Chapitre 1

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Un autre chapitre qui a été très difficile, le plus je pense à écrire, j'essaie de détailler exactement ce qu'il s'est passé ce jour-là. Tous les ans à cette date, je ressens les douleurs que j'ai éprouvé.


Jamais je n’oublierai ce vingt-six décembre, le lendemain de Noël. Un dernier épisode de violence et le plus terrible pour moi. Comme d'habitude à notre réveil les dimanches et jours fériés, mon mari me proposa d’aller au bar pour l’apéro. Nous nous habillâmes et je mis le pull-over que m’avait offert Lara la veille, nous retrouvâmes des amis. À midi, je commençai à avoir un peu faim mais quand j’en fis part à Michaël, il me répondit comme toujours qu’on ne tarderait pas à rentrer en continuant de commander à boire. Je réitérai vers quatorze heures ma phrase et obtint la même réponse. Puis Alicia, qui devait se rendre chez les parents de son petit ami en bus, nous appela au téléphone pour nous le communiquer et pour qu'on l'accompagne. Michaël posa son verre sur le comptoir en se tournant vers moi et me dit :

— Tu m’attends ici, je fais vite fait l’aller-retour. Je lui répondis :

— Non, je viens avec toi, comme ça j’en profite pour manger un bout.

Quelle erreur ! À peine prononcé ces mots son regard changea, ses yeux devinrent noirs, je ne comprenais pas ce qui l’avait tant fâché dans ma phrase. Sur le chemin qui menait à la maison, nous rencontrions Alicia qui avait décidé, pour nous faire gagner du temps, de venir à notre rencontre. À sa vue, Michaël s’emporta encore plus ; il descendit de la voiture en hurlant qu’on se moquait de lui. Je le laissai là où il était lui dit que j'accompagnais ma fille à son arrêt de bus. Lorsque je revins il me cria :

— Pourquoi tu m’as abandonné ?

Question qui me surpris et à laquelle je répondis que jamais je ne l’avais abandonné mais si je l’avais laissé c’était parce que notre fille allait être en retard pour prendre son bus. Furieux, il remonta dans la voiture et on reprit la direction du bar. En chemin il me questionnait en hurlant pourquoi je ne l’avais pas appelé pour lui dire que je reviendrai le chercher, je lui montrai que je n’avais plus de batterie sur mon téléphone, il était éteint. Je garai la voiture sur le bas-côté, il prit alors mon téléphone et le jeta par la fenêtre dans les herbes hautes près du bord de la route. Je couru récupérer mon appareil pendant qu’il séparait les clés de la maison avec celle de la voiture et les jeta dans le champ ; je ne les ai jamais retrouvé. Je pris mon téléphone tout rayé dans les mains quand il s’approchait de moi, il voulait à tout prix me l’arracher des mains. Je le serrai fort, et c’est là qu’il m’assena le premier coup de poing de ce jour-là. Une voiture de couleur blanche s’arrêta à notre hauteur pour nous demander si tout allait bien. Michaël répondit affirmativement et le conducteur reprit son chemin. Il me hurla de remonter dans la voiture et démarra en trombe, je cognai la tête contre le tableau de bord. Arrivés devant la porte de la maison, il m’interdit de descendre et de rentrer dans la maison, et retira la clé du contact. Il me dit d’aller chercher à pied notre deuxième voiture qui était garée au village à peu près à deux kilomètres. Il monta à l'étage appeler Lara en nous hurlant de dégager de là. Ma fille pleurait assise à côté de moi dans la voiture ne comprenant pas ce qu’il se passait. Michaël ressortit de la maison avec mon sac qu’il avait complètement vidé, il criait :

— Je veux bien voir comment tu arriveras à payer l’essence maintenant !

Il le lança dehors. Je suppliai de faire remonter Lara dans sa chambre, elle n’avait rien à voir avec tout ça. Il consentit à ma requête. Elle me regardait en pleurant.

— T’inquiète pas, ça va aller, lui dis-je alors.

Michaël lui dit de rentrer et elle courut s’enfermer dans sa chambre à l’étage. Il ferma à clé de de l'intérieur la porte de la maison en criant toujours d’aller me chercher la voiture au village. C’était le mois de décembre, il faisait bon la journée mais la fraîcheur du soir commençait à se faire sentir et uniquement vêtue de mon petit pull, je sentis que j’avais froid. Je frappai à la baie vitrée et lui dis que je partirai à pied, mais je voulais mon blouson qui était à l’intérieur, je m’étais résolue à dormir dans la voiture cette nuit-là. Je vis Michaël à travers la baie vitrée, assis sur son canapé les yeux fixés sur la télévision feignant de m’ignorer. Je tapai encore à la vitre en pleurant :

— J’ai froid ! Donne-moi ma doudoune !

Mais je n’obtenais aucune réponse. Alors j’appelai Lara, elle se pencha à sa fenêtre qui donnait sur l'entré et je lui demandais :

— S’il te plaît Lara, je veux seulement ma doudoune ! Je la vis descendre les escaliers mais les remonter presque aussitôt, car au moment où elle demanda l’autorisation à son père, il hurla que je n’aurai rien du tout. Elle se pencha de nouveau à sa fenêtre et me dit d’une petite voix étouffée en sanglotant :

— Je suis désolée maman mais papa veut pas. Je suis désolée…

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