Chapitre 2

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Michaël partit quelques jours en vacances en France avec les filles, je ne pouvais pas me joindre à eux, mon travail ne le permettait pas. Le soir avant son départ quand nous étions couchés, il me prit dans ses bras et me dit que j’allais rester seule, je devais en profiter. Il me lança : « Telle que je te connais tu seras incapable de t’amuser, tu resteras sagement à la maison à ne rien faire du tout. Tu n’en es vraiment pas capable. » J’ignore si c’était une provocation de sa part pour voir jusqu’où j’irais, ou bien s’il voulait réellement me voir passer à l’action. Voulait-il voir mes limites ? Voulait-il voir si je lui obéissais ? Eh bien, je lui obéis encore une fois en pensant lui faire plaisir comme il me l’avait demandé, et je pensais stupidement qu’il serait fier de moi. « Tu pourras t’amuser avec tous les hommes que tu veux, m’avait-il dit. Il n’y aura personne à la maison la journée, tu pourras inviter quelqu’un et profites-en pour t’amuser avec Mario aussi ». Nous hébergions uniquement ce dernier pendant quelques temps – les autres membres du groupe étaient rentrés chez eux – car il avait dû quitter son appartement. Comme il tenait son propre restaurant, il ne rentrait que très tard le soir pour dormir. Le soir d’après le départ de Michaël et des filles, je partis travailler comme d’habitude. À la fin de mon service, j’acceptais d’aller boire un verre en discothèque en compagnie de jeunes gens habitués du bar ; j’avais fait part à l’un d’entre eux que mon mari était absent pendant quelques jours. À peine passée le seuil de ma porte en rentrant chez moi, je reçus un message de ce dernier m’invitant à prendre un dernier verre chez lui. J'acceptai, repris ma voiture, fis à nouveau les trente-cinq kilomètres qui nous séparaient et le rejoignis jusqu’à son domicile. Sur le trajet, je pensais à Michaël qui me pensait incapable de faire une chose pareille. Romeo m’avait expliqué que ce soir-là ses parents étaient partis pour la fin de semaine, et nous aurions pu profiter de la maison. La nuit que j’y passais fut fort agréable et derrière son air macho, il était vraiment un gentilhomme. Je rentrai, et après avoir pris une douche, j'acceptais de passer un moment avec Mario qui était rentré, afin de faire plaisir à Michaël comme il me l’avait demandé. Le lendemain je reçus un message d’Alberto, un autre client du bar. Il me proposa dans son message de venir à la maison le lendemain – je n’avais pas envie de reprendre encore ma voiture et de faire des kilomètres – je me dis que ça pouvait être une bonne idée. Malheureusement non. Au moment même où nous eûmes fini, je le regrettai immédiatement, j’avais exagéré. Je le mis à la porte sans autres explications et m'enfermai à double tour en pleurant. Je me demandais comment j’allais bien pouvoir raconter tout ça à mon mari à son retour. Lorsqu’il rentra et qu’on eut mis les filles au lit, nous nous sommes allongés sur le canapé. Il me questionna alors sur mon week-end. Je lui racontais ce qu'il s’était passé mais son regard changea au fur et à mesure de mon récit. Lorsque j'eus terminé, il se fâcha fortement et me poussa à terre. Il se mit à hurler : « Je ne te veux plus ! » en bondissant du canapé. J’étais désemparée, je ne comprenais pas pourquoi il s'énervait pour quelque chose qu’il m’avait lui-même sollicité de faire, et en insistant qui plus est. (Je ne savais pas à ce moment-là que c'était un technique de manipulation, souffler le chaud et le froid. On la connaît beaucoup plus maintenant et heureusement, de plus en plus de personnes en parle.) « Mais c’est toi qui me l’a demandé ! » voulus-je rétorquer, mais j’ignore pourquoi je restais muette, j’étais pétrifiée, incapable de répondre. Il ne me parla plus pendant un très long moment, pendant des mois, ainsi je me sentis comme un enfant qui aurait fait une très grosse bêtise et qu’on venait de réprimander. Ce que je désirais le plus au monde était de pouvoir retourner en arrière, de ne jamais avoir suivi ces pulsions. Je me rappelle avoir fait don de toutes mes paires de chaussures ainsi qu’une bonne partie de mes vêtements à ma sœur Nina, pensant que je ne les méritais plus. Michaël m’annonça par la suite son désir de déménager et se mit à chercher une petite maison avec Mario. Quand ils la trouvèrent, mon mari me dit vouloir que je le suive.

— Je veux que tu viennes avec moi, avait-il dit.

Ce que j’acceptais avec joie car je me sentais tellement mal depuis quelques temps, ne sachant pas si nous resterions ensemble ou pas. Je me promis à moi-même de ne plus faire de faux pas, je ne ferais que ce que dira mon mari, je serais une femme et une maman modèle. (Petite parenthèse ici pour une autre caractéristique des manipulateurs : il doivent avoir la femme d'intérieur parfaite, la mère parfaite, l'épouse parfaite, pour se vanter en société.) Ce que nous désirions tout deux était d’avoir une famille unie, et je ferais tout mon possible pour qu’il en soit ainsi. Finalement nous emménageâmes tous les quatre sans Mario, qui se trouva un appartement proche de son nouveau lieu de travail.

Je pensais que tout cela était terminé, plus aucun autre homme. Mais mon mari allait bientôt avoir, dans un éclair de génie, un nouveau projet pour moi.

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