baisserait sa garde. Qu’ai-je fait…
Je m’effondre devant elle, mon visage habituellement impénétrable se fissure sous la culpabilité.
Je ne suis sûrement plus qu’un monstre à ses yeux.
- Je… ne suis pas excusable mais j’ai cru que tu… Je ne me suis pas contrôlé… je pensais…
Mes mots sonnent creux, se perdent dans le silence. Pour la première fois de ma vie, je cherche dans mon vocabulaire sans trouver de phrases capables d’exprimer tout ce que je ressens à ce moment précis.
Une honte sans nom,
Une culpabilité dévorante,
Un désespoir d’être perçu comme une horreur,
Une colère sourde contre moi-même,
Et soudain,
Une émotion, jusqu’alors en arrière plan de cette tempête déchaînée, prend le dessus occultant le reste. Une émotion que je ne soupçonnais pas et qui m’apparaît maintenant comme une évidence.
- Je t’aime.
Aurore se fige. Je n’attends pas sa réponse. Il faut que j’aille au bout de ma lancée et au diable les convenances.
- Je t’aime malgré les circonstances, malgré les différences sociales, malgré le fait que tu as tenté de me voler moi, le Roi, car cela n’a pas d’importance. Je vais abolir les niveaux, et je ne t'en veuxpas : la faim justifie les moyens. Tu ne me pardonneras peut-être jamais pour ma conduite, et je ne compte moi-même pas le faire car l’amour, lui, ne justifie pas les moyens.
Je la regarde, guettant le moindre mouvement de sa part qui trahirait ses pensées. En vain. Elle semble déconnectée de la réalité.
- Je voulais t’offrir ceci, avant que la situation ne dérape.
Je sors de ma poche un petit coffret en velours, et l’ouvre devant elle.
- Plus qu’un mariage, je te propose un avenir meilleur où tu auras la possibilité d’apprendre à lire et écrire, où tu ne craindras plus de devoir passer tes nuits dehors dans le froid, et où la famine ne pourra plus t’atteindre. Je pense que même si cela n’est pas convenable, même les gens du troisième niveau apprécieront que nous nous marions car cela montrerait à quel point je déteste ce système de niveau. Ils apprécieront aussi parce qu’ils verront que je ne marie pas par intérêt mais par amour.
Je lui laisse le temps d’assimiler mes paroles avant de lui demander :
- Veux-tu m’épouser et régner avec moi sur une Eldory sans système de classe, et où les gens mangent à leur faim ? Grâce aux informations de Zéphyr et ses complices, nous déplacerons le royaume sur leur île, et le peuple ne manquera de rien. Alors veux-tu m’épouser ? Je ferai exécuter ces traîtres en notre honneur.

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