Chapitre 3

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Un autre chapitre qui n'a pas été facile à écrire, je vous demande d'être indulgent pour les fautes, j'ai essayé de décrire la scène avec le plus de précision possible.


Le deuxième épisode de violence fut un peu plus éprouvant pour moi. Nous fêtions le départ de Chloé, la petite amie de Patrick, pour le Brésil à la crêperie du village. Michaël et cette dernière eurent une altercation et en vinrent presque aux mains. Pour la défendre, un jeune homme s’interposa entre eux, ce qui mit Michaël dans une colère noire car celui-ci m’avait fait des avances quelques jours plus tôt. Personne n’arrivait à retenir mon mari, il voulait absolument frapper ce garçon. Il finit par se résoudre de ne rien lui faire et nous rentrâmes à la maison. Cependant, Michaël ne comptait pas y rester, il avait bien l'intention de ressortir. Je dis à mon mari de ne pas prendre le volant car il avait beaucoup bu, mais rien n’y fit. Il s’emporta de plus en plus et hurlait qu’il fallait que je dégage avec mes filles en montant les escaliers jusqu’à leur chambre. Il criait que cela lui était égal si nous dormions elles et moi sous les ponts. Je voulu l’empêcher d’entrer dans la chambre des filles quand il empoigna la clenche, mais il me poussa violemment dans les escaliers. Il descendit me rejoindre et me saisit les deux avant-bras, ce qui me valu deux énormes bleus. Il serrait tellement fort, plus j'essayai de me liberer de cette étreinte, plus il resserrait. Je lui supplia i de me lâcher, les larmes aux yeux, tant j'avais mal. Mais il ne m'écoutait pas. (Lorsque le lendemain ma chef de service me questionna sur ceux-ci, je lui répondis, l'excuse classique, que j’avais fait une chute dans les escaliers). La suite est encore un peu floue, le choc sûrement, je ne me rappelle pas de tout. J’ai le souvenir d’être en plein milieu du hameau, je ne sais pas comment, aucun souvenir d'êtres sortis de la maison, avec une voisine (une ancienne compagne de l'un de mes cousins) qui me questionnait :

— Qu’est-ce que vous faites ? Ça va, Rose ?

J’acquiesçai de la tête et m’en retournai chez moi avec mon mari. Celui-ci n’avait pas changé d’avis et était toujours autant décidé à sortir, il prit les clés de la voiture mais comme j’avais fermé la porte d’entrée, il s’échappa par la fenêtre. Lassée, je partis dans ma chambre pour me coucher. Quelques instants plus tard, j’entendis la sonnette et me penchai à ma fenêtre qui donnait sur la porte d’entrée. Deux hommes en uniforme s'exclamèrent en me voyant :

— Gendarmerie nationale, ouvrez !

Les gendarmes ? Ils m'ont vu... que faire ? Mes bras, ils sont bleus. Vite, dans l'armoire une veste. Il faut que je les couvre, ils vont s'imaginer n'importe quoi.

Lorsque je descendis ouvrir la porte, j’essayai de le faire avec le sourire le plus naturel du monde.

Mon corps, arrête de trembler, s'il te plaît.

— Ça va, madame ?

— Oui, ça va.

— Vous savez, il y a des gens qui peuvent vous aider pour ça. Vous voulez porter plainte ?

Je leur rétorquai en riant que non, je n’en avais pas besoin, je n’étais pas une femme battue, tout de même. Ils me tendirent alors une carte avec un numéro à appeler en cas de besoin, je les remerciai. Un peu après qu'ils soient partis, je prévins Michaël au téléphone que deux gendarmes le cherchaient.

— Oui, me répondit-il, ils sont là, je discute avec eux.

Quand le lendemain mon mari me dit n’avoir aucun souvenir – là vous allez me dire que c'est très pratique d'avoir des crises d'amnésies soudaines – et me questionna sur le déroulement de la veille, je lui mentis pour ne pas l’effrayer. Il aurait eu peur de lui-même, ou m’aurait encore dit qu’il ne nous méritait pas et serait à nouveau parti de la maison. Lorsqu’il apprit que les voisins avaient appelé la gendarmerie déclarant qu’ils aient vu mon mari me tirer par les cheveux, je lui répondis, je ne sais pas pourquoi, que le contraire c’était produit : c’était moi qui lui tirait les cheveux pour l’empêcher de prendre la voiture. Il se plaisait à raconter cette histoire pendant des années en riant.

Voici la plus grosse erreur que je commis, vouloir le protéger. Et en ne le dénonçant pas ce jour-là, et de n'avoir rien dit à personne, je lui donnai une autorisation moi aussi : celle de recommencer.

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