Chapitre 2

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Michaël, qui était revenu depuis peu à la maison, avait un groupe d’amis avec lequel il sortait très souvent. Au début il ne voulait pas m’emmener avec lui, comme prétexte il me dit que je ne parlais jamais quand j’étais en compagnie. J’avoue ne pas être une grande bavarde, mais ce que je comprenais était qu’il avait honte de moi, et qu'il avait peur que je ne plaise pas à ses amis. « Tu vas rester dans ton coin et tu vas sourire à personne » m’avait-il lancé. Ce qui ne fut pas le cas d’après eux qui me trouvèrent sympathique et souriante, lorsqu'un soir il consentis à ma requête de me joindre à eux, et j’entendis l’un de ses amis lui dire : « Pourquoi tu nous as caché ta femme ? On croyait qu’elle n’existait pas ! » Je fus donc conviée par la suite à quelques-unes de leurs sorties. Les soirs où je restais à la maison, je me reveillais dans la nuit et je m’apercevais être seule dans le lit. Je descendais au salon mais Michaël était parti sans prévenir, il attendait que je m’endorme pour sortir avec ses amis. Un après-midi de congé, alors que j’étais assise sur le canapé et lisais penchée sur un prospectus, le téléphone de mon mari qu'il avait oublié à la maison s’alluma, et je vis le début d’un message s’afficher. Celui-ci disait : « Quand elle dort tu me rejoins ? » J’en fus surprise, jamais de ma vie je n’avais fouillé dans son téléphone ni lu ses messages car j’attache beaucoup d’importance à la vie privée de chacun. Mais celui-ci m’intrigua, surtout quand je vis le nom de l’expéditeur, de l’expéditrice plus précisément. Je pris alors le téléphone et lus les messages de la veille :

« — Elle dort ?

— Qui ?

— Ta femme.

— Oui

— Tu viens ? »

Les messages provenaient tous de Margaux, une jeune femme pas encore tout à fait majeure. J’avais fait sa connaissance quand je travaillais au supermarché, elle n’avait alors que seize ans. Lorsque je demandais une explication à Michaël, il me dit que quelques fois il n’arrivait pas à dormir, et donc il allait les rejoindre elle et son petit ami au bar du coin, il m'affirma qu’elle transmettait les messages de sa part. Fallait-il me méfier de ses paroles ? Et vous si votre moitié vous assure qu'il ne se passe rien entre eux, que feriez-vous ? Je voulus le croire à ce moment-là. Quelques années plus tard verrai des photos de Michaël et Margaux, une à la plage en train de siroter un cocktail – chose qu’il m’avait refusé en prétextant que cela coûtait très cher et que nous n’en avions pas les moyens – une autre où elle était assise sur le capot de notre voiture. Lorsque je lui demandais ce que cela signifiait, il me répondit préférer sa compagnie à la mienne. Elle était souriante contrairement à moi, et il ne s’ennuyait pas avec elle - au moins - car moi je n’avais jamais rien à dire quand nous étions tous les deux. Ce n’était qu’une bonne amie, selon ses dires. Puis quand nous étions au restaurant tous les deux, soit il était au téléphone une bonne partie de la soirée avec ses amis – et tous devaient absolument savoir où nous étions, ce que nous mangions etc... – soit il prenait part à la conversation de la table voisine. J’en venais vraiment à me demander si j’étais une personne de bonne compagnie.

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