Chapitre 12 : (Zéphyr)
Je suis sur le sol, et je peine à reprendre mon souffle. Je ne sais plus depuis combien de temps Henry m’interroge.
J’entends des voix. Des cris de colère qui me déchirent les tympans. Des coups surgissent de nulle part. Je n’ai plus la force de me protéger. Mon sang est partout. Il brouille mes sens.
La douleur est insupportable.
Je n’ai plus la force de lutter.
Plus l’espoir de survivre.
Je vais mourir.
J’ouvre la bouche, dans un effort surhumain pour parler, mais je ne produis qu’un gargouillis inquiétant. Les coups s’arrêtent. Les voix aussi.
À bout de forces, je tente :
- J-j-je… V-v-vais-vais…
Ma mâchoire me lance, mais je n’en peux plus. Je veux juste… plus de temps. Avant de mourir. Juste le choix. Je…
- Je vais d-d-dire…
- Ah ! Ce n'est pas trop tôt, dit une voix, satisfaite.
Je sens mon esprit virer au noir, mais je me bats pour rester éveillé. Chaque mot que je prononce est une torture.
- L’i-i-île… s’ap-p-pelle… Ezendéria… Quarante mille…La… bi-bi-tants… La plus grande… p-puissance… militaire du m-m-monde…
Je me force à garder les yeux ouverts. À continuer de parler malgré le néant qui m’appelle.
- La plus… gr-gr-grande… Île… du-du… monde…
- C’est bien, m’encourage la voix.
Et là, j’ai des morceaux de souvenirs qui me reviennent où cette même voix me menaçait, m’insultait. Où elle…
Traîtresse.
Ma tête est en feu. Un fer brûlant que je ne peux éteindre. Il me consume. Je hurle à plein poumons. Un supplice.
- Le f-f-f-feu ! Eteign-gnez… le-le fer…
Je commence à sombrer.
Une gifle me ramène brutalement à la réalité. La voix me sermonne :
- Quel feu ? Il n’y a pas de feu ! Recentre-toi et donne-moi des infos !
Je ne l’écoute plus. Je suis soulagé. Le feu a disparu. Mais à la place, un froid mordant s’empare de moi. Je tremble, pris de frissons incontrôlables, je me sens glisser… Et malgré la voix, malgré les coups…
Je glisse vers un monde fait d’obscurité.
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