1.2 Les victimes du Krampus

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De retour dans les bureaux de la Justice Magique, la brigade s’était immédiatement remise au travail. Cela faisait une semaine que les enlèvements avaient commencé, une semaine que tous les membres de la Brigade ne dormaient pas plus de quatre heures par nuit, quand ils dormaient. Étant donné la période, les médias avaient commencé à appeler le ravisseur le « Krampus ». De très mauvais goût, si vous demandiez à Joseph.

Ce qui était certain, c’était que les enfants n’avaient aucun lien entre eux. En comptant Dorothy, deux garçons et quatre filles avait disparu, à Londres, Pré-au-Lard, et Loutry-st-Chaspoule. Quatre sang-mêlés, deux sang-purs. Tous entre six et huit ans, deux jours à douze heures d’écart entre chaque acte. Et mis à part ça, ils ne savaient rien. Jamais la moindre demande de rançon, jamais de signe des enfants une fois qu’ils disparaissaient. Pourquoi les enlèvements avaient-ils lieu ? Combien de temps cela risquait-il de durer ? Aucune idée. Ils faisaient chou blanc.

À minuit, l’enquêteur s’apprêta à rentrer chez lui. Il mit sa veste, plongeant ses mains dans ses poches.

Qu’est-ce que… ?

Il en sortit un petit objet, un peu mou. C’était… une oreille. Une oreille à rallonge sans fil. Quelqu’un les avait espionnés. Il réfléchit un instant, mais conclut très vite : c’était la jeune femme du Chemin de Traverse. Comment elle s’appelait déjà ? Hilswood. C’était forcément elle qui l’avait posée là, à Ollivander’s, quand elle avait pris sa veste.

Il pesta, puis se dirigea vers l’accueil. La sorcière qui se trouvait là somnolait légèrement. Sa propre voix claqua :

— Je cherche quelqu’un qui travaille au Ministère. Eileen Hilswood. Elle est dans quel service ?

— Oh, Eileen ? Elle est... elle s'arrêta dans sa phrase. C'est important ?

— Très.

— Elle est du Département des Mystères.

Une Langue-de-Plomb… Les pires des pires. Aurait-elle pu être liée au Krampus ? C'était une éventualité à ne pas ignorer. Qui savaient ce que ces sorciers pratiquaient comme magie, au niveau 9 du Ministère...


~~~~~


Le lendemain, l’employée des Mystères n’arriva pas avant la mi-journée. Il avait bien envie de la secouer un peu, d’autant plus qu’elle l’attendait en affichant une expression mi-blasée mi-amusée.

— Vous n’aviez pas une enquête à mener, aux dernières nouvelles ? s’enquit-elle, moqueuse.

— Et vous, vous avez espionné des conversations confidentielles. Vous mériteriez que je vous arrête.

Il montra l’oreille à rallonge, qu’il avait rendue sourde dès sa découverte. Elle prit un air choqué.

— Quoi ? Moi ?

Son insolence ne s’arrêta pas là, et elle continua :

— Vous pourriez être plus sympathique avec la personne qui vient de découvrir des victimes du Krampus que vous aviez manquées.

— Des... pardon ?

— Plus enclin à la coopération, d'un seul coup, hein ? Oui. Le Krampus s’en prend aussi aux nés-moldus.

Elle lui tendit des brochures de journaux moldus. Les informations étaient plus éparses, mais les choses semblaient claires : trois enfants entre 6 et 8 ans avaient disparu. Les moldus n’avaient pas fait le lien entre eux, suspectant des proches des familles.

— Comment vous…

— Vous l’avez dit vous mêmes, tous les enfants enlevés sont des sorciers, c’est là leur unique point commun. Des sangs-purs, dans sangs-mêlés… Alors pourquoi pas des nés-moldus ?

— Mais alors quoi ? Pourquoi s’en prendre à des jeunes sorciers, pas encore à Poudlard ?

— Je crains que ça soit très grave. Ils enlèvent des enfants qui ne contrôlent pas encore leurs pouvoirs. Ce n’est pas de la magie très puissante, pour l’instant, cependant elle est différente de ce que l’on pratique avec une baguette. Et l’univers ne manque pas de cérémonies occultes dans lesquelles on sacrifie des gosses pour de la magie noire.

Un frisson lui parcourut l’échine. Il en avait vu, des horreurs, avec ses années dans la Brigade Magique. Des vols qui tournaient en bain de sang. Des meurtres de sang froid. Des mages noirs qui pratiquaient une magie interdite. Même récemment, il avait arrêté toute une bande d'adeptes de Grindelwald, qui avaient prévu d'honorer la mémoire de leur maître en commettant un attentat dans le métro de Londres. Mais ce qu'elle était en train de lui dire était encore pire que cela. Quel genre de monstre pouvait s'en prendre à des enfants sans défense ?

— Vous pensez qu’ils sont tous morts ?

— J’en sais rien. Enfin... je ne pense pas, vu le rythme des enlèvements. Ils doivent se concentrer là-dessus, au moins pour l’instant. J’ai du mal à croire qu’ils puissent faire quoi que ce soit en moins de vingt-quatre heures, mis à part planifier leur prochain coup. M’enfin, c’est pas parce que je suis Langue de Plomb que je peux deviner la nature de la moindre magie mystique.

— Et quand bien même… soupira-t-il. Savoir « pourquoi » ne nous suffira pas pour l’arrêter.

Joseph se perdit un instant dans ses pensées.

— Je vais me charger d’interroger les parents moldus des enfants enlevés. Vous, essayez de trouver quel genre de magie peut être derrière cela.

Il avait beau détester qu’on se mêle de ses affaires, si Hilswood avait raison alors elle était la plus à même de trouver l'objectif du, ou des, ravisseurs. Et, il devait l’avouer, il venait de faire en quelques minutes plus de progrès que dans toute la semaine précédente.

~~~~~

Après avoir confirmé les disparitions des nés-moldus aux mains du Krampus, il était temps de mettre le service au courant de cette avancée. Cependant, lorsqu’il arriva au Département de la Justice Magique, il comprit qu’une nouvelle disparition venait juste d'avoir lieu. Le Ministère était dans un état d’empressement total, les employés couraient d’un côté à l’autre dans un chaos quasi-complet. Était-ce « seulement » la nouvelle disparition ?

L’un de ses équipiers lui indiqua que Humbolt l’attendait dans son bureau. Rien de moins que l’adjoint de la Directrice de la Justice Magique… Dans la liste des gens qui perturbaient ses enquêtes, tous n’avaient pas le même potentiel de nuisance. Mais tout en haut de ladite liste se trouvaient ses supérieurs hiérarchiques doublés de politiciens patentés.

— Ah, Joseph. Où-étiez vous donc ?

— J’enquêtais.

— Eh bien, vous avez raté le dernier enlèvement. Armand Nott, à deux pas du manoir familial.

Un sang-pur, donc. Et pas le moindre : l’héritier des Nott.

— J’en ai découvert trois autres, des enlèvements. Trois nés-moldus, qui étaient passés sous nos radars.

— Je commence à croire qu’il y a pas mal de choses qui passent sous vos radars.

Joseph ne répondit pas, préférant se mordre l’intérieur de la joue.

— Le Ministre a décidé de prendre les choses en main. Nous allons offrir une protection rapprochée à tous les enfants de sorciers entre six et huit ans. Et si le Krampus se pointe, on l’arrêtera sur le coup.

Joseph mesura ce qu’on lui disait. Protéger -quoi- cent vingt, cent-cinquante enfants ? Ça n’était tous simplement pas possible. D’ailleurs il y avait un point non résolu par le plan magnifique du Ministre :

— Comment vous comptez protéger les nés-moldus ? Ils ne se trouveront pas tous seuls. En plus, leurs familles ne font pas partie de la communauté magique, alors ils auront plus de mal à être protégés par nos services…

— Dites-moi, Joseph, siffla Humbolt d’un air glacial, avez-vous déjà vu des moldus voter à des élections ministérielles ? Les enfants dans le programme de protection sont ceux qui importent. Maintenant sortez d’ici, et faites ce qu’on vous dit.

Tout était en train de lui échapper. Vingt-cinq ans de service, et on lui demandait d’obéir à un parvenu incapable de gérer une enquête. La protection qu’ils allaient offrir était une vaste blague. Tout simplement parce que ce n'était pas une mesure qui avait pour but d’être efficace, c’était juste un coup de communication. Comme pour la prime : l'objectif était d'avoir l'air de faire quelque chose, pas de réellement s'en donner les moyens. La situation allait empirer. Tout le monde allait entendre parler de ces mesures de protection, Krampus y compris. Alors de trois choses l’une. Soit il allait arrêter ses attaques, et les enfants déjà enlevés ne seraient jamais retrouvés. Soit il allait se rabattre sur des cibles faciles, les nés-moldus, et le Ministère allait soigneusement fermer les yeux. Soit le Krampus n’allait rien changer à ses plans, s’en prenant aux agents sur place, qui ne seraient pas suffisamment nombreux pour être efficaces dans leur mission.

Aucune de ses trois issues n’était bonne. Joseph n’était plus un détective, il était un chien de garde.

De retour dans son bureau, il prit plume et parchemin, et envoya une note à la rédactrice en chef de la Gazette du Sorcier. Et le lendemain matin, trente minutes après la sortie de l’édition spéciale du journal, il était licencié.

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