Chapitre 33 : Détruire quoi au juste?

2 minutes de lecture

Le lendemain, elle se trouva réveillée vers six heures quand Pierre vint la chercher pour aller courir. Elle râla cordialement et prétexta que ce n’était pas une heure pour aller courir. Il tapa dans ses mains pour qu'elle s'active tandis qu’elle chaussait ses baskets lentement. 

  • Rohhh ça va ! bisqua-t-elle.
  • Je dois être avant huit heures à l’office !
  • Et moi je ne vais pas passer le reste de la journée assise à un bureau !
  • Si c’est ce que tu crois que je fais, tu te trompes Anna.

Pourtant, Pierre avait raison d’aller courir à cette heure-là, quand la ville s’éveillait tout juste et que l’air était encore doux. Aucun d’eux ne revint sur leurs échanges de la veille. D’ailleurs, ils ne discutèrent pas beaucoup préférant vivre ces premiers rayons de soleil et profiter de la quiétude de la ville.

Dès qu’ils furent de retour dans l’appartement, chacun reprit le cours de son existence. Après une douche rapide et s’être apprêtée, Anna prépara son yaourt grec. Elle portait une cuillère à la bouche lorsque Pierre lui lança un carton d’invitation rouge bordeaux :

  • Avec tes bêtises hier soir, j’ai oublié de te dire que jeudi soir nous irions au vernissage de la femme de mon patron, Maître Lieram.
  • Nous ?
  • Oui, tu m’accompagnes. C’est non négociable. Nous nous retrouverons ici pour vingt heures. Prends bien connaissance du dress-code.

Il s’éclipsa sans rien ajouter, sans attendre une quelconque réponse de sa part et sans lui souhaiter de passer une« bonne journée ». Les yeux d’Anna s’arrêtèrent sur la cuillerée suivante juste à temps avant de sentir un haut-le-cœur la saisir. Elle avait cherché une partie de la nuit à comprendre le sens des derniers mots entendus la veille. Et quand elle avait enfin réussi à s’endormir, c’était pour rêver de lui. Rêver de lui comme elle ne le devrait pas. Ou peut-être le devrait-elle ?

Elle avait esquissé une liste dans sa tête, sans vraiment s’en rendre compte. Une liste de pour et de contre. C’était sa manière d’entrevoir quelle décision prendre. Elle agissait déjà comme ça plus petite. Elle se demandait si elle ne devrait pas aller consulter un psychologue afin de comprendre pourquoi elle agissait toujours ainsi pour les choix difficiles ? Par la même occasion, parviendrait-il à dénouer son blocage sur les transports en commun ? Pierre, ne le lui avait-il pas conseillé d’ailleurs ?

Pierre. Elle revenait sans cesse à lui. Si elle faisait un premier pas vers lui, comment le prendrait-il ? Détruirait-elle tout ? Détruire quoi au juste ? N’avaient-ils pas passé dix mois l'un sans l’autre chauque année durant toute leur enfance ? Sans contact.

Son estomac se contracta enfin suffisamment pour la faire se précipiter au-dessus de l’évier de la cuisine. Elle avait pris sa décision. Elle laissa l’eau s’échapper du robinet pour faire disparaître les éclaboussures dans le fond de l’évier.

Une sonnerie la sortit de ses rêveries. Mélia. Il était hors de question qu’elle lui parle pour le moment. Elle l’ignora.

Annotations

Vous aimez lire DoubleLL ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0