Le tueur en costume

2 minutes de lecture

13h un dimanche d'août, soleil brûlant, brise légère qui adoucit l'air : conditions idéales pour partir en chasse.

Comme tous les jours, j'arbore mon éternel costume noir et orange. Un peu voyant penserez-vous, de mauvais goût diront certains.

Je me dirige directement vers une table que je connais bien. La chair y est bonne, le vin capiteux et l'endroit bien abrité du vent. Je sais que mes petites chéries y seront nombreuses. Elles affectionnent tout particulièrement les cocktails et les fruits que les hôtes ne manquent pas de servir.

En chemin, je sens la caresse du vent sur moi. J'ai l'eau à la bouche rien que d'imaginer le moment où je choisirai ma victime. Mais il ne faut pas que je m'emballe, rien n'est encore fait.

J'arrive à proximité, je reste caché derrière des buissons, pour évaluer la situation, pour prendre mon temps.

Je me réjouis de voir que je ne me suis pas trompé. Elles sont là, toutes excitées de leur sortie, toutes énervées à l'idée du repas qui les attend. Elles chantonnent, elles froufroutent : elles m'aguichent.

Il y en a une qui me fait particulièrement de l'œil. Plus dodue que les autres. Je les aime bien en chair, généreuses, pulpeuses.

Je me rapproche, d'abord à bonne distance pour la savourer du regard encore un peu. Et là, c'est ma chance, elle s'écarte un peu du groupe ! Je vais droit sur elle, mais pas trop vite non plus. Je ne veux pas l'effrayer, pas tout de suite.

Au début, elle se laisse frôler. Mais rapidement elle comprend ce qui va suivre. Alors commence notre danse endiablée : elle qui s'écarte, moi qui me colle. Mais jamais assez pour lui faire mal, pas encore.

Maintenant, elle panique. Je sens une vague de phéromones qui déferle sur moi, et je m'en délecte. Elle veut prévenir ses copines, mais trop tard, notre ballet nous a entraînés trop loin des autres.

Je l'enlace et je plonge mon nez et ma bouche dans son cou pour m'enivrer de son nectar…

Arrive le moment que je préfère, celui où je vais lui ouvrir le thorax.

Mais je n'ai pas le temps de dégainer que je sens derrière moi une présence vibrante, imposante. Je capte des mouvements furieux. Le trouble-fête est massif, nerveux, il braille.

Alors comme ça, Madame est venue accompagnée ! Je la relâche pour m'occuper de l'importun. Elle n'ira pas loin, je m'en occuperai plus tard.

Tu es costaud, mon gros, mais je me demande bien ce qu'un eunuque comme toi compte faire contre moi ? J'en ai maté des plus impressionnants.

Cette fois-ci, pas de parade, autant en finir rapidement. Je lui saute sur le râble. Il est fort comme un bœuf, plus que ce que je croyais. Mais pas de problème, je sors ma dague et la lui plante entre les reins ! Dans notre étreinte mortelle, nous chutons sur la table.

Il émet encore quelques grognements, mais très vite tout s'arrête. J'essaye de me dégager, mais mon surin est coincé.

Je n'ai que le temps d'entendre le silence inquiétant, puis une ombre planer au-dessus de moi, avant qu'une lame scintillante au soleil ne m'arrache la tête.

— Je t'avais dit que j'arriverais à l'avoir ! Regarde son dos, c'est un frelon asiatique ! De la vraie saloperie, ces bêtes-là ! T'as vu ce qu'il a fait à ce bourdon ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Marionette ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0